Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

roman ecolo

Mon avis : Le dernier des siens – Sibylle Grimbert

Publié le par Fanfan Do

Éditions J’ai Lu

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d'Histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l'Europe. Lors d'une traversée, il assiste au massacre d'une colonie de grands pingouins et sauve l'un d'eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer celui qui sera le dernier spécimen sur terre de l'oiseau.

 

Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers l'Islande.
Gus prend progressivement conscience qu'il est peut-être le témoin d'une chose inconcevable à l'époque : l'extinction d'une espèce. Alors qu'il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?


 

 

Mon avis :
Ouh là quelle entrée en matière ! Un massacre de pingouins… nous sommes malheureusement une espèce cruelle et destructrice.
1835, Eldey, petite île au sud-ouest de l'Islande. Gus, un jeune zoologue sauve un pingouin blessé et le ramène chez lui.

Alors que Gus à sauvé ce pingouin par pur intérêt professionnel, au fil des jour lui et l'animal s'observent et apprennent à s'apprivoiser. À vivre avec cet étrange oiseau, Gus en vient à s'interroger sur la condition animale qui à cette époque n'intéressait personne et à vrai dire n'était même pas un concept.

Rapidement on apprend que ces pingouins ont une valeur marchande énorme du fait de leur rareté. Mais alors pourquoi ce massacre du début de tous les individus et de leurs oeufs !?? C'est se tirer une balle dans le pied, ça ! de ce fait, la situation m'a généré une angoisse sur le devenir de ce pingouin là, qui a d'autant plus de valeur qu'il est le dernier et donc qui peut être convoité par des gens malveillants.

Gus et Prosp (le pingouin), deux solitudes qui s'unissent, s'observent, se découvrent, et finissent par avoir besoin l'un de l'autre.
À une époque où les animaux existaient essentiellement pour nous servir, cette belle histoire parle d'amitié inter espèce, d'ouverture d'esprit, de confiance et d'attachement.

Pour moi, cette lecture, ça a été comme d'observer deux créatures étranges : le Prosp et le Gus. J'ai eu souvent l'impression d'avoir sous les yeux deux animaux, l'un pingouin, l'autre humain, et les voir évoluer dans un environnement qui ne leur était pas familier, dans des circonstances inhabituelles, pour l'un comme pour l'autre, qui se recréent une famille à eux deux.

Une belle méditation sur le respect de la vie et sur la valeur qu'on accorde ou non à celle des animaux. Mais aussi une réflexion sur notre responsabilité dans l'éradication des espèces que beaucoup trop d'entre nous minimisent.
Et si ce roman racontait aussi la quête de l'eldorado des pingouins ? de leur Éden ? Car Prosp est seul, il ne connaît aucun pingouin. C'est bizarre ce que je dis ? Ce livre amène à se poser des questions singulières... Tour à tour révoltant, triste, intrigant, mignon, drôle, émouvant, attendrissant, toutes ces émotions m'ont habitée. Je me suis même demandé si cette histoire ne me faisait pas glisser dans l'anthropomorphisme, prêtant à Prosp des pensées qu'il n'a pas. Car bien sûr les pingouins ne pensent pas, du moins pas comme nous. Mais il m'est souvent apparu comme un petit garçon dans ses attitudes. Et je l'ai adoré ! le lien qui se crée au fil du temps entre Prosp et ce doux dingue de Gus est assez magique, et magnifique.

Des moments lyriques et éthérés, beaux comme du Mozart, quand l'autrice imagine les pensées de Prosp, qui ignore qu'il est un grand pingouin, une très belle écriture au service d'une histoire d'amour entre lui et sa famille d'humains, lui le dernier de son espèce dont Gus endosse la culpabilité car il est un homme et donc de ceux qui portent cette terrible responsabilité. Sibylle Grimbert met en parallèle l'essence même de ce que sont Prosp et Gus, dont les facultés essentielles ne sont absolument pas les mêmes, et ça rend ce qui les unit d'autant plus beau.
Je me suis surprise à rêver d'avoir la chance de connaître un Prosp. Oui mais voilà, il n'y en a plus. Les humains l'ont fait disparaître de la surface de la Terre.
À l'aube de la sixième extinction, ce roman est un bel hommage, rendu aux espèces disparues par notre faute.

 

Citations :

Page 21 : Le quatrième jour, il refusa de se nourrir.

Cet animal est buté, pensa Gus, il manque d’intelligence, de sens du futur, cet animal est stupide, voilà, il préfère mourir de faim que rester dans une cage. Gus lui en voulait. Un homme cesserait-il de manger parce qu’il est en prison ? Non, mais justement le pingouin n’avait pas de ressort dans l’adversité, il était défaitiste.

 

Page 59 : Gus le regardait avaler ses poissons, émettre des bruits de déglutition, des cris de réconfort, et il comprenait que sans lui , ce qui vivait, là, sur le sol, mourrait. L’impératif était rendu encore plus grand par leurs différences insurmontables, par le fait qu’ils ne se parleraient jamais, ne se comprendraient jamais, que la seule chose qui les unissait était une connaissance intuitive de la vie, qu’ils voulaient l’un et l’autre conserver.

 

Page 114 : Mais non, le dodo a été une exception, un accident ; les animaux ne disparaissent pas, pensa-t-il aussitôt. La terre n’est que profusion. Certes, jadis, les mammouths, les mégalonyx – cet énorme paresseux, de la taille du mastodonte – s’était éteints. Certes, les bêtes se transforment sans doute, les catastrophes les tuent ou, parfois, parce que les conditions autour d’elles changent, une espèce devient plus adroite et prolifère quand une autre s’amenuise. Mais, la nature, si bien huilée, si équilibrée, empêche la fin de ce qui n’est pas nuisible à l’homme. Et d’ailleurs, la terre est si vaste que, peut-être, quelque part au milieu du Pacifique, ou dans les pôles gelés, sont cachées les espèces que l’on pensait mortes.

