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Mon avis : De purs hommes – Mohamed Mbougar Sarr

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Tout part d'une vidéo virale, au Sénégal. On y voit comment un cadavre est déterré, puis traîné hors d'un cimetière par une foule. Dès qu'il la visionne, Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l'enseignement et fatigué de l'hypocrisie morale de sa société, devient préoccupé, voire obsédé par cet événement. De qui s'agissait-il ? Pourquoi avoir exhumé le corps ? A ces questions, une seule réponse : c'était un góor-jigéen, un "homme-femme". Autrement dit, un homosexuel.

Ndéné se met à la recherche du passé de cet homme. Autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de sa propre famille, les suspicions et les rumeurs naissent... Un roman bouleversant sur la seule grande question qui vaille aux yeux de son héros : comment trouver le courage d'être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu'en soit le prix ?

 

Éblouissant.

Les Inrockuptibles.

 

De ce roman intelligent et incandescent, on ressort l’esprit chaviré et en éveil.

Lire.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Il y a des thèmes qui me passionnent et qui généralement concernent les « minorités » maltraitées. L’homosexualité et la façon dont les différents peuples la traitent en fait partie.

 

Mon avis :
Quelle écriture !!! Vraiment, c'est virtuose…
On entre assez vite dans le vif du sujet, encore que, j'y ai vu plusieurs sujets.
D'abord, les vidéos virales et totalement malsaines sur internet, qui en un temps record sont vues des milliers de fois. Ensuite, mais en même temps, la place faite aux homosexuels dans les sociétés. le comportement de ceux qui pensent qu'ils sont "comme il faut" et que par conséquent les homosexuels sont des dépravés qu'on doit châtier, souiller, et humilier parfois jusque dans la mort.

Ndéné Gueye, prof de lettres, nous raconte la société dans laquelle il vit, le Sénégal musulman, et son rapport à l'homosexualité. Dans tous les cas elle est honnie, que l'on pense qui s'agit d'une maladie ou d'un libre choix purement pervers. En aucun cas ça ne peut être l’œuvre de Dieu... pourtant, Dieu n'a t'il pas créé tout ce qui existe ??
En tout cas, là-bas on déterre les homosexuels pour profaner et déshonorer leur dépouille mais aussi parce qu'ils n'ont pas le droit d'être inhumés en terre sacrée musulmane.

Sans doute que l'homophobie répandue de par le monde est avant tout liée au fait que, comme le dit le narrateur "La plupart des gens pondaient des opinions extérieures à eux, sur des objets qui ne les engageaient à rien et en rien. Ils parlaient sans conséquence. Ce qui leur permettait de dire toutes les stupidités possibles impunément, sans même s'en rendre compte." (Page 54-55)
Le narrateur en vient à s'emporter contre ses étudiants qui lui font remarquer que 
Verlaine est interdit car il était un homosexuel, un góor-jigéen. Et là on retrouve le débat très actuel - faut-il séparer l'homme de son oeuvre ? -.

Une intolérance terrible règne au Sénégal envers l'homosexualité, mais comme dans nombre d'autres pays, par ignorance, bêtise, avec le support de la religion, sorte d'inquisition sociale qui se cache derrière sa culture.
L'auteur nous dresse un panorama des pratiques cruelles de son pays envers les gays, puis nous emmène à la découverte de l'homme déterré, à la recherche de son identité et lui rend la réalité de son être.

J'ai aimé cette superbe prose qui nous parle d'humanité, d'obscurantisme, de haine, d'intolérance, du poison de la rumeur, du deuil et de sa douleur insurmontable, de rédemption.

 

Citations :

Page 13 : Le corps exhumé retomba au sol, la poussière s’éleva ; je fermais les yeux, saisi de terreur et de dépit, mais la vidéo continuait, elle flattait ma curiosité morbide, je les rouvris.

 

Page 15 : Éprouver une terreur sacrée devant un fait, en être profondément bouleversé, puis s’adonner au plaisir peu après en oubliant le drame : il n’y a qu’un homme pour être ainsi, pour être tour à tour, ou à la fois, le frère du monstre et la sœur de l’ange. Aucune vraie décence ne dure. Ou alors c’est seulement moi qui suis comme ça.

 

Page 46 : Mon père consacra son prêche à la vidéo de l’individu déterré ; autrement dit, il le consacra à l’homosexualité. Ses propos sans ambiguïté condamnèrent implacablement cette turpitude ignoble que la colère divine devait châtier. Il approuva le fait qu’on ait déterré l’homme, rappela le caractère sacré du cimetière religieux et affirma que la place des homosexuels était en prison car, en plus d’être des pêcheurs, les goor-jigéens étaient aussi des criminels, dont la seule présence au sein de la société menaçait sa cohésion et sa morale ; des êtres dont l’existence même constituait un crime contre l’humanité.

 

Page 53 : - Ils ne sont pas malades, intervint lentement mon père, d’une voix dure. Comment Dieu les aurait-Il frappés d’une maladie qui serait un péché ? Il ferait d’eux les coupables d’une faute dont ils ne seraient pas responsables ? Une faute d’origine divine, astafirulah, c’est impensable. Tout ça relève d’un choix conscient. Ces hommes ne sont pas malades. Dire qu’ils sont malades, Mbène, ce serait comme dire que Dieu est à l’origine de l’homosexualité…

 

Page 84 : Ce que tu appelles homophobie esthétique n’est qu’une prison de ta culture traditionnelle et religieuse sénégalaise, une prison dans laquelle le corps féminin, idéalisé, réduit à sa pure forme, demeure le seul corps sexuellement désirable et digne de fantasmes. C’est encore très moral, très religieux, très culturel, quoi que tu en dises.

 

Page 128 : Un deuil est un labyrinthe, et au cœur de ce labyrinthe, est tapi le Monstre, le Minotaure : l’être perdu. Il nous sourit ; il nous appelle ; on veut l’étreindre. C’est impossible, sauf à mourir aussi. Seul un mort sait étreindre un mort ; seule une ombre sait en embrasser une autre.

