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Mon avis : L’incivilité des fantômes – Rivers Solomon

Publié le par Fanfan Do

Éditions Aux Forges De Vulcain

Traduit par Francis Guévremont

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Aster est une jeune femme que son caractère bien trempé expose à l’hostilité des autres. Son monde est dur et cruel. Pourtant, elle se bat, existe, et aide autant qu’elle le peut, avec son intelligence peu commune, ceux et celles qu’elle peut aider. Mais un jour, un type la prend en grippe. Et Aster comprend qu’elle ne peut plus raser les murs, et qu’il lui faut se tenir grande. Sa rébellion est d’autant plus spectaculaire qu’elle est noire, dans un vaisseau spatial qui emmène les derniers survivants de l’humanité vers un improbable Éden, un vaisseau où les riches blancs ont réduit en esclavage les personnes de couleur.

 

Un premier roman qui prend pour prétexte la science-fiction pour inventer un microcosme de l’Amérique, et de tous les maux qui la hantent, tels des fantômes.

Rivers Solomon est une personne transgenre, née aux Etats-Unis, qui vit désormais en Grande-Bretagne. L’incivilité des fantômes est son premier roman.

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

 

J’avais ce livre depuis quasiment sa sortie, sans doute le fait que l’autrice soit afro-américaine transgenre m’a attirée. Je savais bien qu’un jour je le lirai ! Mais quand ? Et puis Léa Touch Book, admin du Picabo River Book Club a eu envie de mettre la SF américaine à l’honneur pour cet été 2021 ? Et celui-ci a fait partie d’une sélection d’une quinzaine de romans qu’elle nous a proposés.

 

Mon avis :

 

Dès le départ le décor est planté, transidentité et intersexualité sont du voyage.
Il a fallu que je m'habitue au pronom "iel" que je n'avais jamais concrètement lu nulle part jusqu'ici.

Les humains ont quitté la terre pour un voyage dont ils ignorent s'il aura un aboutissement, s'ils trouveront un jour un endroit où se poser, à bord d'un vaisseau dont le gigantisme est inimaginable. Toutes les couches de la société, y travaillent, cultivent et font de l'élevage, séparés par leurs niveaux de pauvreté ou de richesse. On dirait un vaisseau-monde, tellement immense que c'est difficile de se le figurer.

C'est une société de fin du monde effarante, où quittant une Terre agonisante, ils sont partis à la recherche d'un nouveau monde en prenant bien soin que conserver toute l'iniquité de l'ancien monde : le racisme avec la notion de races inferieures et les classes sociales très basses au service des classes sociales élevées, l'extrême richesse et l'extrême pauvreté, au lieu de tirer des leçons de leurs erreurs. Il y a les haut-pontiens, qui se prennent pour la crème de l'humanité et les bas-pontiens, qui ne comptent pas.
Ils ont aussi emporté la religion avec tout ce qu'elle peut comporter d'intolérance, de misogynie et de préjugés. Sans oublier l'homophobie et la transphobie. Il s'agit là d'un monde totalement rétrograde. Ça m'a d'ailleurs énormément fait penser au système de castes en Inde.

Aster, métisse née fille mais non binaire, vit dans le souvenir de Lune, sa mère qu'elle n'a pas connue et qui a laissé un journal codé.
Elle est amie avec Gisèle, étrange personnage, un peu folle et bipolaire, cynique, cruelle, révoltée et survoltée, et Théo le chirurgien, introverti et très pieux, qui a fait vœu de chasteté et dont elle est l'assistante. Et puis il y a Mélusine, sa tante qui l'a élevée mais qui n'a pourtant aucun instinct maternel.

 

On découvre une société cauchemardesque qui vit depuis un temps infini dans Matilda, ce vaisseau qui doit les amener vers la terre promise mais qui pour les bas-pontiens est surtout une prison de fer, antichambre de la mort depuis les nombreuses coupures de courant qui les privent de chauffage et leur font endurer des températures glaciaires, pendant que les haut-pontiens vivent dans une opulence indécente. Ce monde futur est arriéré, cruel et violent. J'ai trouvé cette option intéressante car inhabituelle il me semble.

Aster cherche quelque chose, aspire à comprendre, à découvrir le message secret de Lune, qui sans doute lui apportera bien des réponses.