 

Page 130 : À quoi ressemble le chagrin, la désolation et la honte chez un animal humilié, sans amis, sans avenir ? Prosp revint sur la plage, marcha seul, penché en avant, à l’horizontal presque, le bec bas. Il gravit un rocher à l’extrémité opposée de celui dont il avait été chassé, puis il descendit sur une corniche. La mer était basse, le crépuscule tombait. Il s’aplatit ou se coucha et ne bougea plus.

 

Page 165 : Soudain, Gus remarqua qu’il n’avait jamais entendu parler d’un pingouin, petit ou grand, d’une sole non plus,morts de leur belle mort.

 

Page 177 : Aussi Gus continua-t-il d’essayer de croire que des Prosp vivaient encore, mais il n’était pas idiot. Il savait compter, un pingouin par-ci, un autre par-là, mettons : deux pingouins en train de forniquer, cela ne faisait pas une population, cela faisait juste les derniers, donc la reproduction ne comblerait jamais la raréfaction, laquelle, irrévocablement, mènerait à leur disparition.

 

Page 190 : Comment était-ce possible ? Les baleines, les phoques vivaient toujours ; ailleurs, en Afrique, il y avait des rhinocéros gros et sans doute stupides, dont on aurait fait de bons ragoûts et qui se pavanaient tranquillement ; en Australie, un animal incroyable, une farce de la nature, un castor avec un bec de canard, qui, plus extraordinaire encore, pondait des œufs alors que c’était un mammifère et qu’il allaitait. Pourtant cet animal absurde, pas même beau, vivait, quand l’espèce de Prosp, inoffensive, drôle, gracieuse dans l’eau, avait disparu. Où était la justice, sans parler de l’harmonie du monde ?

 

Page 212 : Gus regardait les océans, immense surface plane d’où on avait aspiré les baleines en dessous de ciels vidés de leurs sternes.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Les grandes marées – Jim Lynch

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Jean Esch

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Une nuit, Miles O'Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n'est pas un affabulateur ou... peut-être même davantage ? En fait, Miles est surtout un gosse qui s'apprête à grandir, passionné par l'océan, amouraché de la fille d'à côté et inquiet à l'idée que ses parents divorcent. Alors que la mer continue à abandonner des présents issus de ses profondeurs mystérieuses, Miles se débat avec la difficulté d'entrer dans le monde des adultes.

 

 

Mon avis :
Ce livre est comme un doux retour à l'enfance, avec la mer comme personnage principal. Et pour moi, la mer, les crabes, les coquillages et les étoiles de mer, c'est le souvenir des vacances de mon enfance en famille. Sauf que là, on apprend beaucoup de choses un peu flippantes sur la faune aquatique. Un gastéropode carnassier, des crabes enragés… et là, ce n'était que le début. Des choses marrantes, comme par exemple que les bernacles ont des bites (sic) gigantesques et que le bernard-l'ermite à des petites ventouses au cul.
J'ai entendu le bruit du ressac, les bernacles qui claquent leurs portes, les cris des goélands, j'ai senti l'odeur de la mer. J'étais dans l'ambiance dès les premières lignes.

Miles O'Malley a treize ans, vit au bord du Pacifique Nord dans l'état de Washington et voue une immense passion à l'océan et la vie qui l'habite. Il est incollable sur les phylums, les hydroïdes, les mollusques, les crustacés, concombres de mer, dollars de sable, soleils de mer, toute la faune marine en fait. Il aime parcourir la grève, seul la nuit quand la marée est basse. Après chaque grande marée c'est un peu comme la découverte de nouveaux trésors laissés par la mer pour Miles. Une nuit il découvre une créature marine échouée et voilà qu'une journaliste télé vient s'intéresser à lui…

Miles, adolescent intello, est paradoxalement amis avec Phelps, fan de rock des années 60-70, à priori assez primaire et obsédé sexuel comme souvent à cet âge. C'est néanmoins une très belle amitié qui les lie. Évidemment, Miles est aussi ami avec des adultes un peu farfelus.

La mer avec environ quatre-vingt pour cent de la vie sur Terre qui s'y trouve, deux ados dissemblables, drôles et passionnés, des parents dépassés, un juge et sa fille rockeuse-toxico-bipolaire, une vieille excentrique, des naturistes, des journalistes, une secte, de l'humour, font de cette œuvre un vrai bonheur de lecture.

Ce roman est à ce point magique qu'il vous instruit autant qu'il vous emmène dans la joyeuse danse de la vie, teinté d'humour et d'une ironie réjouissante envers les adultes et la société, qui m'a ravie au plus haut point. D'ailleurs, Jim Lynch donne parfaitement voix au narrateur, cet enfant de treize ans, comme s'il n'avait pas oublié lui-même ce que c'est qu'être un enfant. Car hélas, la plupart des adultes oublient ce qu'ils ont été, se croyant peut-être nés adultes et aigris, rigides et sans grand enthousiasme pour les choses simples, ni rêves ou fantaisie.
L'auteur met tant de phrases réjouissantes dans la bouche de Miles : "Les aigles donnent l'impression que les autres oiseaux sont mal habillés." Sans doute Jim Lynch est-il un peu Miles, ou inversement.

J'ai adoré Miles, enfant surdoué et altruiste, et son regard sur le monde mais aussi tous ceux qui gravitent autour. C'est un roman jubilatoire, un pur plaisir. Et j'ai mis beaucoup de temps à le lire à cause de toutes les créatures énumérées que j'ai voulu voir de mes yeux en allant les chercher sur internet. C'est ébouriffant toute cette vie qui pullule dans les océans, que l'auteur partage avec nous à travers ses personnages attachants. La mer fascine autant qu'elle effraie. Elle est immense et on ne connaît pas encore tout d'elle. Ce roman m'a mis des étoiles (de mer) dans la tête, m'a fait rêver, m'a éblouie.