 

 

 

 

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Mon avis : Indian Creek – Pete Fromm

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer.
- Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion.
Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important je me lançai :
- Heu... C'est quoi, une corde de bois?
Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Deuxième lecture pour le challenge Gallmeister sur Instagram avec comme thème Nature Writing.

 

Mon avis :
En 1978, alors qu'il est étudiant à Missoula dans le Montana, 
Pete Fromm se prend de passion pour les récits d'aventure dans la nature sauvage. C'est au hasard d'un désistement de dernière minute qu'il va remplacer quelqu'un au pied levé et s'embarquer dans cette expédition solitaire de sept mois, à surveiller les œufs des saumons, lui qui n'a pas la moindre expérience de la montagne durant les longs hivers glacials dans les rocheuses.

La veille du départ, il commence à avoir des sueurs froides à l'idée de ce à quoi il s'est engagé, il se dit que c'est une folie et il aimerait pouvoir faire marche arrière.
Pourtant, une fois seul avec sa chienne dans la forêt, grâce à ses lectures, il apprend à chasser pour se nourrir, et là, pauvre de moi, j'ai assisté à toutes sortes de mises à mort . Crâne de piaf que je suis je n'avais pas réfléchi à cet aspect de la vie sauvage quand j'ai choisi cette lecture : les humains veulent manger de la viande et pour cela il faut tuer des animaux. Hélas il n'y a pas que la chasse pour la nourriture, mais aussi pour la fourrure ou les trophées - chasse au cougar, au lynx. Futile humanité qui tue des créatures sublimes pour le plaisir d'ôter la vie…

À part ce genre de précisions qui ne me font pas de bien, il faut reconnaître que l'histoire est prenante et même passionnante. On est en immersion avec l'auteur, dans cette nature grandiose.

C'est impressionnant de réaliser la capacité d'adaptation dont peut faire preuve un individu grâce à son instinct de conservation.
Pete Fromm m'a fait rêver et m'a presque donné envie de ce genre d'expérience, moi qui déteste avoir froid et qui ai peur la nuit dans les bois.

On assiste peu à peu à la transmutation de 
Pete Fromm en homme des bois, on vit avec lui des moments magnifiques, d'autres tristes, et certains plutôt angoissants par des températures de moins 40, des tempêtes et des avalanches.
Une histoire captivante alors qu'au départ je craignais de quelquefois m'y ennuyer.
En effet, un homme seul au fond des bois l'hiver avec son chien, par quel biais allait-il bien pouvoir m'accrocher ? Eh bien la réussite est totale ! J'ai adoré ce récit qui nous parle de dépassement de soi et d'osmose avec la nature au milieu des montagnes, voire avec l'univers tout entier dans la sensation de presque pouvoir toucher les étoiles ‼️


Pete Fromm à réussi une fois de plus à m'embarquer à ses côtés en Amérique, cette fois-ci au milieu de nulle part, jusqu'à la postface qui m'a énormément émue.
Je pense qu'Indian Creek fait partie de ces histoires qu'on n'oublie jamais.


 

Citations :

Page 27 : Mais les gardes devaient arriver dans deux jours, une dizaine de soirées d’adieu avaient été organisées en mon honneur, et je ne voyais aucun moyen de me sortir du guêpier dans lequel j’avais foncé tête baissée. C’était impossible.. Si l’on m’avait appelé pour m’apprendre que le projet était finalement annulé, j’aurais dansé la gigue tout nu dans la grande rue.

 

Page 54 : J’avais appris à l’université que le cerveau est le grand modérateur des fonctions corporelles. Au lieu d’inciter à l’action, il passe au contraire le plus clair de son temps à freiner les actions réflexes, et c’est pour ça qu’un poulet décapité, privé de ces freins, court dans tous les sens.

 

Page 61 : Pour les animaux à fourrure, on n’utilisait un fusil qu’en dernier recours. Assommer n’était pas très soigneux. La meilleure méthode de mise à mort était, si possible, d’écraser le torse de l’animal avec le pied, depuis le talon jusqu’à la plante, ce qui faisait plier la cage thoracique et exploser les poumons et le cœur entre le sternum et la colonne vertébrale.

 

Page 138 : Je continuai d’attendre le coup de feu jusqu’au moment où il fallut bien que je me remette à respirer. Je détournais le regard du puma et de l’arbre, la tête rentrée dans les épaules au cas où Phil déciderait de tirer au moment où je n’y croyais plus. Je lui jetais un coup d’œil alors qu’il abaissait son arme et, pendant une seconde, j’espérais qu’il ait compris quel gâchis ce serait d’abattre cet animal au regard de la puissance phénoménale dont nous avions été témoins sur la colline.

 

Page 178 : Pendant tout ce temps passé à regretter ce que je manquais dans l’autre monde, jamais je ne m’étais rendu compte de ce que je manquerais en quittant Indian Creek.

 

Page 185 : Je poussai un cri. Levant les poings au-dessus de ma tête, je criai. En poursuivant ma ronde de fou en haut des cimes, je savais que partout où mes yeux se posaient, et même plus loin encore, partout où le soleil venait de disparaître, la seule empreinte sur le sol qui n’était pas celle d’un animal était la mienne. Je criai de nouveau, prêt à exploser.

 

Page 226 : Ils ne connaissaient rien à cet endroit. Ils ne savaient rien des skieurs qui faisaient demi-tour une fois arrivés au col, ni des nuits à moins quarante où les étoiles sont si nettes qu’on a l’impression de pouvoir les attraper. Ils ne savaient pas qu’il y avait eu quatre pieds de neige durant des mois, que les traces de neige qu’ils voyaient dans les prairies étaient mes pistes hivernales, compactées, qui résistaient au soleil. Ils verraient tout ça tel que c’était maintenant, sans savoir par quoi il avait fallu passer pour en arriver là. Cela me semblait injuste. J’avais l’impression d’avoir payé mon dû, et maintenant ces gens-là venaient profiter de ce que j’avais mérité à force d’efforts.

