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Mon avis : Nous les menteurs – E. Lockhart

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Nathalie Parrony

 

Éditions de Noyelles

 

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Quatrième de couverture :

Une famille belle et distinguée.

L’été. Une île privée.

Le grand amour. Une ado brisée.

Quatre adolescents à l’amitié indéfectible,

les Menteurs.

 

Un accident. Un secret. La vérité.

 

Un drame familiale époustouflant où culmine le suspense.

Une lecture qui, à peine terminée, donne envie de retourner

à la première page pour recommencer...


 

 

Mon avis :
On est prévenus, chez les Sinclair tout le monde est blanc, blond, beau, intelligent, parfait, et dans cette famille on a la culture de la gagne. En réalité, ils ont la tête dans le sable, ils ne veulent rien savoir, rien voir de la triste réalité. Car oui, chez les familles riches à qui tout a toujours souri, il faut constamment sauver les apparences… parce que chez ces gens-là on ne pleure pas…

En fait ce roman raconte quelque chose de terrible, un état d'esprit dérangeant, une philosophie familiale sectaire et glaçante. Un été, Cadence, la narratrice a un accident, mais quoi ? Ses séquelles sont tellement étranges. Somatisation ? Amnésie traumatique ? Qu'est-il arrivé dans ce paradis estival ?

Les vacances en famille, tous les étés sur leur île à eux, avec leurs quatre maisons. Les menteurs : trois cousins du même âge, Cadence, Johnny, Mirren, plus Gat l'ami de Johnny, la pièce rapportée. Adolescents libres comme l'air, la plage, les baignades, les feux de camp, ça ressemble au bonheur de l'enfance, à la vie facile.
Cependant il y a de la dureté car les parents reproduisent des schémas éducatifs dont ils ont sans doute souffert eux-mêmes, et pourtant immuables. Never complain, Never explain. Un vrai panier de crabes.

Alors je me suis bien laissée embarquer dans cette histoire familiale de vacances, de cousins et cousines, moi qui n'en ai pas, et cette très belle prose, très imagée et poétique, enveloppée dans une ambiance hypnotique. Évidemment j'ai émis des hypothèses quant au mystère qui plane et j'ai été cueillie car je ne l'ai pas vu arriver. En réalité, la fin m'a pétrifiée.

J'ai énormément aimé ce roman jeunesse qui contient beaucoup de beauté mais aussi de laideur. D'un côté l'idéalisme de la jeunesse, les rêves d'avenir et le refus des compromissions de ces adultes hypocrites, de l'autre la cupidité, le pouvoir sur les âmes que parfois confère l'argent, avec un patriarche persuadé que tout s'achète.
J'avais offert ce roman à ma fille car j'avais trouvé la quatrième de couverture très attrayante. Pas étonnant donc que je l'ai apprécié.
Ce livre est un véritable page turner. Et désolée pour les puristes de la langue française, je ne trouve pas de terme plus approprié.

 

Citations :

Page 14 : Mon histoire commence avant l’accident. L’été de mes quinze ans, au mois de juin, mon père nous a quittées pour une femme qu’il aimait plus que nous.

 

Page 34 : J’ai regardé son profil. Il n’était pas seulement Gat. Il était la contemplation et l’enthousiasme. L’ambition et le café noir. Tout ce qui se cachait là, derrière ses yeux bruns, sa peau veloutée, sa lèvre inférieure charnue… C’était de l’énergie pure, prête à jaillir.

 

Page 52 : Ça va s’arranger, m’ont-ils assuré.

Tu ne vas pas mourir.

Tu vas juste beaucoup souffrir.

 

Page 208 : Ma mère et ses sœurs dépendaient de grand-père et de sa fortune. Elles avaient eu la meilleure éducation, toutes les opportunités et les contacts dont on pourrait rêver, mais elles étaient incapables de subvenir elles-mêmes à leurs besoins. Aucune d’entre elles n’avait fait quoi que ce soit d’utile dans ce monde. Rien de nécessaire. De courageux. Elles étaient restées comme des petites filles s’efforçant de faire plaisir à leur papa. Il était leur unique gagne-pain — et elles n’aimaient que le pain de luxe.