 

Citations :

Page 15 : La plupart des gens savent que la mer couvre les deux tiers de la planète. Par contre, rares sont ceux qui prennent le temps d’apprendre à la connaître, ne serait-ce qu’un minimum. Regardez ce qui se passe quand vous essayez d’expliquer une chose aussi élémentaire que les marées, en disant que le phénomène d’aspiration de la Lune et du Soleil crée à la surface de l’océan un renflement qui se transforme en une vague sournoise mais puissante, laquelle recouvre nos plages salées deux fois par jour. Les gens vous dévisagent comme si vous inventiez tout ça au fur et à mesure. Pourtant, les marées, cela n’a rien d’exceptionnel. Elles ne surviennent pas à l’improviste comme les inondations, elles ne débordent pas comme les rivières. Elles se produisent sans qu’on y prête trop attention.

 

Page 26 : Je pouvais parler des phylums, des hydroïdes, des mollusques et des crustacés aussi facilement que la plupart des jeunes discutent des groupes de rock ou des films. Sauf que personne de mon âge n’avait envie de m’écouter. Mes parents y compris. Alors, ça bouillonnait en moi tel un langage secret, et quand ça sortait, les gens me regardaient en écarquillant les yeux. Comme si je m’exprimais en portugais tout à coup.

 

Page 50 : Vous avez devant vous le prochain Jacques Cousteau. Cette déclaration semblait aussi irréfutable qu’un arrêt de la cour, et tout le monde s’émerveilla. Les adultes sont toujours plus fascinés par ce que vous pouvez devenir que par ce que vous êtes.

 

Page 92 : Les aigles donnent l'impression que les autres oiseaux sont mal habillés.

 

Page 151 : Je leur montrai la vie qui se superpose à la vie, les bernacles et les berniques collées sur des huîtres, elles-mêmes accrochées les unes aux autres, et montées sur le dos de coquilles plus grosses, avec des bernacles par dessus tout ça, comme s’il y avait eu une soirée Super Glue la veille.

 

Page 174 : Pour les garçons, un avortement c’est comme se faire arracher une dent, reprit-elle soudain avec cette voix éraillée. Et ce n’est même pas leur dent à eux. Même s’ils sont présents, ce n’est toujours pas leur problème.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : La véritable histoire de Gaya Sharpe – Anne Steiger

Publié le par Fanfan Do

Éditions Exergue

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

« Deux années se sont écoulées depuis l'extraordinaire coup de massue que le monde a reçu sur la tête. Ce fameux jour, l'irréversible et terrible processus s'est enclenché sur toute la surface du globe. Pendant un temps, la Terre a semblé continuer de tourner comme si de rien n'était, et puis, neuf mois plus tard, le dernier enfant naissait dans une banlieue du Caire, le tout dernier humain. À fleur de peau, l'humanité est impatiente d'entendre la véritable histoire de celle qu'elle considère comme l'unique responsable de cette extinction de masse : ma fille. [...]
Les faits sont incroyables, surnaturels et fantastiques, mais ils font partie de notre réalité désormais. Puisse l'histoire de Gaya nous aider à briller. Puisse l'espoir qu'elle a placé en nous se concrétiser. Puisse l'Homme renaître un jour. »

 

 

Mon avis :
Dès les premières lignes cette histoire m'a parlé, moi qui voudrais tant qu'on arrête de maltraiter tout ce qui vit, qu'on respecte un bovin autant qu'on respecte son chat ou son chien. On ne devrait pas manger de veau ou d'agneau car on ne devrait pas tuer des bébés, fussent-ils animaux. On devrait respecter tout ce qui vit sur terre car nous sommes tous interdépendants, animaux ou végétaux. Mais je m'emballe ! Gaya se préoccupe essentiellement des mouches, des moustiques et des vers de terre… Il faut tout réinventer, pour nous sauver. C'est ce que nous dit Louis Sharpe, père de Gaya, car elle lui a dit qu'il fallait tout réinventer pour nous sauver. Et il décide de nous raconter l'histoire de sa fille, car tout le monde en parle et croit la connaître sans savoir réellement qui elle est.

Quelle belle écriture qui nous raconte la mort et les ombres de l'au-delà, la douleur, mais aussi la vie, plus forte que tout et surtout l'amour ! Car Gaya est née puis morte pendant 71 minutes, puis née de nouveau, en échange d'une autre vie. Alors un deuil insurmontable a commencé, une noyade, une descente aux enfers, un combat pour la vie malgré l'envie de s'abstraire de la vie elle-même.

Que de douleurs, de peurs, de peines, de doutes. Gaya souffre, de troubles neurologiques, physiques, et peut-être aussi mentaux. Ce qui fait souffrir son père, qui se trouve face à des questionnements et des choix tragiques.
C'est une lecture éprouvante, du moins au début car pour ma part je me suis demandée "Que ferais-je si c'était mon enfant ? Quelle décision?..." car le choix offert à Louis Sharpe pour sauver sa fille, c'est la peste ou le choléra.

Le temps passe, envoûtant, des choses se produisent et certaines m'ont fait rire… petit bout de fille qui prononce ses premiers mots… fille spirituelle de Gilles de la Tourette. Après des pages d'angoisses c'était délectable, un vrai festival !
On assiste peu à peu à l'éclosion d'une petite personne totalement ébouriffante, un petit lutin tantôt redoutable, tantôt magique, toujours imprévisible.

Gaya, attardée puis géniale, atone puis caractérielle… Sauveuse de l'humanité ? Gamine attendrissante, époustouflante, exaspérante, stupéfiante, elle nous fait passer par tous les sentiments, par des très hauts et des très bas, nous soufflant constamment le chaud et le froid.
Ce roman est totalement sidérant, étourdissant, renversant ! Passionnant de bout en bout… extraordinaire et inclassable !

Je m'attendais à aimer ce roman, il a largement dépassé mes attentes ! Il m'a subjuguée, fascinée, prise par le cœur.
J'ai aimé l'écriture, j'ai aimé les personnages secondaires, j'ai aimé Gaya passionnément, j'ai aimé son père infiniment, ce pauvre papa tellement cool et pas prêt à ce qui l'attend, qui se débrouille si bien au pied du mur, j'ai adoré cette histoire incroyable et si belle, avec des moments réjouissants, qui m'a fait vibrer du début à la fin et m'a amenée à m'interroger sur la possibilité de l'au-delà et me demander si j'aimerais qu'il y en ait un… On voudrait rencontrer tout le temps des romans d'une telle puissance ! Merci du fond du cœur 
Anne Steiger pour ce conte magnifique… Grâce à lui je suis allée moi aussi faire un petit tour au Pays des Lumières, via une passerelle entre ici et là bas, que vous avez créée pour le plus grand bonheur de la lectrice que je suis et vous m'avez apporté du rêve.