 

 

 

 

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Mon avis : Membrane – Chi Ta-Wei

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

Momo, une jeune esthéticienne réputée vrais solitaire et marginale, vit dans une ville sous-marine d’un monde futur à l’écologie bouleversée. Ayant contracté enfant un virus d’un genre nouveau, il semble qu’elle ait subi de multiples transplantations d’organes artificiels. Dans ce monde où les corps, les identités et les sexes se métamorphosent et se réinventent, les humains sont-ils encore maîtres de leur mémoire et de leur avenir ? Quel est le véritable passé de Momo ? Les prodigieuses : membranes dont elle fait usage dans sa clinique auraient-elles une fonction insoupçonnée ?

 

Préparez-vous à plonger dans un univers alternatif, une bulle entre réalité et imaginaire, un voyage de science-fiction philosophique et social qui mérite son statut de précurseur.

ActuSF.

 

Un roman transgressif intelligent, riche en rebondissements et empreint d’une grande sensualité. Une découverte.

Bifrost.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Je suis toujours très curieuse de voir ce que donne la science-fiction asiatique.

 

Mon avis :
Ce roman taïwanais écrit en 1996, où internet commençait à peine à entrer dans les foyers, nous raconte un XXIÈME siècle étonnant, où 90% de la population est partie vivre sous les océans pour échapper à la pollution et au rayonnement mortifère du soleil. La surface n'a plus qu'un usage purement utilitaire. Les industries polluantes nécessaires à l'humanité et pilotées par des androïdes ainsi que les prisons y sont restées.

Cet étrange et court roman à l'ambiance feutrée, nous amène à découvrir doucement Momo, esthéticienne talentueuse et créative, et son passé insolite, dans un monde où le transhumanisme est de rigueur, accepté, banal.
L'auteur soulève les questions de genre et de transidentité, mais aussi de pollution et de la place de l'humain dans ce monde de demain, et laisse planer un mystère concernant Momo, qui s'éclaircira au fil des pages.
C'est assez visionnaire sur ce que l'avenir réserve dans bien des domaines.

Ce que j'ai aimé, c'est que ça m'a fait rêver… pas de ce que je souhaite pour l'avenir ! Non, mais d'ici et ailleurs en même temps.
Hélas on découvre peu à peu un avenir qui laisse espérer des progrès essentiels pour la vie humaine, mais aussi un aspect assez cauchemardesque.
Je me suis laissée emporter dans cette histoire où l'humanité joue avec les corps, la mémoire et l'esprit.

L'avant-propos de l'auteur ainsi que la postface du traducteur sont très éclairants quant au contenu de l'histoire de Momo et du monde tel qu'il est décrit.

 

Citations :

Page 46 : Même si, dans leur lutte pour s’approprier les plateaux continentaux et les fosses sous-marines, les grandes puissances de ce monde n’avaient pu se résoudre à abandonner leurs grandes réalisations de la surface, toutes les œuvres terrestres connurent le même destin que celui de la Grande Muraille de Chine : ces dispositifs colossaux d’oppression des peuples devinrent de simples attractions touristiques ! Leur majesté absurde n’était plus que le symbole narquois d’une gloire révolue.

 

Page 111 : C’est si ennuyeux de vivre sous une membrane de cire, pensait Momo, si seulement je pouvais passer à travers la surface de l’eau, retourner sur ce continent originel, respirer un autre air que celui des climatiseurs d’ici et voir cette étoile tristement célèbre qu’est le soleil.

 

 

 

 

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Mon avis : Des souris et des hommes – John Steinbeck

Publié le par Fanfan Do

Éditions Folio

 

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Quatrième de couverture :

Lennie serra les doigts, se cramponna aux cheveux. — Lâche-moi, cria-t-elle. Mais lâche-moi donc. Lennie était affolé. Son visage se contractait. Elle se mit à hurler et, de l'autre main, il lui couvrit la bouche et le nez. _ Non, j' vous en prie, supplia-t-il. Oh, j' vous en prie, ne faites pas ça. George se fâcherait. Elle se débattait vigoureusement sous ses mains... — Oh, je vous en prie, ne faites pas ça, supplia-t-il. George va dire que j'ai encore fait quelque chose de mal. Il m' laissera pas soigner les lapins.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Depuis quelque temps j’ai décidé de lire des classiques, et puis récemment, Karine Giebel a explique qu’elle avait écrit son dernier roman « Glen Affric » en s’inspirant de celui-ci.

 

Mon avis :
Années 30, pendant la grande dépression qui mit tant de gens sur les routes à la recherche de petits boulots mal payés.
Étrange duo que Lennie et George. Ce colosse au cerveau de petit garçon et ce petit homme qui se plaint de le trimballer partout avec lui mais qui le garde et le protège malgré tout. Ils voyagent de ville en ville, trouvent du travail dans des ranches puis repartent quand il s'y trouvent contraints par le comportement de Lennie, qui aime caresser tout ce qui est doux…

Ils rêvent tous deux d'avoir un jour assez d'argent pour s'acheter une petite maison, avec des lapins, des cochons et un peu de terre à cultiver.
Je n'ai pas pu m'empêcher de craindre le pire tout le long de cette lecture. Une angoisse sous-jacente est instillée au fil des pages. Je sentais deux dangers possibles car à cette époque là misère était grande et puis les simples d'esprit comme Lennie ont de tous temps attiré la méchanceté des minables…

Il y a quelque chose de très ordinaire dans ce récit, la vie de petites gens qui vont et viennent de ranch en ranch pour gagner trois sous, et pourtant c'est très prenant.
Des événements glaçants et infiniment tristes dans cette histoire qui nous parle d'amitié et de solidarité m'ont fait l'effet d'une douche froide.
Il y a une certaine beauté dans ce parcours où il y a des rêves, et surtout de la douleur , à l'image de la vie...
J'ai été abasourdie par cette fin à laquelle je ne m'attendais pas.