 

 

 

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Mon avis : Un petit boulot – Iain Levison

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Franchita Gonzalez Batlle

 

Éditions Liana Levi piccolo

 

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Quatrième de couverture :

Une petite ville américaine ravagée par la fermeture de l'unique usine. Un héros qui perd non seulement son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie. Pour ne pas perdre aussi sa propre estime, il est prêt à accepter n'importe quel «petit boulot», y compris celui qu'un bookmaker mafieux lui propose Un portrait au vitriol de l'Amérique des laissés-pour-compte.

 

 

Mon avis :
Le chômage longue durée, la précarité, les lendemains incertains… que serait-on prêt à faire pour ne plus vivre dans cette angoisse ? Et justement, notre héros, Jake Skowran, se trouve face à cette question, cette angoisse existentielle, et une proposition délirante extrêmement bien rémunérée. Est-il prêt à perdre son âme pour de l'argent ? Et la réponse est clairement OUI ! En tout cas c'est ce qu'il dit.

En réalité c'est impossible d'en dire plus sur ce livre au risque de dévoiler ce qu'on ne doit découvrir qu'à la lecture de l'histoire, sauf peut-être que ça raconte une reconversion professionnelle très spéciale.
J'ai trouvé ça très drôle, caustique, ironique, et un poil cynique mais le monde est comme ça. Les puissants se servent des petits sur lesquels ils marchent comme sur des pas japonais, sans aucun scrupule, pour ne pas se mouiller les pieds, les jettent comme des vieilles chaussettes quand ils estiment n'en avoir plus besoin, et puis un jour ça pète quand les faibles en ont marre.
L'auteur se moque aussi des clichés bourrage de crâne véhiculés par les séries télé sur la famille et le rêve américain histoire de bien abrutir le peuple.

Ce roman est une critique acerbe des États-Unis mais pas que. J'y ai vu la critique du système capitaliste dans son ensemble, totalement déshumanisé, où seul le fric importe, où il y a des très (trop) riches et des pauvres. C'est la même chose chez nous où on vire des gens pour mieux payer des actionnaires, où on délocalise pour gagner toujours plus en exploitant encore plus de gens.
Jake qui était la droiture même va devenir assez immoral, voire même totalement amoral et c'est extrêmement drôle d'assister à sa métamorphose et à ses pensées.
Et c'est bien, parce que ce roman m'a fait rire avec quelque chose de triste et lamentable. Et quand on ne peut rien changer aux choses il vaut sûrement mieux essayer d'en rire… un peu… car quand on gratte un peu le vernis on se rend compte que la société est injuste et indécente. Et le rire est souvent salvateur.

J'ai adoré cette histoire sans foi ni loi mais tellement joyeuse, à l'humour corrosif.

 

Citations :

Page 12 : Mais je commence à me demander pourquoi il m’a fait venir. Il a besoin de quelqu’un pour quelques corvées ou quoi ? C’est vraiment nécessaire de revenir sur ma carrière de parieur ? Visiblement, la liste de mes paris dénote quelques erreurs de jugement, sinon je ne serais pas ici.

 

Page 18 : Je crois que je peux te faire confiance. Et puis tu es intelligent. Tu es exactement le type d’homme qui a vraiment besoin de ça, mais tu n’irais pas le raconter partout si tu décidais de ne pas le faire. En plus, tu n’es pas marié. Tu n’as personne avec qui partager tes inquiétudes là-dessus. Pas de femme pour que je me tracasse de savoir si tu lui en as parlé ou pas. Les hommes racontent tout aux femmes sur l’oreiller, et toi tu ne baises pas.

 

Page 42 : Si le directeur de l’empire Gas’n’Go m’appelait demain pour me dire que je suis foutu dehors encore une fois, la qualité de mon travail n’en souffrirait pas. Je n’arrêterais pas de nettoyer et je ne me mettrais pas à voler, comme ils le pensent. C’est pour ça que, en supposant que les licenciements soient jamais nécessaires, nous ne l’apprenons qu’à la dernière minute. Ils considèrent chaque fourmi ouvrière comme un traître potentiel qui crève d’envie de s’emparer de leur bien.