Avec cette ode écolo à la vie, à l'amour, à la nature, l'autrice a réussi à toucher le cœur d'enfant niché en chacun de nous, qui survit, juste sous la surface.
Tragique, jubilatoire, émouvante, magique, cruelle, éblouissante… je pourrais encore trouver de nombreux adjectifs tant cette histoire est pleine de tout ! J'ai même l'impression que Gaya existe… Ah mais oui ! Elle existe, je viens juste de lire son histoire.
Lisez ce roman, vous en sortirez rempli(e) de tant de positif car moi, il m'a bouleversée jusqu'au mot fin… et au-delà, j'en suis sûre.

 

Citations :

Page 18 : « C’est cela l’éternité, dit Lili à notre bébé bleu, un temps qui n’en finit pas quand on est mort. Peut-être reviendras-tu sous la forme de quelqu’un d’autre ? Ou moi ? Toi aussi tu as choisi l’horticulture ? » Le cœur en miettes, Lili délirait sous l’effet des drogues.

 

Page 30 : Arrivé à la maison, je lui donnais un biberon et l’enveloppais de coton dans son nouveau berceau sur lequel sa conne de fée, cette incapable qui avait présidé à sa naissance, se pencha peut-être une dernière fois avant de repartir, je l’espérais, couverte de honte et de culpabilité.

 

Page 158 : Je regardais ma fille comme une parfaite étrangère, comme si je venais de rencontrer un petit génie sauvage au détour d’un chemin de promenade.

 

Page 161 : Je n’oublierai jamais cette scène. Ma petite fille, assise en tailleur sur son lit, dans un dialogue joyeux avec l’invisible.

 

Page 181 : La mort ne voulait rien dire. Elle n’existait pas. On passait d’un état à un autre, c’était tout. On quittait une boite, ce corps, mais ce qu’on était, on l’emmenait avec soi et le meilleur de nous continuait de vivre.

 

Page 203 : Et puis je repensai à Gaya à trois ans, sur son tricycle, le bas de salopette glissé dans ses bottes de boue, pleurant la perte de son zizi, rêvant de s’en griller une et de casser la gueule aux méchants.

 

Page 228 : Il faut apprendre à marcher légèrement sur la Terre, discerner le nécessaire du superflu, passer de la peur du manque à l’abondance de l’être.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Bonobo Jeong You-jeong

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Lim Yeong-hee et Mathilde Colo

 

Éditions Picquier

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Jin-yi consacre sa vie à l’étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d’une bonobo échappée d’une villa en flammes et, alors qu’elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d’étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s’opère : tandis que son corps est emmené à l’hôpital, entre la vie et la mort, l’esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux êtres.
La romancière livre un récit captivant qui nous tient en haleine du début à la fin. Mais la vraie originalité de son roman est de déplacer les frontières entre humain et animal en nous faisant pénétrer dans l’univers et la sensibilité des bonobos.
Un dialogue bouleversant sur le désir de vivre et la mort, sur les liens plus justes que nous voulons établir avec les autres êtres vivants ainsi qu’avec nous-mêmes.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Il y a une petite touche de fantastique, ce que j’aime beaucoup, et puis l’idée qu’un humain puisse se retrouver dans la peau d’un animal me paraissait propice à la dénonciation de ce que nous faisons subir aux animaux.

 

Mon avis :
Le jour où j'ai eu connaissance du résumé de ce roman, j'ai eu envie de le lire. Bien m'en a pris ! Entre communion avec les grands singes et fascination pour eux qui sont génétiquement à un poil de nous, tout était là pour me plaire dans cette histoire.
Et que dire de cette couverture magnifique et mystérieuse, comme une fenêtre ouverte sur une jungle pure et vierge de nos méfaits ? Hélas, nous avons mis nos sales pattes partout où c'est possible, il n'existe sur terre aucun sanctuaire inviolable.

Les chapitres alternent entre 
Jin-yi la soigneuse, et Minju le SDF.
Elle consacre sa vie à l'étude des primates et à la communication avec eux.
Lui est une espèce de boulet pour sa famille qui se demande ce qu'elle va bien pouvoir en faire. À trente ans il a multiplié les cursus universitaires, ne travaille pas et vit toujours chez ses parents qui en ont assez et le mettent dehors.

J'ai adoré ce roman pour un tas de raisons.
▪️Il y a un message écolo qui nous parle de notre responsabilité envers la faune, la honte que sont les trafics d'animaux sauvages enfermés dans des cages pour le plaisir de quelques abrutis.
▪️Les personnages sont extrêmement attachants et souvent très drôles.
▪️Le triangle totalement improbable qui se crée entre 
Jin-yi "la gentille soigneuse" dont l'esprit à intégré le corps d'une bonobo, Minju le nihiliste suicidaire et Jin la bonobo entrée illégalement en Corée, donne lieu à des moments complètement délirants mais aussi des réflexions profondes sur la vie, la mort, le libre arbitre.
▪️Les bribes de la vie de Jin, vu de l'intérieur par 
Jin-yi qui a accès à ses souvenirs, nous font découvrir la vie sociale des bonobos, leurs comportements, leurs sentiments, leurs tragédies. C'est très émouvant.

La rencontre entre Minju et 
Jin-yi en miss bonobo est totalement désopilante et m'a énormément amusée avec ma pensée cartoonesque. D'ailleurs, la cohabitation entre Jin-yi et Jin dans ce petit corps simiesque donne aussi lieu à des scènes assez amusantes et des retournements de situations inattendues et délirantes.