 

 

 

 

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Mon avis : Gabacho – Aura Xilonen

Publié le par Fanfan Do

Éditions Liana Levi

 

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Quatrième de couverture :

Liborio n’a rien à perdre et peur de rien. Enfant des rues, il a fui son Mexique natal et traversé la frontière au péril de sa vie à la poursuite du rêve américain. Narrateur de sa propre histoire, il raconte ses galères de jeune clandestin qui croise sur sa route des gens parfois bienveillants et d’autres qui veulent sa peau. Dans la ville du sud des États-Unis où il s’est réfugié, il trouve un petit boulot dans une librairie hispanique, lit tout ce qui lui tombe sous la main, fantasme sur la jolie voisine et ne craint pas la bagarre…
Récit aussi émouvant qu’hilarant, Gabacho raconte l’histoire d’un garçon qui tente de se faire une place à coups de poing et de mots. Un roman d’initiation mené tambour battant et porté par une écriture ébouriffante.


Aura Xilonen est née au Mexique en 1995. Après une enfance marquée par la mort de son père et des mois d'exil forcé en Allemagne, elle passe beaucoup de temps chez ses grands-parents, s'imprégnant de leur langage imagé et de leurs expressions désuètes. Elle a seulement dix-neuf ans lorsqu'elle reçoit le prestigieux prix Mauricio Achar pour Gabacho, traduit depuis en huit langues. Auta Xikonen étudie le cinéma à la Benemérita (Universidad Autónoma de Puebla).
Julie Chardavoine a reçu le Grand Prix de la traduction de la ville d'Arles, 2017.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Ce titre faisait partie des propositions pour février du groupe Book Trip Mexicain sur Facebook. La quatrième de couverture m’a énormément tentée.

 

Mon avis :
Amis de l'argot bonjour ! Eh oui, parce que dès la première page il faut, soit s'y connaître, soit aller sur internet… La langue est très imagée, trash, crue, percutante et je me suis demandé si ça n'allait pas me fatiguer assez rapidement. Mais non, ce langage grossier et agressif m'a vite amusée car il est l'expression parfaite de la personnalité de Liborio, ce jeune mexicain qui a réussi à passer la frontière vers le rêve américain. Et puis c'est tellement drôle la plupart du temps ! Il y a aussi beaucoup de mots-valise, ou conjugués voire carrément inventés et ça rend le tout très visuel.

Liborio a eu la vie dure, il ne fait confiance à personne, il trouve la gentillesse suspecte. Il a toujours été plutôt livré à lui-même dans une vie difficile, c'est pourquoi il a un jour migré vers les États-Unis, quitte à vivre dans la clandestinité, son but étant un jour d'aller à New-York. C'est une tête brûlée, mi-chihuahua inconscient de ses faiblesses, mi- pitbull complètement fondu qui n'a peur de rien et fonce dans le tas. "Après tout, je suis né-mort et franchement j'ai peur de rien."
Un jour, il aperçoit dans la rue une "gisquette" qui se fait harceler par un voyou, il vole à son secours, ça va changer le cours de sa vie.

Il a trouvé un petit boulot dans un librairie. Bien qu'il soit exploité, ça a été une chance car il a découvert le pouvoir des livres.
Il nous raconte son quotidien dans cet état d'Amérique frontalier avec le Mexique et c'est ponctué de flash-back qui nous font découvrir peu à peu les bribes de son passé. Ça donne du rythme et accroît l'intérêt, si besoin était.

Quoique ce récit soit très drôle, il aborde le terrible sort de ceux qui sont prêts à mettre leur vie en danger dans l'espoir d'un futur meilleur, risquant à tout moment de se faire prendre par la police, moindre mal comparé aux milices, ces "braves citoyens" qui traquent les clandestins et leur réservent un sort abominable.
Il jette aussi un regard critique sur la société d'hyper consommation ou on trouve tout à profusion jusqu'à l’écœurement.

Malgré tout le bien que je pourrais dire de ce roman mexicain qui va à cent à l'heure, j'ai l'impression que je serai toujours en dessous de ce qu'il vaut, parce que, argotique autant que poétique et érudite, l'écriture est tout simplement époustouflante et incroyablement belle, aussi bien que l'état d'esprit que l'autrice insuffle à ses personnages, tous hauts en couleur. Des injures à faire verdir de jalousie le capitaine Haddock, des situations et des répliques percutantes m'ont provoqué quelques bons fous rires. Je crois n'avoir jamais rien lu de pareil ! J'ai adoré cette histoire, merveille de drôlerie et d'irrévérence, grosse bulle d'oxygène, où la fraternité et la bienveillance font la nique à la perfidie.

 

Citations :

Page 15 : J’en chiais sang et eau, parce que lire, bordel, ça fait mal aux yeux au début, mais petit à petit l’âme se fait contaminer. Le soir, j’embarquais de petits livres encore chastes sur ma mezzanine et le matin, je les redescendais dépucelés.

 

Page 22 : Je suis resté bouche bée, abasourdi, dévasté par l’image infecte que les autres ont de moi. Et si la vérité, c’est que Dieu, il existe pas et qu’on est juste des particules qui pourrissent avec le temps pour se détruire les unes les autres ?

 

Page 25 : Je monte dans le bus rouge qui vient de s’arrêter, paye et me pose au fond, là où les galeux comme moi, on a l’habitude de s’installer histoire de ne pas leur faire peur, aux noirs et aux blancs, parce que nous, on est gris, et le gris ici, c’est les limbes, ni du côté de Dieu, ni du côté du Diable.

 

Page 77 : Ça fait longtemps que je me suis fait la remarque que les fils à papa, ils se tiennent toujours droits comme des I ; nous autres, paumés, crevards, guignols ou mectons, on marche tous comme des singes, comme si on avait pas été touchés par l’évolution. On dirait qu’on se sent inférieurs et que si on se tient le dos courbé, c’est à cause de notre queue de mandrill. Comme si on était déjà battus d’avance, que c’était une clause divine, charonique, une saloperie de destin irréversible.

 

Page 110 : Je me récure sous tous les angles, histoire d’évacuer la crasse que je porte en moi, qu’elle me lâche enfin la grappe avec toutes ses petites peaux mortes enroulées dans mon âme.