J'ai aimé l'histoire, toujours étonnée que je suis par la force vitale qui anime tout ce qui est, même dans les pires difficultés de l'existence et la résilience dont certains sont capables même quand l'espoir est si ténu qu'il est quasi inexistant. Et j'ai aimé les réflexions sur le subjectif, le futile, la superficialité, et la vanité de tout ça.
C'est un bel écho à notre société, qui hélas nous laisse penser qu'on n'a aucune chance de s'améliorer, qu'il y aura toujours des tordus machiavéliques et cruels, des despotes, des tyrans imbus d'eux-mêmes. Car quelle que soit l'époque dans laquelle on vit, l'humanité reste ce qu'elle est.


 

 

Citations :

 

Page 119 : Je crois que c’est ma nounou, Mélusine, qui a fait de moi ce que je suis. Une tapette. Un homme qui ne fait pas ce que les hommes doivent faire, qui n’est pas ce qu’un homme doit être.

 

Page 270 :-Vous avez de la chance, tu sais, qu’il y ait si peu de miroirs dans les bas-ponts. Vous finiriez tous par vous suicider, si vous deviez voir vos horribles tronches partout, à tout moment.

 

Page 277 : Flick hurlait, hurlait, et Aster sut, à ce moment précis, que les dieux n’existaient pas, car les dieux, s’ils avaient existé, auraient immédiatement mis fin à cette horreur. Il leur suffirait de claquer des doigts et c’en serait fini. C’en serait fini de l’humanité tout entière.

 

Page 349 : Parfois, malgré elle, Aster se disait avec inquiétude qu’elle n’était pas assez jolie. Pourquoi ? Il était étrange de s’inquiéter du fait d’être joli ou non. La beauté était une catégorie subjective, fallacieuse. La beauté ne pouvait être recréée dans un laboratoire.

 

 

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Mon avis : Napoléon n’est pas mort à Saint-Hélène – Deux siècles d’uchronie – Olivier Boura

Publié le par Fanfan Do

Édition Gaussen

 

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Quatrième de couverture :

 

Napoléon serait mort le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène. C'est du moins ce qu'on lit dans les livres d'histoire, mais, depuis près de deux cents ans, plusieurs romanciers se sont employés à faire mentir cette donnée historique apparemment incontestable. C'est même l'idée que le destin de l'Empereur aurait pu être autre que ce qu'il a été qui a donné naissance à un genre littéraire nouveau : l'uchronie. L'Histoire de la conquête du monde et de la monarchie universelle publiée en 1836 par Louis Geoffroy est en effet le premier livre supposant un point de bifurcation de l'histoire. La France serait-elle dès lors la nation par excellence de l'uchronie, dans laquelle elle chercherait une consolation, une forme de méditation souriante et ludique sur la vanité de la puissance et de la gloire ?

 

Professeur agrégé d'histoire, Olivier Boura est installé dans le Gard, il est l'auteur de livres historiques, de récits, de nouvelles. Il a obtenu en 2006 le prix Hemingway de la nouvelle.

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

La dernière opération Masse Critique de Babelio portait sur les livres de non-fiction. À priori c’est un genre qui ne m’attire pas, je n’aime pour ainsi dire que les romans. Mais là, en allant consulter les différents titres proposés, j’en ai vu quelques uns qui pouvaient me plaire . Notamment un ouvrage écrit par Pierre Bordage sur l’uchronie, et finalement quelques autres sur divers sujets. J’ai donc fait ma sélection mais au fil de la journée, d’autres livres sont apparus, que pourtant je n’avais pas sélectionnés. J’ai donc eu de la chance d’être tombée sur celui-là !