Alors que le fond de l'histoire est plutôt violent et sombre, trafics d'animaux sauvages, grave accident de la route, une femme entre la vie et la mort, un homme suicidaire, j'ai pourtant ressenti beaucoup de douceur dans ce récit. Tout est très visuel et je me suis sentie transportée là bas. J'y ai trouvé aussi une infinie poésie et beaucoup d'amour et d'humour. L'écriture est fluide et on se laisse emporter comme un bouchon sur l'eau.
Et finalement je me suis demandé qui étaient les bêtes : les 
bonobos ou nous les primates sans poils, faibles, gringalet, destructeurs et adeptes du conflit sous toutes ses formes.

Je suis tombée en amour pour les trois personnages de ce roman et c'est un énorme coup de coeur ! Il m'a fait passer par tout un tas d'émotions, de la colère à l'amusement en passant par l'attendrissement et le chagrin, en plus de l'intérêt de tout ce qu'on apprend sur nos cousins 
bonobos, car il est très bien documenté.
Une chose est sûre, il vient d'entrer dans ma liste des livres à offrir à ceux qu'on aime !

 

Citations :

Page 52 : Le pire qui peut arriver dans la vie, ce n’est pas la mort, mais c’est de ne pas trouver de raison de vivre.

 

Page 151 : Je ne sais pas grand-chose au sujet des bonobos, mais j’ai entendu dire qu’ils sont différents des chimpanzés et qu’ils sont aussi bruyants que des humains, sauf qu’eux ils font leur grand remue-ménage au milieu de la jungle et non pas en plein cœur de la ville, c’est la seule différence.

 

Page 196 : Les bonobos connaissent la tempête de l’adolescence, tout comme les humains. C’est la période où les femelles se préparent à prendre leur indépendance. Si les fils restent toute leur vie auprès de leur mère, les filles, elles, doivent quitter le clan où elles sont nées quand elles sont capables de se reproduire, et intégrer un nouveau groupe.

D’après Ryu Wamba, cet éloignement des jeunes femelles est une coutume nécessaire pour éviter l’inceste.

 

Page 301 : Les animaux sauvages supportent mal ces conditions de vie restrictive pendant un aussi long voyage et ne sont pas habitués à vivre hors de leur jungle. Les trafiquants prévoient donc une grosse marge de pertes et organisent en général le transport de plus d’une dizaine d’individus. Cela revient à dire que neuf bonobos doivent être sacrifiés pour qu’un seul parvienne à son acheteur.

 

Page 346 : « Tu ne vois pas qu’elle pleure ? Tu n’entends pas ses cris de douleur ? Sa tristesse ne te touche donc pas ? »

Je ne savais pas que ne rien faire pouvait être aussi cruel.

 

Page 355 : J’oublie un moment la douleur dans ma gorge. Je me sens tellement misérable que je n’ose même pas dire à Jin combien je suis désolée. J’ai honte d’être une représentante du genre homo sapiens, ces êtres soi-disant civilisés qui ont arraché Jin à sa jungle, l’ont expédiée à l’autre bout de la planète et la brutalisent parce qu’elle n’arrive pas à bien les imiter.

 

Page 386 : Une fois passé le court moment qui m’est accordé sur cette terre, viendra l’éternité où je n’existerai plus. Je dois donc vivre jusqu’à ce que mon temps prenne fin.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Le monde du bout du monde – Luis Sepulveda

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Françoise Maspero

 

Éditions Points

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Un garçon de seize ans lit Moby Dick et part chasser la baleine. Un baleinier industriel japonais fait un étrange naufrage à l'extrême sud de la Patagonie. Un journaliste chilien exilé à Hambourg mène l'enquête et ce retour sur les lieux de son adolescence lui fait rencontrer des personnages simples et hors du commun, tous amoureux de l'Antarctique et de ses paysages sauvages. Il nous entraîne derrière l'inoubliable capitaine Nilssen, fils d'un marin danois et d'une Indienne Ona, parmi les récifs du Cap Horn, sur une mer hantée par les légendes des pirates et des Indiens disparus, vers des baleines redevenues mythiques.

 

 

Mon avis :
Dès les premières lignes j'ai replongé dans mon enfance et mes rêves d'aventures. Je rêvais d'être pirate, marin au long cours, j'étais fascinée par Queequeg, et Gregory Peck en capitaine Achab, et pourtant l'idée de la chasse à la baleine me fait horreur. La chasse tout court d'ailleurs. Je rêvais de parcourir les océans, tout comme le héros du roman.
Mais au fait !.. c'est pas très écolo ça, la chasse à la baleine ! Oui, parce que la première partie se passe, entre autre, sur un baleinier où un jeune chilien de seize ans s'est embarqué.

Dans la deuxième partie, le jeune chilien est devenu journaliste et vit à Hambourg depuis de nombreuses années. Il nous parle de Greenpeace, Comunidad ou 
Robin Wood, organisations écologistes qui se battent pour le respect de l'environnement, et dans cette histoire, pour le respect de l'interdiction de la chasse à la baleine, que les japonais souhaitent bafouer à grande échelle. Et encore, s'il n'y avait que les japonais…

Ce court roman dénonce le cynisme des pays riches, qui cherche le profit à tout prix en bafouant la vie et la pérennité des espèces à coup de pots de vin pour contourner les lois et poursuivre leurs entreprises mortifères. C'est écoeurant, désolant, révoltant. D'autant que la vie humaine n'a pas plus de valeur, face à cette course au profit, que la vie animale.

Ce roman dénonce des choses inadmissibles, comme l'autorisation pour les japonais de tuer une cinquantaine de baleines bleues, soit disant dans un but scientifique, ou encore la destruction de forêts primaires pour l'industrie du papier… au Japon.

Heureusement qu'il y a des gens pour se battre en faveur le l'écologie. Hélas, face au fric, on a l'impression que ça revient à vider l'océan à la petite cuillère…

Il y a dans ces pages le souffle de l'aventure et ce qui m'a sauté aux yeux, c'est la beauté du monde. Car à part les pilleurs de la Terre et des océans, il est aussi beaucoup questions des légendes de marins des mers australes et des autochtones.
C'est mon deuxième roman de 
Luis Sepúlveda, et décidément j'aime énormément !
 