 

Page 179 : Je croise les mains derrière la tête en mode coussinets de viande. Le sommeil s’échappe peu à peu par une fuite dans mon coco, comme une clepsydre diamantine qui aurait plus assez d’eau.

 

Page 311 : [« Nous vivons dans les vestiges du monde, espèce d’hurluberlu empoté. Dans les résidus de l’Histoire, dans ce qu’il reste, dans les débris de l’humanité. Faut que t’imagines, le pédoque, après toutes les guerres qu’il y a eues, qu’est-ce que tu voudrais qu’il nous reste ? Rien que des déchets, et on des milliards à moisir dedans, les uns sur les autres, crevant la dalle, dans la pauvreté la plus dégueulasse qu’on ait jamais pu imaginer. Le monde, c’est de la merde et c’est tombé sur nous d’y vivre. Après le Léviathan, on pourra plus jamais retourner à l’état d’innocence, à l’abri, dans son ventre. On est la pire espèce de l’Univers, celle qui dévore tout sur son passage, comme des fléaux exubérants, des insectes méphitiques. C’est comme ça.

- Vous vous êtes encore disputé avec votre femme, Boss ?

- Oui, le pédoque. »]

 

 

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Mon avis : Pina – Titaua Peu

Publié le par Fanfan Do

Éditions Au Vent Des Îles

 

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Quatrième de couverture :

Cadette de neuf enfants, Pina, du haut de ses neuf ans, dépeint le quotidien d'une famille de Tenaho, lotissement proche de Pape'ete. Peu à peu, à l'image de leur vallée et de leur pays, leurs destins entrecroisés se fissurent, finissant par s'effondrer et ils assistent, impuissants, à leur propre déchéance. Aux antipodes du politiquement correct, ce roman crie la rage trempée dans la sueur, le sang, le sperme ... et les larmes. Pas de réveil des consciences. Pas de jugement. La vie. Avec ce qu'elle a de laid. Avec ce qu'elle sait, aussi, de la beauté et d'une rédemption possible ...

Prix Eugène Dabit 2017

« Il y a des romans qui claquent comme des coups de fusil Celui de Titaua Peu marque une révolution dans la littérature du Pacifique. » Mediapart

« Pina a est l'enfant universel, il est celui qui voit ce qu'il ne devrait pas [ ... ]La plume de Titaua Peu résonne dans un silence qu'elle tente de briser avec une prose d'une poésie noire et tourmentée.» JDD

« Il y a beaucoup de cris, de souffrance, de violence et des sursauts de dignité dévastateurs dans Pina. » Marianne

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Je l’ai reçu dans le cadre de l’opération Masse critique de Babelio.

 

Mon avis :
Titaua Peu nous emmène dès la première page dans une ambiance, sombre, loin de la Polynésie des cartes postales. Pina, petite fille de neuf ans, moins aimée et moins bien traitée que sa soeur Rosa, quinze ans, beauté à la peau et aux yeux clairs. Parce que pas jolie, plus noire de peau et aux cheveux crépus, elle est une Cosette à la sauce Papeete, sans pour autant être une souffre-douleur.
C'est le récit de la misère au soleil.


Pina, huitième d'une famille de neuf enfants, nous raconte sa vie auprès d'un père indigne, alcoolique et violent, et d'une mère qui ne l'aime pas, nous parle de sa tante Poe, qui aime ses vingt enfants et aussi tous les enfants du monde, et puis Pauro son frère adoré, son dieu, son soutien.

Pina est une géante dans un corps de petite fille. Elle est belle et grandiose, d'une incroyable générosité et une compréhension des choses qui fait montre d'une étonnante maturité tant son acuité sur le monde qui l'entoure est juste.

L'écriture de 
Titaua Peu est tout en subtilité. Que beaucoup de faits abjects soient juste suggérés nous permet d'assister à toutes ces flétrissures sans se sentir voyeur.

L'Histoire de la Polynésie depuis Matahi, l'ancêtre de 
Pina, le quotidien, la misère, le rite de la subincision, l'alcoolisme, la prostitution, l'inceste, les violences familiales et celles faites aux femmes, l'homosexualité, l'homophobie, le racisme et la pédophilie - ces poisons du colonialisme, le sexe pratiqué beaucoup trop jeune et comme on respire, la condition féminine, tout cela nous est raconté, sans fard mais avec pudeur. C'est une plongée passionnante dans l'envers du décor, ces choses que tout le monde sait mais dont on ne parle pas.

Et puis il y a tous ces destins entrelacés… et toute cette fureur qui gonfle et court vers l'inéluctable.
Une très belle écriture dont la fluidité vous emporte au gré du courant dans cet endroit qui n'est pas un paradis pour les tahitiens qui ne veulent pas et n'ont jamais voulu être français, parce que les français justement l'ont transformé en enfer pour les natifs.
Je ne suis pas près d'oublier 
Pina, sa famille et son peuple d'écorchés vifs.

Merci mille fois à Babelio_ Masse critique et Au vent des îles pour m'avoir permis de découvrir ce magnifique et douloureux roman avec ses personnages poignants, ainsi que cette autrice que je vais suivre désormais.

 

Citations :

Page 31 : Elle regarda au loin, par-delà la cime des vieux flamboyants, et pour la première fois, ses lèvres ont murmuré « maman », timidement, douloureusement. Elle pensa très fort à ce mot. C’était le plus joli mot que Dieu avait inventé et que le vent venait d’emporter.

 

Page 52 : Je sais pas si j’ai déjà dit que tante Poe avait des tonnes de gosses. Sûrement, parce que c’est la première chose à laquelle on pense, quand on la voit. Large, obèse, mais agile, des seins aussi vertigineux que les montagnes de chez moi, qu’on n’escaladait jamais. Tout ça, c’était le corps de tatie. Un corps fait, taillé pour porter le plus d’enfants possible, pour consoler les chiards, leurs petites et leurs grosses douleurs. Un corps qu’apparemment son mari aimait, aimera toujours, jusqu’au moment où le soleil et la terre seront vidés de leurs souvenirs.