 

Mon avis :

 

En attendant cet ouvrage je me suis demandé au devant de quelle désillusion j'allais. En effet, je n'aime pas être ébranlée dans mes convictions, et depuis que je suis en âge de connaître l'existence de Napoléon j'ai la certitude qu'il est mort à Sainte Hélène puisque c'est dans les livres d'Histoire. Pour moi c'était une réalité, un fait établi. Donc découvrir que ce n'est pas cela la vérité historique risquait de me perturber, tout comme m'a perturbée la révélation quand j'avais 30 ans qu'on ne dit pas une haltère mais un haltère, qu'on ne dit pas un orque mais une orque... j'allais devoir reconsidérer ce que je croyais être un fait avéré, une certitude. Ça allait faire vaciller mes bases.
Découvrir tardivement que ça fait des années qu'on est dans l'erreur ne se fait pas de gaité de cœur.
C'est comme si on me disait soudain que le Père Noël n'existe pas ! Alors quoi !? Je marchais dans le noir et je l'ignorais ? D'autant que le Père Noël, ça me ferait beaucoup de peine...
Mais Napoléon ! Pourquoi pas ?
Mais alors me direz-vous, pourquoi l'as-tu demandé lors de l'opération Masse critique ? Eh bien je ne l'ai pas demandé, mais un bug semble t'il a fait que je l'ai reçu.
Donc en route pour l'aventure, sus aux désillusions, et même pas peur !
Et voilà qu'il est arrivé, et oh surprise !.. ça n'était pas du tout ce que je croyais ! Cet ouvrage nous parle d'un genre littéraire que j'aime énormément : L'UCHRONIE ! Ça veut dire que si j'avais lu le sous-titre "deux siècles d'uchronie" je l'aurais sûrement demandé !

Dès les premières pages on découvre que tout petit nous avons tous pratiqué l'uchronie, quand dans nos jeux nous disions "on dirait que je serais..." et on imaginait une réalité alternative.
Et, COCORICO !!! Ce genre est d'origine française !

Si l'uchronie est un genre récent, le XIXe siècle, c'est parce que cette époque a vu la discipline historique se constituer en science et le peuple avoir la certitude qu'il jouait un rôle majeur dans la grande aventure de l'humanité... mais aussi la Révolution française où tant d'impondérables se sont accumulés de manière tellement improbable.

Napoléon Bonaparte, qui dans l'ancien monde n'était rien, a eu sa chance grâce à la Révolution et tous les événements plus étranges les uns que les autres qui auraient pu ne pas se produire mais se sont produits. C'est pour cela qu'il apparaît dans nombre d'uchronies. Pour lui, il aurait suffit de peu de chose pour ne pas devenir le grand Napoléon.

Hélas, il s'agit là d'un livre qui demande beaucoup trop de culture historique pour moi, beaucoup trop "Napoléon" aussi, qui relate des faits advenus, et c'est tellement sérieux que j'ai trouvé ça terriblement ennuyeux. L'auteur est historien et pour quelqu'un féru d'histoire c'est certainement passionnant. Mais pour moi qui aime l'histoire en amatrice moyennement éclairée c'est beaucoup trop pointu. Tous les tenants et aboutissants qui ont amené Napoléon, de nombreuses fois, à être un sujet d'uchronie sont clairement exposés et c'est très intéressant. Mais les trop foisonnants détails de l'Histoire m'ont perdue.
L'auteur émet des hypothèses quant à la façon dont les choses auraient pu se passer si par exemple Napoléon avait été vainqueur à Waterloo, nous démontre au passage ce que l'Europe aurait pu être sans la Révolution et si Napoléon n'était pas mort le 5 mai 1821 à Sainte Hélène, nous énumérant les nombreux auteurs qui ont imaginé cela, donnant des extraits et citant ses sources. N'étant pas assez érudite, que ce soit en littérature, en histoire et encore moins en politique, je me suis noyée dans toutes ces références.
J'ai toutefois lu ce livre jusqu'au bout car je mets un point d'honneur à toujours finir les ouvrages qu'on m'envoie. Autrement je suis persuadée que je l'aurais abandonné tellement j'ai été incapable de rester concentrée et donc de tout retenir et tout comprendre, d'autant que c'est d'uchronie concernant Bonaparte uniquement dont il question ici, et que du coup j'ai frôlé l'overdose.
L'auteur m'a toutefois donné envie de relire Le voyageur imprudent de René Barjavel, dont visiblement je me rappelle peu de choses alors que j'avais adoré !


 

 

Citations :

 

Page 160 : L’uchronie est un oiseau de crépuscule. Elle apparaît de coutume après que les historiens, les politiques, les poètes, le plus simple citoyen en son for intérieur, ont longtemps ruminé la matière historique, les causes et les conséquences de tel ou tel évènement, le rôle de tel ou tel personnage .