Citations :

Page 14 : Quand j’avais lu pour la première fois le livre de Chatwin, j’avais été pris de la nostalgie du retour, mais la Patagonie était trop loin des simples désirs, et les distances ne font souffrir que lorsqu’elles sont associées à des souvenirs.

 

Page 44 : De notre discussion est née l’idée de créer une agence d’information alternative, axée fondamentalement sur les problèmes qui portent préjudice à l’environnement écologique, et de répondre aux mensonges employés par les nations riches pour justifier le pillage des pays pauvres.

 

Page 55 : Le vieux Rainbow Warrior avait livré bien des batailles pacifiques dans les mers du Sud, mettant à nu l’irrationalité des essais nucléaires français sur l’atoll du Mururoa, et il avait succombé, victime d’un odieux acte de terrorisme approuvé par le gouvernement français.

 

Page 75 : Après une longue, difficile et douloureuse période, l’exil transformé en une sorte de séjour d’études nous a permis de comprendre que la lutte contre les ennemis de l’humanité se livre sur toute la planète, qu’elle ne demande ni héros ni messies, et qu’elle fait partie de la défense du plus fondamental des droits : le Droit à la Vie.

 

Page 84 : La souveraineté est un mouchoir inventé par les militaires pour essuyer leur morve.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Membrane – Chi Ta-Wei

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Momo, une jeune esthéticienne réputée vrais solitaire et marginale, vit dans une ville sous-marine d’un monde futur à l’écologie bouleversée. Ayant contracté enfant un virus d’un genre nouveau, il semble qu’elle ait subi de multiples transplantations d’organes artificiels. Dans ce monde où les corps, les identités et les sexes se métamorphosent et se réinventent, les humains sont-ils encore maîtres de leur mémoire et de leur avenir ? Quel est le véritable passé de Momo ? Les prodigieuses : membranes dont elle fait usage dans sa clinique auraient-elles une fonction insoupçonnée ?

 

Préparez-vous à plonger dans un univers alternatif, une bulle entre réalité et imaginaire, un voyage de science-fiction philosophique et social qui mérite son statut de précurseur.

ActuSF.

 

Un roman transgressif intelligent, riche en rebondissements et empreint d’une grande sensualité. Une découverte.

Bifrost.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Je suis toujours très curieuse de voir ce que donne la science-fiction asiatique.

 

Mon avis :
Ce roman taïwanais écrit en 1996, où internet commençait à peine à entrer dans les foyers, nous raconte un XXIÈME siècle étonnant, où 90% de la population est partie vivre sous les océans pour échapper à la pollution et au rayonnement mortifère du soleil. La surface n'a plus qu'un usage purement utilitaire. Les industries polluantes nécessaires à l'humanité et pilotées par des androïdes ainsi que les prisons y sont restées.

Cet étrange et court roman à l'ambiance feutrée, nous amène à découvrir doucement Momo, esthéticienne talentueuse et créative, et son passé insolite, dans un monde où le transhumanisme est de rigueur, accepté, banal.
L'auteur soulève les questions de genre et de transidentité, mais aussi de pollution et de la place de l'humain dans ce monde de demain, et laisse planer un mystère concernant Momo, qui s'éclaircira au fil des pages.
C'est assez visionnaire sur ce que l'avenir réserve dans bien des domaines.

Ce que j'ai aimé, c'est que ça m'a fait rêver… pas de ce que je souhaite pour l'avenir ! Non, mais d'ici et ailleurs en même temps.
Hélas on découvre peu à peu un avenir qui laisse espérer des progrès essentiels pour la vie humaine, mais aussi un aspect assez cauchemardesque.
Je me suis laissée emporter dans cette histoire où l'humanité joue avec les corps, la mémoire et l'esprit.

L'avant-propos de l'auteur ainsi que la postface du traducteur sont très éclairants quant au contenu de l'histoire de Momo et du monde tel qu'il est décrit.

 

Citations :

Page 46 : Même si, dans leur lutte pour s’approprier les plateaux continentaux et les fosses sous-marines, les grandes puissances de ce monde n’avaient pu se résoudre à abandonner leurs grandes réalisations de la surface, toutes les œuvres terrestres connurent le même destin que celui de la Grande Muraille de Chine : ces dispositifs colossaux d’oppression des peuples devinrent de simples attractions touristiques ! Leur majesté absurde n’était plus que le symbole narquois d’une gloire révolue.

 

Page 111 : C’est si ennuyeux de vivre sous une membrane de cire, pensait Momo, si seulement je pouvais passer à travers la surface de l’eau, retourner sur ce continent originel, respirer un autre air que celui des climatiseurs d’ici et voir cette étoile tristement célèbre qu’est le soleil.

 

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : La machine à explorer le temps – Herbert George Wells

Publié le par Fanfan Do

Édition Folio SF

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

La Terre en l'an 802.701 avait pourtant toutes les apparences d'un paradis. Les apparences seulement. Car derrière ces jardins magnifiques, ces bosquets somptueux, cet éternel été où les hommes devenus oisifs n'ont à se préoccuper de rien, se cache un horrible secret. Ainsi témoigne l'explorateur du temps face à des auditeurs incrédules. Depuis la conception de son incroyable machine jusqu'à son voyage au bout de l'Histoire, là où l'humanité s'est scindée en deux. D'un côté les Éloïms, qui vivent en surface, petits êtres gracieux, doux et décérébrés. De l'autre les terribles Morlocks qui ont fui la lumière pour s'enterrer dans un gigantesque et inhospitalier monde souterrain. Un monde où l'Explorateur du Temps devra s'aventurer s'il souhaite répondre à ses questions, et surtout revenir à son époque.
Inutile d'insister sur le fait qu'il s'agit d'un chef-d'œuvre. Wells demeure avec Jules Verne le grand ancêtre de la science-fiction, celui qui lui a donné ses lettres de noblesse, avec des œuvres aussi importantes que "L'Île du Docteur Moreau", "L'Homme invisible" ou "La Guerre des mondes". Un grand classique, précurseurs dans bien des domaines, qui reste indépassable. À lire ou à relire.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Aussi loin que je me rappelle, cette histoire m'a toujours fascinée. Je crois en avoir vu deux adaptations à la télé, mais bizarrement je ne l'avais jamais lue.