 

Page 112 : Je pourrais m’en acheter une bien mieux, rien qu’avec ce que j’ai dans le tiroir à chaussettes, je sais, mais l’angoisse est toujours là.

Je sais maintenant que tout peut disparaître très vite. Pas seulement l’argent, mais la vie, la stabilité. Rien de tout cela n’est réel. Les pauvres le savent. C’est pour ça qu’ils investissent si rarement, qu’ils font si rarement avec leur argent quelque chose qui leur en rapportera davantage. Investir dans l’avenir est un luxe de riches. Les pauvres cherchent seulement des moyens de rendre le présent supportable.

 

Page 126 : Je n’ai jamais compris pourquoi il y a des gens qui ont peur de la peine de mort. Moi, j’ai peur de passer ma vie en prison.

 

 

 

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Mon avis : B comme bière – La bière expliquée aux (grands) enfants – Tom Robbins

Publié le par Fanfan Do

Traduit par François Happe

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

À la veille de ses 6 ans, Gracie s'interroge. Quel est ce mystérieux liquide que les adultes ingurgitent avec une telle satisfaction ? Si son père élude ses questions sur la bière, l'Oncle Moe s'avère plus loquace. Il propose même à sa nièce de l'emmener visiter la Brasserie Redhook. Mais quand elle apprend que la visite n'aura pas lieu, Gracie a un accès de colère et engloutit une canette trouvée dans le frigo. Elle voit alors surgir la sympathique Fée de la Bière. Commence alors pour la fillette un voyage fabuleux et instructif au pays de l’alcool couleur de miel.
B comme bière est un conte enchanteur dont la lecture a l'art d'enivrer petits et grands. À consommer sans modération.

 


 

Mon avis :
Gracie, presque 6 ans, a un papa qui aime la bière, comme le mien. Elle aimerait savoir ce que ce mystérieux liquide a de magique pour que les adultes en ingurgitent autant avec tant de plaisir. À cause d'une déception de la part de l'Oncle Moe ( tiens donc, il me dit quelque chose lui ) et il faut avouer que les adultes sont souvent décevants pour les enfants, Gracie va se siffler une canette trouvée au frigo et la fée de la bière va lui apparaître. AH AH ! Moi aussi j'aime bien les canettes qui sortent du frigo mais je vois plutôt des éléphants roses !!!

Alors j'ai trouvé ça très intéressant, je suis même allée vérifier des choses qui me faisaient douter… eh oui, il y a plein de vitamines dans la bière ! Et pas que ça ! En fait, ce livre dit plein de choses très intéressantes sur plein de sujets, en partant de la bière jusqu'au Costa Rica, mais aussi que la Belgique, pays de mes ancêtres, compte trois cent soixante-cinq appellations de bières. Waouhhh !!!
Et puis c'est très drôle aussi ! Les saillies de 
Tom Robbins fusent aux moments où on ne s'y attend pas forcément, c'est percutant !

J'ai beaucoup aimé la tournure d'esprit de 
Tom Robbins et ses comparaisons rigolotes, pourtant… oserais-je dire que l'Oncle Moe m'a un peu soûlée avec sa bibine par-ci, sa binouze par-là ?! Un vrai jeu de piste initié par un pochtron. Heureusement qu'il a été remplacé assez rapidement par la Fée de la Bière.

Donc, c'est hyper intéressant, et c'est drôle. J'adore m'instruire de cette façon.
J'ai trouvé cet ouvrage marrant et didactique, et, contrairement à ce que j'ai lu parfois, je ne crois pas qu'il s'adresse aux enfants. Il y a certains passages qui selon moi ne sont pas à la portée des enfants car ennuyeux pour eux. En tout cas j'ai beaucoup aimé que l'auteur s'adresse à moi parfois comme si j'étais encore une petite mouflette qui a un grand-père.

 

Citations :

Page 12 : Seattle est le quartier général de la bruine pour le monde entier et, en automne, celle-ci laisse une sorte d’éruption cutanée grisâtre et humide sur tout, comme si la ville était un bébé qu’on a oublié trop longtemps dans une couche mouillée et qu’on a ensuite roulé dans le papier journal.

 

Page 22 : Vous savez ce que c’est le golf hein ? C’est comme du basket pour les gens qui sont incapables de sauter et comme une partie d’échecs pour les gens qui sont incapables de réfléchir.