 

Page 184 : « L’homme est un parasite propre à la Terre qui tolère sa présence et la tolérera encore pendant un bref laps de temps. Il n’existe nulle part ailleurs dans le cosmos, et son séjour ici-bas ne saurait beaucoup se prolonger.

 

Page 204 : Le rétablissement par Bonaparte de l’esclavage, en 1802, reste une tache ineffaçable. L’interdiction qu’il fit de la traite, en 1815, ignorée de la plupart, n’y change pas grand-chose. Napoléon, comme tous les grands coupables, est exclu des bénéfices du relativisme généralisé. Qu’il ait aboli le servage en Bavière, La Sainte Inquisition en Espagne, qu’il ait amélioré en Europe, et de manière décisive, la position des juifs, qu’il ait introduit, partout où c’était possible, le Code civil, cet instrument de progrès, d’égalité, de justice, relève, tout au plus, des circonstances atténuantes. On ne retient du Code que ce qu’il pouvait avoir de sexiste.

 

Page 217 : Le genre uchronique trouve sa source dans l’extraordinaire aventure du peuple français, dans sa culture marquée par le culte des saints, la dévotion monarchiste, l’attente du sauveur. Il a trouvé sa forme classique, et pour ainsi dire indépassable, dans le moment le plus dramatique, le plus surprenant de cette épopée. Ce sont les français qui les premiers, et sous l’effet de la plus violente secousse qu’aucun peuple ait connu, émirent l’idée non seulement d’un possible bégaiement de l’Histoire, mais qui encore s’avisèrent d’en tirer les conséquences.

 

Page 219 : La France a inventé l’uchronie parce que son Histoire et son destin nourrissent la nostalgie, la mélancolie même. Nostalgie de ce qui fut, de ce qui aurait pu être, de tout ce qui fut perdu.

 

 

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Mon avis : Elfie Saison 6 – Gabrielle Dubois

Publié le par Fanfan Do

Auto édition

 

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Quatrième de couverture :

 

Les chiens sont lâchés... et tous sur le dos d'Elfie en Irlande !
Oscar Delany en a après le petit Angus et met Elfie au désespoir. Marina d'Orléac, de peur qu'Elfie se mette en travers du brillant avenir qu'elle a programmé pour sa fille, la menace et autorise François-Xavier à agir sans se préoccuper des moyens qu'il peut employer... et ils seront mortels ! La douce Ashlynn ne peut être un secours pour Elfie maintenant sollicitée par ses amis irlandais pour perpétrer le combat pour une Irlande libre.
Au milieu de tout ces tiraillements, quelles sont les positions de Lord Wanton et de César de Beaumont ? Sauront-ils se souvenir qu'ils sont les amis du grand Angus King ? C'est toujours dans les moments importants qu'on reconnaît ses amis de ses ennemis, qu'on fait preuve de courage ou de lâcheté. Mais le courage est-il une arme suffisante contre de si puissants ennemis... ?
Toutes les réponses sont dans cette Saison 6 de ELFIE, la dernière ! 

 

 

 

Mon avis :

 

Ce tome ci est plus grave que les précédents. La légèreté a laissé place à la douleur. Le temps passe et nul n'est immortel. Elfie du haut de sa petite vingtaine découvre la douleur des pages qui se tournent définitivement, de la vie qui ne sera plus jamais la même, et le poids de l'absence.

Cet opus est riche en manigances et intrigues qui visent à nuire à Elfie. Des gens sans scrupules prêts à tout pour servir leurs intérêts rôdent dans son sillage maintenant qu'ils la pensent vulnérable.

J'ai aimé ce dernier épisode de la vie d'Elfie, et j'aurais aimé que ça dure plus longtemps.
Plus de pages m'auraient ravie car l'histoire aurait pu être plus développée, plus foisonnante.


 

 

Citations :

 

Page 105 : - Madame, dit Elfie, droite et froide. Berlioz lui-même s’est inspiré de chansons populaires de la Savoie pour sa Damnation de Faust. Beethoven a repris le thème de The Last Rose of Summer. Évidemment, toute information culturelle et non lucrative n’étant pas de votre ressort, je peux comprendre que vous n’y ayez aucun intérêt.