 

Page 70 : Ils étaient adultes et les rêves, ils les avaient largués depuis longtemps.

 

Page 167 : Souffrir pour quelqu’un qui ne se sait pas perdu, il n’y a presque rien d’aussi terrible.

 

Page 177 : Tuer, c’est très facile, vous savez. Celui qui a le projet de le faire, possède une force extraordinaire, possède toutes les légitimités de son côté.

 

Page 269 : Ce matin-là, avant de mourir, il a eu des yeux très étranges, un sourire moqueur, diabolique, il lui a sorti qu’un jour elle comprendrait que cette religion importée ne les élèverait pas. Ni eux, ni leurs descendants. Cette religion était la religion de l’exclusion. Ne croire qu’en un seul Dieu, c’était annuler toute possibilité aux hommes de s’élever au rang de divinité, et donc d’approcher la perfection. Ainsi, avec la religion chrétienne, l’homme sera condamné à n’être qu’un homme. Une créature toujours imparfaite, toujours demandeuse, toujours peureuse.

 

 

 

 

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Mon avis : Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi – Mathias Malzieu

Publié le par Fanfan Do

Éditions Flammarion

 

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Quatrième de couverture :

Mathias, un jeune homme d'une trentaine d'années, vient de perdre sa mère. Sur le parking de l'hôpital, il rencontre un géant qui l'aide à accepter de vivre malgré cette disparition et l'invite à un voyage fantastique dans le pays des morts. Cette évasion dans l'imaginaire lui permettra de passer d'un monde enfantin peuplé de super héros rassurants au monde plus cru et cruel des adultes. Dans la lignée d'un Tim Burton ou d'un Lewis Carroll, Mathias Malzieu signe ici un texte unique, à la fois conte d'initiation survolté et roman intimiste bouleversant. Un texte d'une force, d'une drôlerie et d'une poésie universelles, écrit parfois comme on peut crier sa douleur, ou l'envelopper dans le coton de ses rêves.

 

Mathias Malzieu est le chanteur du groupe Dionysos. Après un recueil de nouvelles très remarquées, 38 mini western (Pimientos. 2003), il signe ici son premier roman.

 

" Il écrit court, irréel, cinglant, doux-amer et souvent absurde, dans la grande tradition des livres pour grands enfants, de Roald Dahl au précieux Tim burton. " Les Inrockuptibles

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Depuis bientôt trente ans je m'accroche à l'instant de ma vie où mon coeur s'est effondré sur lui-même. Je cherche à travers les écrits des autres à retrouver cet instant de bascule, le moment précis où on apprend que Maman vient de devenir un mot du passé. Cette faille dans le temps où on entre dans la grande fraternité de celles et ceux qui n'ont plus de maman à câliner, qui n'ont plus de bras dans lesquels se réfugier quand ils se sentent tout petit.

 

Mon avis :
Et c'est vrai, c'est là, c'est écrit ! 
Mathias Malzieu sait ce que j'ai ressenti, il l'a écrit, là, dans son livre, cet instant où la terre s'arrête de tourner, il l'a senti, ça l'a foudroyé, quand sa maman est devenue un être d'avant. Elle était, et sans bruit, elle n'est plus. Et pourtant, quel fracas intérieur !

Il y a aussi des moments très drôles, sur l'absurdité de la vie, de la mort, des bondieuseries. J'aime la façon qu'a 
Mathias Malzieu de parler du trépas, le refus de la mort de ceux qu'on aime, sans cérémonie, voire avec une tendre irrévérence. Toutes les pensées, les réflexions et les divagations que lui inspire le chagrin provoqué par la mort de sa mère sont d'une beauté absolue. Il invente un géant qui va l'aider à lutter contre cette mort insupportable, quand d'autres, comme moi, rêvent de leur défunte maman qui revient de temps en temps de l'au-delà voir si ça va bien, afin d'éloigner la camarde et repousser les limites de l'absence définitive. J'ai vibré en lisant ces lignes et je me suis retrouvée auprès de ma mère, il y a presque trente ans, quand j'ai compris que j'allais devoir apprendre à vivre sans elle.

Ce cours roman est un long poème en prose. C'est magnifiquement écrit, j'ai eu la sensation d'entrer en communion avec le texte et les pensées de 
Mathias Malzieu, qui rendrait presque belle la mort. Il exprime parfaitement avec sa fantaisie et ses mots toute l'étendue de l'indicible douleur de cette perte là, de ce deuil impossible.
 

Citations :

Page 15 : 19h30, « c’est fini ». Dans l’horloge de ton cœur, la petite aiguille ne remontera plus jamais vers midi.

 

Page 18 : Tout le monde avait peur. Peur que tu partes. Et maintenant que tu es partie, on a encore plus peur.

 

Page 24 : Comment on va faire maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu’est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? Qu’est-ce qui se passe pour toi là ? du rien ? du vide ? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort ?

 

Page 51 : Papa, Lisa et moi commençons notre longue journée de logistique funéraire.

D’abord, la mairie : épeler ton nom, pour bien dire que tu n’existes plus. Puis le cimetière : choisir l’emplacement. Comme au camping, ombragé, pas ombragé, près de la sortie, loin de la route, à l’abri du vent…

 

Page 55 : Quand ça sera mon tour de mourir, je voudrais m’évaporer. Je ne veux pas que quelqu’un que j’aime ait à choisir où m’enterrer et dans quelle boite.

 

Page 112 : - Elle va revenir, je l’attends avec des étoiles et des gâteaux, elle en a marre des fleurs, elle en a marre d’être morte, c’est trop long...