 

Page 56 : À Seattle, en octobre, il fait déjà si sombre à 6 heures du soir que les chauves-souris sortent faire leurs courses, à la recherche d’insectes abordables, et que les étoiles craquent des allumettes humides pour essayer de baliser un chemin dans l’obscurité.

 

Page 84 : Pour une raison quelconque, les Égyptiens de l’époque ne se contentaient pas de survivre. Ils voulaient qu’on se souvienne d’eux à tout jamais, c’est pour ça qu’ils ont construit les pyramides, mais ils voulaient aussi se sentir suffisamment gais et avoir la tête qui tourne, c’est pour ça qu’ils ont inventé la bière.

 

Page 101 : Mais écoute ceci : on vend cent trente-six milliards de litres de bière dans le monde chaque année. Combien crois-tu que l’on en vendrait s’il n’y avait pas d’alcool dedans ?

 

 

 

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Mon avis : Le monstre des Hawkline – Richard Brautigan

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Michel Doury et Lorraine de la Valdène

 

Éditions 10/18

 

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Quatrième de couverture :

"Plus qu'une écriture, ce livre a au fond un parfum :

pour être tout à fait franc,

il faut y voir quelque chose comme le mélange

d'une senteur de genévrier frais le matin

et d'un relent de hasch dans une cuisine.

"Ce roman est écrit pour les copains du Montana",

prévient Brautigan dans une dédicace.

Il faut le recevoir comme ça :

la bonne,

la très bonne histoire contée par un gars

qui doit pas beaucoup hésiter

pour s'en rouler un petit et après,

tasse de thé à la main et bûche dans l'âtre,

s'offrir une rêverie aussi élaborée

que les stratégies échéquiennes de Bobby Fischer.

Un grand maître de l'imagination."

Jean-François Fogel

Libération (1977)

 


 

Mon avis :
1902.
Cameron et Greer, deux tueurs à gages en carton, beaucoup trop empathiques pour être efficaces à 100%.
Un jour Magic Child vient les chercher pour les emmener auprès de sa patronne Miss Hawkline qui a une mission, extrêmement bien payée, pour eux.

Mais alors, comment parler de ce livre complètement barré ?!
Alors que nos deux "héros" sont des tueurs dont l'un a des tocs, qu'ils baisent des putes de quatorze ans (c'est pas moi qui le dit, c'est Brautigan), qu'il y a de-ci de-là des pendus dans le décor, il y a un je ne sais quoi de facétieux dans la narration, et ça donne tout le temps envie de sourire, et parfois ça fait rire.

Des chapitres extrêmement courts, souvent une page et demie, parfois seulement quelques lignes et ça donne un rythme particulier que j'ai bien aimé, comme pour cadencer les étapes de leur voyage et de leur mission. C'est bourré d'échanges absurdes, et de faits anecdotiques, comme par exemple les cerfs qui broutent les fleurs sur les tombes du cimetière, au grand dam du Pasteur.

On avance dans cette histoire farfelue et carrément irrévérencieuse où le langage est cru, où les dialogues sont souvent complètement ébouriffants d'absurdité, et on se retrouve dans le surnaturel sans l'avoir vu venir. Brautigan s'est amusé au mélange des genres en mode loufoque. J'ai trouvé ça réussi, je n'ai jamais rien lu de tel, c'est jubilatoire.

Cette étrange histoire m'a prise par la main et m'a emmenée jusqu'à l'épilogue sans que j'aie envie de m'arrêter. Ce livre est dingue, tout simplement. Je l'ai adoré !

 

Citations :

Page 27 : À la sortie de Grompville, un pendu se balançait au pont qui traversait le fleuve. Son visage portait une expression incrédule, comme s’il ne pouvait pas encore croire qu’il était mort. Simplement, il refusait de croire qu’il était mort. Il n’y croirait qu’après qu’on l’eut enterré.

 

Page 54 : L’ivrogne était étalé le nez dans la poussière au milieu de la grand-rue. Il gisait inconscient et paisible sous le soleil poussiéreux de l’été. Il avait les yeux fermés et un sourire en coin. Un gros chien jaune lui reniflait les bottes et un gros chien noir reniflait le gros chien jaune. Ces chiens étaient heureux. Tous deux remuaient la queue.