 

 

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Mon avis : Elfie Saison 5 – Gabrielle Dubois

Publié le par Fanfan Do

Auto-édition

 

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Quatrième de couverture :

 

Des États-Unis, Elfie ramène le plus précieux et encombrant souvenir qui soit au monde. Petit bout de femme de dix-huit ans, saura-t-elle, voudra-t-elle être à la hauteur? Le peut-elle seulement l'être? Angus, encore une fois, la sauvera-t-il? Oscar Delany, Mme King, Lord Wanton, Marina d'Orléac, Ashlynn, deviendront-ils ses ennemis ou ses amis? Dans cette Saison 5, chacun doit choisir son camp, même deux nouveaux venus: César de Beaumont et sœur Fionna. Dans tout cella, la libérée tant recherchée d'Elfie s'éloigne de plus en plus d'elle.

 

 

Mon avis :

 


Elfie est rentrée en Angleterre avec Angus, amère et désespérée en découvrant que les conventions sociales sont plus puissantes que les sentiments pour les hommes qui veulent se faire une place dans le monde.

Au fil du temps, une étrange ambiguïté s'est installée entre Angus et son rossignol. Lui, l'homosexuel pur et dur, est pourtant très tactile avec elle, très protecteur. Une vraie complicité les unit, de véritables sentiments  mais qui restent dans le non-dit, au point qu'Elfie en vient à se demander si, avec Angus, peut-être... Oui, car Elfie rêve et ne peut s'empêcher d'espérer l'amour. À dix huit ans elle n'a connu que des déceptions.
Étrange couple qui n'en est pas un et doit s'accommoder des codes de la société dans laquelle ils évoluent et donner le change à l'hypocrisie bien-pensante de la bourgeoisie du XIXe siècle.

Hélas, la tristesse s'invite dans ce tome.
Et comme je veux connaître la suite, je vais de ce pas lire le sixième et dernier opus.

 

 

Citations :

 

Page 114 : Elle s’assit sur le lit et prit un à un chaque livre, en lisant les titres sur les couvertures. Elle n’avait pas besoin de les ouvrir, elle les avait déjà tous lus et en connaissait les contenus. Aucun ne disait comment faire face à un chagrin irréversible.

 

Page 136 : J’ai pensé, un temps, quand j’étais jeune, élever ma voix pour un monde plus juste. Mais je ne suis pas une héroïne. J’ai revu mes idéaux à la baisse. J’essaie de ne pas être une trop mauvaise personne, et d’éduquer mon fils dans le respect des autres, qu’ils soient hommes ou femmes, et quels que soient leurs penchants. C’est moins glorieux mais c’est plus à ma mesure.

 

 

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Mon avis : Beignets de tomates vertes – Fannie Flagg

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Philippe Rouard

 

Cherche midi Éditeur

 

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Quatrième de couverture :

 

« Le Whistle Stop Café était le foyer de tous ceux qui n’en avaient pas, c’était là qu’on se retrouvait tous, c’était là qu’était la vie. »

 

Evelyn Couch, femme au foyer vivant mal l’approche de la cinquantaine, se rend chaque semaine dans une maison de retraite où elle se lie d’amitié avec Ninny Threadgoode, fringante octogénaire qui lui raconte ses fabuleuses histoires de jeunesse. Nous voici alors en Alabama, dans les années 1930. Commence alors les aventures du Whistle Stop Café, bientôt connu de tous les laissés pour compte du pays pour être le refuge idéal contre les rigueurs de l’époque. Peu à peu, les personnages de cette vivifiante épopée deviennent pour Evelyn mieux que des amis : des modèles. Rassérénée par le récit de la vieille dame, ode à la joie, à la fraternité et à la résilience, notre héroïne reprend le dessus sur sa vie. Suivant les conseils de Ninny, elle va enfin pouvoir se confronter à ses peurs et retrouver le goût du bonheur.

 

Une chronique nostalgique et tendre, généreuse et colorée, pleine de saveur et d’humour.

 

Fannie Flagg partage son temps entre la Californie et l’Alabama.

 

« Une histoire drôle,

généreuse et poignante »

Harper Lee

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J’ai trouvé la couverture magnifique et puis il était proposé comme poche du mois par le Picabo River Book Club.

 

Mon avis :

 

Je viens de faire un beau voyage, dans les années 20, 30 et 40, dans l’Amérique profonde et j'ai vraiment aimé ça.