 

 

 

 

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Mon avis : L’étranger – Albert Camus

Publié le par Fanfan Do

Éditions Folio

 

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Résumé :

À la mort de sa mère, Meursault, indifférent à cet évènement, se rend à l’asile de vieillards pour veiller son corps, et le lendemain, toujours aussi indifférent, il suit le cortège funéraire et rentre chez lui, fatigué de cette journée passée dans la chaleur étouffante d’Alger. Le surlendemain, il rencontre à la plage une jeune femme, Marie, dont il devient l’amant. Meursault évoque alors comme dans autant de notes sa vie quotidienne : l’ennui du dimanche, la fatigue physique, les cigarettes qu’il fume, sa vie atone d’employé de bureau, et les voisins de son immeuble, notamment le vieux qui bat son chien, seule activité qui justifie son existence. Un jour, un acte inattendu de sa part va irrémédiablement changer le cours de sa vie.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Ma fille insistait pour que je le lise et puis j’ai pensé qu’il était temps pour moi de lire des classiques.

 

Mon avis :
Cette histoire se déroule dans une Algérie qui à l'époque était la France.
Ce roman m'a immédiatement donné un terrible sentiment de solitude.
La première phrase, terrifiante, "Aujourd'hui maman est morte", une des pire que l'on est amené à entendre au cours de sa vie, m'a subitement rendu le monde vide et glacial, caillou perdu dans l'univers, avec absolument rien pour le rendre beau.

Meursault vient d'enterrer sa mère, sans verser une larmes, ce qu'il paiera très cher, et il donne l'impression de vivre comme un automate. Il respire parce que ses poumons le font, il se meut parce que son corps le peut, il mange parce que c'est un besoin vital. Il m'a donné le sentiment de ne pas savoir pourquoi il existe et surtout de ne même pas se poser la question. Il semble n'aimer ni ne détester quoi que ce soit, comme s'il était une coquille vide.

Je me suis dit que c'était l'histoire d'un mec dont la vie est d'une platitude affligeante. Sauf que, j'ai été en état de stupéfaction en découvrant Meursault petit à petit. Je me suis demandé s'il n'était pas juste un cartésien à l'extrême qui trouve tout totalement vain. Cet homme médiocre m'a captivée. Il a l'air spectateur de sa vie plutôt qu'acteur. Il semble être en dehors de lui-même, de toute morale, de tout sentiment.
De plus, l'idée que je me faisait de son apparence a fluctué à mesure que j'avançais dans l'histoire. Au début je l'ai imaginé petit, quadra, mou et bedonnant. Plus tard je l'ai vu jeune, grand et… insignifiant. une sorte de caméléon en somme, sans intérêt, et pourtant…

Mais voilà, il fait des choses, qui se font quand on vit en société, avec des amis, des copains, ou plutôt des connaissances, tous ces rituels sociétaux qu'on suit, parfois juste comme ça, et puis soudain il va bouleverser son destin, presque par hasard.
J'ai trouvé la fin complètement romanesque, incroyable et grandiose dans sa déraison.
J'ai envie de résumer ce qui arrive à Meursault en reprenant les paroles d'une chanson de Georges Brassens "Non les braves gens n'aiment pas que l'on prenne une autre route qu'eux." Eh oui, parce que l'image qu'on donne de soi peut avoir des conséquences terribles à supporter… 🎼 Je ne fais pourtant de tort à personne 🎶…

 

Citations :

Page 27 : Je regardais la campagne autour de moi. À travers les lignes de cyprès qui menaient aux collines près du ciel, cette terre rousse et verte, ces maisons rares et bien dessinées, je comprenais maman. Le soir, dans ce pays, devait être comme une trêve mélancolique. Aujourd’hui, le soleil débordant qui faisait tressaillir le paysage le rendait inhumain et déprimant.

 

Page 39 : J’ai pensé que c’était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j’allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n’y avait rien de changé.

 

Page 93 : J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux.

 

Page 105 : J’allais lui dire qu’il avait tort de s’obstiner : ce dernier point n’avait pas tellement d’importance. Mais il m’a coupé et m’a exhorté une dernière fois de toute sa hauteur, en me demandant si je croyais en Dieu. J’ai répondu que non. Il s’est assis avec indignation. Il m’a dit que c’était impossible, que tous les hommes croyaient en Dieu, même ceux qui se détournaient de son visage. C’était là sa conviction et, s’il devait jamais en douter, sa vie n’aurait plus de sens.

 

 

 

 

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Mon avis : Indochine en BD - Gaet's - Sébastien Bataille

Publié le par Fanfan Do

Édition Petit à Petit

 

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Résumé :

À l’occasion des 40 ans du plus grand groupe de rock français, découvrez l’épopée d’Indochine en Docu-BD ! Un album de 176 pages qui vous emmène de l’enfance des frères Sirkis à la tournée événement des 40 ans. La particularité du Docu-BD permet au lecteur de découvrir l’histoire du groupe en BD et d’enrichir ses connaissances en lisant le documentaire, qui présente le contexte social et politique de chaque album, les influences artistiques du groupe, l’origine de chaque chanson

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’ai toujours aimé Indochine et ma fille a eu l’excellente idée de m’offrir ce livre pour Noël.

 

Mon avis :
Dès les premières pages qui relatent le concert hommage à Stéphane, le frère jumeau de Nicolas, mort à 39 ans, j'ai été assaillie par un maelström d'émotions, la nostalgie de mes 20 ans, époque où j'ai découvert et adoré instantanément 
Indochine, et j'ai entendu leur musique arriver en rafale dans ma tête.

C'est magique de suivre le parcours d'
Indochine depuis ses débuts, et même depuis l'enfance des frères Sirchis.
Un parti pris que j'ai trouvé intéressant et judicieux c'est d'avoir fait appel à des dessinateurs multiples pour illustrer les différentes étapes de leur vie, avec une alternance entre planches de BD et pages de textes. C'est assez génial de voir la perception des différents graphistes. Certains sont sobres, d'autres plutôt rocks, jusqu'à ceux qui donnent dans le déluge de couleurs. J'ai vraiment beaucoup aimé !