 

Mon avis :
J'aurais bien dû me douter que le style allait me paraître désuet. J'avais déjà eu cette sensation en lisant H.P 
Lovecraft. Des mots et tournures de phrases d'un autre temps et un style majoritairement narratif. En même temps le livre a été publié en 1875.

De longues pages de descriptions des années 800 000 ainsi que la comparaison avec l'époque du narrateur, tant sur le modèle de civilisation que sur l'humanité du futur m'ont parues interminables. Heureusement que c'est un roman court, 162 pages.

Finalement, environ à la moitié, Ô joie ! Adieu descriptions, bonjour action ! J'ai beaucoup aimé jusqu'à la fin parce qu'il se passait enfin quelque chose dans ce futur très lointain où l'humanité a pris une trajectoire inattendue.
Et je dois dire que la toute fin m'a laissée rêveuse.

 

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Le vieux qui lisait des romans d’amour – Luis Sepulveda

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’espagnol par François Maspero

Éditions Points

Mon avis sur Insta c'est ici

Quatrième de couverture :

Antonio José Bolivar connaît les profondeurs de la forêt amazonienne et ses habitants, le noble peuple des Shuars. Lorsque les villageois d'El Idilio les accusent à tort du meurtre d'un chasseur blanc, le vieil homme quitte ses romans d’amour – seule échappatoire à la barbarie des hommes – pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse…

Luis Sepulveda est né au Chili en 1949. Best-sellers mondiaux, ses romans traduits dans le monde entier sont disponibles en Points.

« Il ne lui faut pas vingt lignes pour qu’on tombe sous le charme de cette feinte candeur, de cette fausse légèreté, de cette innocence rusée. Ensuite, on file sans pouvoir s’arrêter jusqu’à une fin que notre plaisir juge trop rapide. »

Pierre Lepape, Le Monde

Mon avis :

J'ai trouvé en ce livre une étrange ode à la nature tropicale, belle et terrifiante à la fois.
On comprend rapidement que dans de tels endroits du monde, il faut apprendre à vivre en harmonie avec ce milieu et bien le connaître si on veut survivre.

Ce roman est plein de poésie, il donne le sentiment d'une communion de l'Homme avec la terre nourricière et les étoiles, comme si nous faisions partie d'un grand tout, en totale union avec l'univers.
Je me suis laissé envoûter par ces descriptions.
Antonio José Bolivar Proaño dit le vieux, natif de la ville et parti vivre au bord de la jungle, a tout appris au contact des Shuars, peuple qui vit en osmose avec la forêt.

Il y a quelques dialogues hilarants, notamment pendant la chasse au fauve mais aussi une sagesse infinie et l'humilité qui convient face à la nature sauvage.

J'ai trouvé ce roman magnifique et totalement envoûtant, mais aussi déchirant quand on pense à la destruction lente mais inéluctable que l'Homme opère dans ces endroits sauvages, par pure bêtise et absolue cupidité.

 

Citations :

Page 41 : Antonio José Bolivar qui ne pensait jamais au mot liberté jouissait dans la forêt d’une liberté infinie. Il tentait de revenir à ses projets de vengeance, mais il ne pouvait s’empêcher d’aimer ce monde, si bien qu’il finit par tout oublier, séduit par ces espaces sans limites et sans maîtres.

 

Page 47 : C’était de l’amour pur, sans autre finalité que l’amour pour l’amour. Sans possession et sans jalousie.

 

Page 54 : Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites à l’action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette œuvre maîtresse de l’homme civilisé : le désert.

 

Page 110 : Tu es le chasseur des blancs, tu as un fusil, tu violes la mort en l’entourant de douleur.

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Dune Tome 1 - Frank Herbert

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Michel Demuth

 

Éditions Robert Laffont – AILLEURS & DEMAIN

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Car Dune produit l'Épice, drogue miracle, source de longévité et de prescience. Voici l'épopée prodigieuse de Paul Atréides, connu comme prophète sous le nom de Paul Muad'Dib, seigneur d'Arrakis et empereur appelé à devenir le messie de Dune.
Avec le cycle de Dune, Frank Herbert a brossé une fresque immense, digne, par l'intensité dramatique et le foisonnement des personnages, des plus grands chefs-d'oeuvre du roman historique classique.
On y perçoit aussi le bruit et la fureur des drames shakespeariens. Mais cette fresque ne se situe pas dans le passé. Elle se déploie dans l'avenir. Un avenir où les hommes naviguent entre les étoiles et peuplent un milliard de mondes. Parmi ces mondes, Dune, planète désertique où l'eau est plus précieuse que l'or et pour laquelle se battent les deux grandes familles des Atréides et des Harkonnen.

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

C’est Lea Touch Book, admin du groupe FB Picabo River Book Club qui a su me donner envie de lire ce livre que j’évitais.

 

Mon avis :

J'ai été quelque peu déstabilisée au départ par tous les termes inconnus qui renvoient au Lexique de l'Imperium en fin d'ouvrage. Mais rapidement j'ai été prise dans l'histoire et au bout de trente pages je n'y pensais plus.
Et puis je suis allée voir le film au cinéma, chose que je ne fais jamais pendant une lecture mais qui m'a aidée finalement à situer les différents éléments.

L'eau, cette denrée essentielle à la vie sur Arrakis, dont il ne faut en aucun cas gaspiller la moindre goutte et qui donne à ce roman des vrais relents d'écologie… dans ce monde aride, on prend vraiment conscience de sa valeur.

Que dire à part que j'ai trouvé l'histoire passionnante, haletante, profonde et incroyablement addictive.
C'est l'éternel recommencement des luttes de pouvoir, des religions qui servent à asservir, comme si tous les peuples devaient être indéfiniment coincés dans le même schéma immuable.
C'est peut-être que les hommes et les civilisations se suivent et se ressemblent.

J'ai aimé être régulièrement invitée dans les pensées des différents protagonistes, j'ai trouvé ça très éclairant quant aux possibilités qui se profilaient, à la duplicité de certains, et aux projets et désirs de ceux dont on lit les pensées.