 

 

 

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Mon avis : Le chat qui rendait l’homme heureux – Tome 2 – Umi Sakurai

Publié le par Fanfan Do

Éditions Soleil Manga

 

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Quatrième de couverture :

Un jour, un homme rencontra un chat.

Pour lui qui n’avait jamais eu d’animal de compagnie,

La vie avec « Fukumaru » ( bonheur plein et entier), devint soudainement

pleine de surprises et de joies… et réciproquement !

Grâce à ce quotidien fait de tâtonnements à deux, le temps,

qui semblait s’être arrêté pour l’homme, reprit doucement son cours…

Découvrez la tendre histoire de deux êtres en mal d’amour.

 

 

Mon avis :
Retour à la douceur avec le Tome 2 des aventures de Fukumaru le chat doudou dodu totalement craquant qui aime passionnément Kanda, son papa humain qui l'a sorti du magasin où il attendait désespérément d'être adopté.

Et c'est encore une grosse dose d'amour et de câlins et ça fait tellement de bien ! Car il y a vraiment des belles choses dans ce monde, et ça vient très souvent des animaux.

Les dialogues entre le félin et son humain, le moindre acte de l'humain qui peut se transformer en jeu pour son matou, les ronrons, les dodos ensemble où c'est le plus petit qui prend le plus de place, pour moi tout ça c'est du vécu et c'est sans doute pourquoi je suis en totale osmose (et gâtisme) avec ce manga. Dans ce tome 2 on en apprend peu à peu un peu plus sur le passé de Fukumaru et Kanda. Et puis on sait ce que pense Fukumaru, ce qu'il dit, d'ailleurs il parle un peu en miaou. Oui, oui, c'est rigolo et tellement choupinou !!
Et, en ce moment, avec l'actualité et cette foutue humanité qui ne sait plus quoi faire pour pourrir la vie, il y a vraiment de quoi se jeter dans le vide, avec le quotidien aussi tellement on ne sait pas où on va, alors ce manga, c'est une bulle d'oxygène, une montée d'ocytocine, un moment de grâce, une parenthèse enchantée.

Umi Sakurai à tellement bien su capter et retranscrire la quintessence du chat !

 

 

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Mon avis : Les chiens-monstres – Kirsten Bakis

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Marc Cholodenko

 

Éditions Plon - Pocket

 

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Quatrième de couverture :

New York en 2008

D'étranges chiens s'installent en ville

Des chiens extraordinaires, munis de prothèses de mains humaines, marchant sur leurs pattes arrières, intelligents et doués de la parole. Les chiens-monstres, fruit des obscures travaux d'un savant fou et génial. Élégants et riches, leurs manières raffinées cachent pourtant un terrible secret. Seule Cleo Pira, une jeune journaliste qui a gagné leur confiance, sait ce qui se trame dans l'immense et luxueux château que les chiens-monstres ont fait construire au cœur de la ville.

 

Née en Suisse, Kirsten Bakis à grandi aux États-Unis. Elle vit actuellement à New York. Cet ouvrage est son premier roman.

 

 

Mon avis :
Deux narrateurs nous emmènent à travers cette histoire. Tout d'abord Cleo, jeune journaliste malgré elle, dont la préface nous parle de l'arrivée des chiens-monstres à New-York en 2008.
Puis le prologue, extrait du journal de Ludwig von Sacher, chien-monstre de son état. Il nous parle d'Augustus Rank, espèce de savant fou prussien qui conçut l'idée de ces chiens en 1882 pour le servir.
Puis il nous raconte la vie de cet illuminé génial et monstrueux, depuis l'enfance, sa vocation et les expériences terribles qu'il a faites sur des animaux. Car Ludwig, historien, s'est donné pour mission de retracer la vie de Rank et la genèse de leur existence à eux 
les chiens-monstres afin de comprendre leur raison d'être et laisser un témoignage au monde.
J'ai eu plus d'une fois des sueurs froides et j'ai craint d'avoir envie de lâcher ce livre, mais heureusement on n'entre jamais dans les détails horribles. Et c'est tant mieux car ces expériences sur des animaux dignes d'un Dr Moreau m'ont glacée sans pourtant en avoir les précisions.