J'ai suivi avec passion l'ascension de ce groupe que j'aime depuis 40 ans. J'ai replongé avec délice dans les années 80, et pourtant je déteste mes souvenirs de cette époque.
Mon cœur a saigné à l'évocation de leur traversée du désert. Mais qui donc est responsable de cela ? le crétinisme ambiant qui se laisse influencer par les médias tout puissants et spécialistes du retournage de veste ? Ou un trio d'humoristes avec leur chanson Isabelle… qui m'avait fait marrer aussi sans me provoquer de désamour pour le groupe ?
Dès lors qu'on devient trop populaire on se fait traîner dans la boue.
Malgré ce passage à vide, 40 ans plus tard le groupe existe toujours, plus aimé que jamais, et 
Nicola Sirkis, dont la voix a gagné en puissance au fil des ans, est un phénix.
Fan moi ? Pas exactement. C'est juste que, dès que j'entends leurs premières notes je deviens extatique et mon cœur entre en résonance ! Je crois même que je me mets à briller dans le noir XD.

Si vous aimez 
Indochine et si vous voulez tout savoir, de sa genèse à maintenant, c'est le livre qu'il vous faut lire.
Voilà, j'ai appris beaucoup de choses et ça me laisse admirative.
Sur ce, je vous laisse, je dois aller réécouter toute la discographie d'
Indochine pour faire du bien à mes oreilles et à mon petit cœur de vingt ans ❤ 😉‼️
 

Citations :

Page 9 : Après la mort de Stéphane, j’ai erré pendant un mois et demi en me demandant si ça en valait la peine. Et j’ai décidé de continuer, pour lui.

 

Page 111 : L’influence de « J’ai demandé à la lune » sera grande, et pas seulement sur les radios : elle réparera l’injustice qui consistait à classer Indochine dans la catégorie des groupes finis et elle imposera Nicola Sirkis comme une icône intime de sang et de lumière pour des générations de fans.

 

Page 139 : Indochine ne fait pas partie des « assis », le groupe ne s’est jamais couché devant les règles avilissantes de l’industrie du disque et devant les capitulations vulgaires du show business.

 

Page 165 : J’aimerais être intemporel, ne pas voir mes enfants grandir ni partir, je préférerais avoir 30 ans pour vivre encore plein de décennies.

 

 

 

 

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Mon avis : Idaho – Emily Ruskovich

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Simon Baril

 

Éditions Gallmeister

 

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Quatrième de couverture :

Idaho, 1995. Par une chaude journée d’août, une famille se rend dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. Tandis que Wade, le père, se charge d’empiler les bûches, Jenny, la mère, élague les branches qui dépassent. Leurs deux filles, June et May, âgées de neuf et six ans, se chamaillent et chantonnent pour passer le temps. C’est alors que se produit un drame inimaginable, qui détruit la famille à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie avec Ann au milieu des paysages sauvages et âpres de l’Idaho. Mais alors que la mémoire de son mari s’estompe, Ann devient obsédée par le passé de Wade. Déterminée à comprendre cette famille qu’elle n’a jamais connue, elle s’efforce de reconstituer ce qui est arrivé à la première épouse de Wade et à leurs filles.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

C’était ma première lecture du @challengegallmeister de @read_look_hear et @chinouk35 sur Instagram

 

Mon avis :
Ann aime Wade, est mariée à lui depuis huit ans alors que sa vie à lui a volé en éclat neuf ans plus tôt. Il avait une femme, Jenny, et deux filles, June et May, dont on ne sait rien quand l'histoire débute.
Ce couple m'a semblé constitué de silence et d'une étrangeté menaçante. Comme si, sous des airs de lente quiétude un danger rodait.
Tout m'a semblé éthéré au départ, les mots, les actes, le temps qui passe... qui passe si doucement. Tout paraît feutré, il y a une sorte de délicatesse qui affleure en continu, que j'ai trouvée extrêmement envoûtante, presque apaisante, sauf par moments où une angoisse s'insinue, sournoise et menaçante.

À mesure qu'on avance, on apprend des choses, distillées au compte-gouttes, comme si des secrets allaient être révélés.
Que s'est-il passé le jour où tout a basculé ?
L'autrice nous fait faire des allers-retours dans le passé, nous balade dans les différentes époques de cette famille élargie, puisque Wade a refait sa vie avec Ann qui considère les filles disparues de son époux comme sa famille, sans pour autant les avoir connues. On apprend, sur les membres de cette tribu, un peu plus à chaque fois.

Il y a énormément d'amour dans cette histoire, le genre d'amour qui soulève les montagnes. Mais aussi une insondable tristesse, liée au passé, au deuil, aux souvenirs évanouis, aux questions sans réponses, à un terrible sentiment de solitude.
J'ai été sous le charme du début à la fin de cette étrange histoire, ensorcelante et déchirante, qui donne une place énorme à la nature majestueuse et immémoriale, dont l'écriture si belle est emplie de poésie.


 

Citations :

Page 29 : Elle a appris à gérer les moments où la mémoire de Wade défaillait. Parfois elle sentait que cela se produisait sans même qu’il ait prononcé le moindre mot. Un jour d’automne ensoleillé, allongée à côté de lui dans l’herbe, tandis qu’il somnolait, elle a senti l’ancienne vie de Wade, ses souvenirs, s’évaporer à travers sa peau. Elle a senti que tout le quittait, tout sauf elle. Alors elle s’est à son tour vidée de sa propre vie pour être sur un pied d’égalité avec lui. Ils sont restés étendus l’un contre l’autre, tel un fragment de temps.

 

Page 142 : Wade et Jenny sont des gens des plaines. Des gens des plaines vivant sur une montagne dont ils n’avaient pas remarqué qu’elle était beaucoup plus grande qu’eux. Un terrain acheté sans trop réfléchir parce qu’il n’était pas cher, parce qu’il n’avait rien à voir avec la plaine. Que d’arrogance et de puérilité ! Un rêve qui les avait emportés comme une avalanche.

 

Page 202 : Elle a pris le passé de Wade et l’a étalé devant elle, faisant de son propre avenir un retour en arrière, alors même que ce passé disparaît. Ce lent effacement, cette ligne blanche traversant l’obscurité de la mémoire de Wade, voilà ce qu’Ann suivra toute sa vie durant. Et, à n’en pas douter, cela la mènera jusqu’aux portes de sa propre prison secrète.

 

 

 

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