1985, Ninny, une octogénaire en maison de retraite, se met à raconter à Evelyn, une femme en visite à sa belle-mère, la vie du Whistle stop café et ça commence dans les années 20.

Evelyn s'ennuie ferme dans son insipide vie d'épouse docile et transparente. De plus elle est devenue hypocondriaque depuis qu'elle a vu sa douce maman mourir du cancer. Elle redoute la mort autant qu'elle abhorre ce qu'est devenue sa vie, cette routine déprimante où il ne se passe jamais rien. La cinquantaine arrivant, elle ne se sent plus utile à rien.

Au gré des chapitres on voyage, dans les années 80 dans la vie d'Evelyn et avec Ninny lors de leurs rencontres à la maison de retraite de Rose Terrace, ou encore dans les années 20 à 80, grâce à La gazette de Weems et au Whistle Stop café et des incursions dans la vie des différents personnages. En quelques mois, ces deux femmes qui ne se connaissaient pas, vont s'apporter beaucoup mutuellement.

L'Alabama, état du sud, est aussi  connu pour les exactions du Ku Klux Klan dont l'âge d'or se situe dans les années 1920-1930 . Ce n'est pourtant pas ça qui transpire le plus, même si le racisme était très présent, dans cette histoire on le sent si peu.
Le bonheur exsude de partout dans cette époque pourtant difficile qu'étaient ces années là.

J'ai aimé tous (les très) nombreux personnages de cette étrange "famille XXL, mais j'ai eu un petit faible pour Idgie qui a un côté bourrin et un cœur énorme, et Evelyn qui en vient à se poser des questions existentielles sur l'émancipation des femmes arrivée trop tard pour elle, le détachement des hommes et l'attachement quasi psychotique pour leur paire de boulettes comme si l'univers tout entier était contenu dans "ces deux petites poches porteuses de sperme" qu'ils mentionnent à tout propos avec fierté ou arrogance.

 

J'ai été totalement happée par l'ambiance de cette histoire généreuse qui nous parle d'amour et d'amitié, de force et de combativité, de tolérance, de respect et du vivre ensemble, quelle que soit la couleur de peau, l'orientation sexuelle ou le milieu, qui nous dit que la vie est belle quand on est altruiste et bienveillant, qui raconte la magie de la vie, tous ces petits riens qui nous la rendent joyeuse et nous réchauffent le cœur.

Tour à tour drôle ou émouvant, ce roman m'a fait un bien fou !


 

 

Citations :

 

Page 11 : - Vous pouvez toujours me demander qui s’est marié en quelle année et avec qui et même comment était la robe de la mariée, neuf fois sur dis je pourrai vous le dire, mais jamais, au grand jamais, je ne saurais vous dire quand je suis devenue vieille. Ça m’est tombé dessus comme ça sans crier gare.

 

Page 82 : Oh ! Toutes ces discussions à voix basse, graves et grotesques, alors qu’Evelyn devait réprimer une envie folle de hurler qu’on lui rende sa mère, sa douce mère, la seule personne au monde qui avait su l’aimer.

 

Page 90 : La libération des femmes est arrivée trop tard pour moi. J’étais déjà mariée avec deux enfants quand j’ai découvert que je n’étais pas obligée de fonder une famille.

 

Page 154 : C’était samedi soir à Slagtown et, tout à côté, Birmingham la Blanche était parfaitement ignorante de l’existence de cette enclave exotique couleur sépia. Ici, dans la Harlem du Sud, la femme de ménage qui travaillait le jour dans les quartiers blancs pouvait, la nuit venue, devenir la reine de la 4e Avenue Nord, et porteurs et ouvriers du chemin de fer régnaient en maîtres de l’élégance sitôt que le soir tombait.

 

Page 293 : Evelyn se demandait pourquoi les insultes avaient toujours une connotation sexuelle. Pourquoi les hommes, quand ils voulaient en humilier d’autres, les traitaient-ils de femmelettes ? Comme si être une femme était ce qui pouvait vous arriver de pire ! On n’insultait plus ni les noirs, ni les japonais, ni les italiens, les polonais ou les irlandais, en tout cas en public. Seules les femmes continuaient de faire l’objet de lazzis et d’injures. Pourquoi ? Ce n’était pas juste.

 

 

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