J'ai néanmoins un peu de difficulté à imaginer que dans plusieurs millénaires, les êtres doués d'une pensée concrète seront toujours assujettis à des superstitions.

Frank Herbert a construit un univers complexe et futuriste, et pourtant intemporel. Par certains aspects, les luttes de pouvoir, les perfidies et trahisons, les religions toutes-puissantes, et le système impérialiste m'ont évoqué l'Antiquité mais aussi le Moyen-Âge, à la différence qu'il y a là des natifs de différents mondes dont certains ont des pouvoirs télépathiques, de prescience ou encore télékinésiques.

Je ne saurais dire si j'ai aimé un peu, beaucoup, passionnément… je pense que je le saurai avec le temps.

 

 

Citations :

Page 246 : On prête l’oreille aux hordes, aux cris de ceux qui chassaient nos ancêtres en un passé si lointain que seules nos cellules les plus primitives s’en souviennent. Les oreilles voient. Les narines voient.

 

Page 592 : Tous les hommes cherchent la lumière. La Religion n’est que la façon la plus ancienne et la plus vénérable de trouver un sens à l’univers créé par Dieu. Les savants cherchent les lois des évènements. Le rôle de la Religion est de découvrir la place de l’homme dans cette légalité.

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Lorsque le dernier arbre – Michael Christie

Publié le par Fanfan Do

Édition Albin Michel

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s'accumule, c'est tout - dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d'avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »

D'un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d'un architecte, la généalogie d'une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.
20382038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L'un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l'ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d'un avenir meilleur. Jusqu'au jour où un ami lui apprend qu'elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?
Fresque familiale, roman social et écologique, ce livre aussi impressionnant qu'original fait de son auteur l'un des écrivains canadiens les plus talentueux de sa génération.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J'ai eu la chance de recevoir ce roman grâce à un partenariat Éditions Albin Michel - Picabo River Book Club, merci à eux et à LeaTouchBook la super admin de ce super groupe

 

Mon avis :

Dès l'entrée en matière, en 2038, ça sent la tristesse d'un monde en train de s'effriter inexorablement sans le moindre espoir, laissant la majorité de l'humanité terriblement précaire. On a un sentiment de perte irréparable, que plus jamais on ne pourra jouir en toute simplicité d'une brise légère au milieu des arbres, que plus jamais on ne rêvassera en regardant les feuilles des cimes se découper dans un ciel azur, que plus jamais on n'envisagera l'avenir avec espoir.
Sauf sur Greenwood Island, sanctuaire partiellement préservé, lieu de pèlerinage pour privilégiés.

Jake Greenwood, botaniste et guide dans une des dernières forêt primaire au monde, est la fille de Liam Grenwood, ébéniste, lui-même fils de Willow Greenwood, écolo, idéaliste et activiste, fille en révolte de Harris Greenwood, homme d'affaires cupide, charognard de la Terre et des forêts.
On remonte le temps dans ce monde qui se meurt, à travers la saga familiale des Greenwood, famille complexe dont le destin est lié avec le bois, dont les descendants ne connaissent pas forcément leurs ascendants et réciproquement.
Au fil de l'histoire on s'attache aux membres de cette famille.
Ce roman est un chant d'amour à la nature et plus précisément aux forêts et aux arbres qui vivent en osmose, un cri d'alarme à l'humanité.

Au fil des chapitres on voyage dans les époques, à rebrousse-temps, 2038, 2008, 1974, 1934, 1908, à travers l'histoire et la genèse de la famille Greenwood, les frères Harris et Everett, puis on remonte jusqu'au futur. C'est un périple fascinant qui nous raconte en même temps une page d'Histoire du Canada et du monde.

C'est typiquement le genre de roman qui fait office de piqure de rappel. On a tendance à oublier, vu d'ici dans notre petit confort du monde moderne, que les pays riches aux XIXème et XXème siècle se sont construit sur beaucoup de misère humaine, des catastrophes économiques et des guerres et que le rêve américain tenait autrefois plutôt du cauchemar pour beaucoup. Car avant même la grande dépression, les conditions de vie étaient terribles pour certains qui vivaient dans le dénuement le plus absolu.

Il y a de tout dans ce roman : une part de dystopie, de l'écologie, une traque acharnée, du suspense, une quête de rédemption, une histoire de famille, une plongée dans l'histoire du monde. C'est une fresque passionnante de bout en bout. Ce roman nous rappelle à quel point la cupidité se moque de la beauté, petits hommes, petits grains de poussières dans l'univers qui se permettent de mutiler notre mère la Terre.

J'ai dévoré passionnément cette histoire qui m'a donné le triste sentiment que le temps qui passe nous vole beaucoup, à moins que nous n'en soyons les seuls responsables. C'est aussi une ode à la nature et aux forêts millénaires qui hélas tient du requiem, telle la chronique d'une catastrophe annoncée.

 

Citations :

Page 47 : Certes, elle préférerait une relation sur le long terme à une histoire forcément sans lendemain avec Corbyn, mais comment quoi que ce soit pourrait-il durer dans un monde aussi abîmé ? Un monde où, chaque nuit, des milliers d’enfants toussent à en mourir et où même les arbres les plus majestueux ne peuvent espérer survivre ?

 

Page 179 : Au cours de sa carrière, Harris Greenwood a présidé à l’abattage de plus de deux cent cinquante millions d’hectares de forêt primaire. Certains arbres parmi les plus larges, les plus hauts, les plus beaux que la planète ait jamais portés sont tombés sur son ordre.

 

Page 463 : Ce que l’expérience lui a appris, c’est que plus les temps sont durs, plus nous nous comportons mal les uns envers les autres. Et ce que nous avons de pire à offrir, nous le réservons à notre famille.

 

Page 498 : Mais pourquoi attendons-nous de nos enfants qu’ils mettent un terme à la déforestation et à l ‘extinction des espèces, qu’ils sauvent la planète demain, quand c’est nous qui, aujourd’hui, en orchestrons la destruction ?

 

 

Voir les commentaires

1 2 > >>