Le majeur partie de ce roman se passe bien après la mort D'Augustus Rank, et la narration de cette histoire folle nous est faite en alternance par Cleo puis Ludwig.
J'ai rapidement été happée par ce récit qui nous parle de chiens transformés en ersatz d'humains - car ils marchent debout, parlent et ont des mains - et en même temps pas tout à fait. Des chiens malheureux qui se considèrent comme des monstres à qui le monde est fermé, interdit, et se demandent pourquoi ils existent et quelle est leur place, à supposer qu'il y en ait une pour eux.

Il y a beaucoup de suspense, lié à la personnalité retorse d'Augustus Rank, à sa mégalomanie et aux actes terribles qu'il a pu commettre au cours de sa vie. Tout cela nous est distillé peu à peu par Ludwig.
L'exploitation sans vergogne que les humains se permettent sur les plus faibles, l'inconcevable, la vengeance mais aussi la grandeur des sentiments nous mènent doucement dans les méandres de cette étrange histoire.

Honnêtement, au début je me suis demandée si ça allait me plaire. Il y avait quelque chose d'un autre temps, un peu comme de la vieille SF qui situerait son histoire en 2008. Mais bien sûr, le mélange de l'époque prussienne de laquelle viennent les chiens avec leurs vêtements désuets, et l'époque actuelle donnent cette sensation hors du temps.
Ce roman, qui m'a beaucoup fait penser à un mélange de littérature gothique, de L'île du Dr Moreau et de Frankenstein, m'a tenue en haleine jusqu'à l'épilogue.

 

Citations :

Page 13 : Il n’y a pas de fidélité humaine qui puisse égaler la dévotion fanatique d’un chien.

 

Page 20 : Augustus tu te trompais ! Tes chiens t’ont oublié ! J’enlève de nouveau mon pince-nez et colle mon nez au papier. C’est un mouvement ridicule — les mots sentent l’encre Xérox et je le savais déjà. Maintenant j’en ai sur le bout du nez et toutes les autres odeurs de la pièce en sont viciées.

Si seulement je pouvais comprendre l’homme, si je pouvais le sentir, si je pouvais l’aimer, je crois que je pourrais comprendre l’histoire de ma race — je pourrais comprendre quel était son but en nous créant, ce que nous sommes.

 

Page 51 : Et c’est ainsi que, grâce à son bégaiement, le futur Dr Rank ne révéla pas ses plans à son oncle, conservant de cette manière ses chances de succès. Je ne comprends vraiment pas ce qui poussa Augustus à vouloir dire la vérité à Herr Zwigli cet après-midi là ; je me demande souvent s’il n’est pas possible qu’il ait soudain compris brièvement l’horreur de ce qu’il était sur le point de faire, et les conséquences que cela aurait par la suite.

 

Page 76 : Je me rappelle à Rankstadt… commença-t-il lentement. Rankstadt, en hiver, quand j’étais un chiot. On approchait de Noël, je crois, et… je trottais aux côtés de Prinzi Von Sacher, dans la rue. C’était la fille aînée de mon maître. J’étais très jeune alors, huit mois, peut-être, car j’avais encore le droit de marcher à quatre pattes. À l’âge d’un an nous devons — il faut commencer à marcher debout.

 

Page 92 : Je suis seul au monde, animal ridicule. Je suis sorti de mon trou de mémoire il y a quelques heures, et — je suis incapable de décrire mon état d’esprit depuis lors. J’aimerais le noter ; j’aimerais que le monde en ait un souvenir. J’ai l’impression que c’est la seule chose qui puisse me retenir, me fixer en tant que présence, même brève, dans ce monde.

 

Page 96 : Voyez-vous, Vittorio était comme un animal ; robuste, trapu, musculeux, stupide, et couvert de poils. Son âme avait été corrompue par une maladie, qui était la passion ; et elle émanait de son corps comme la lueur que produit le poisson en décomposition.

 

Page 126 : La petite église était toujours pleine les dimanches, et l’horloge dans son clocher blanc, surplombant la place du marché, marqua les heures de la ville durant cent ans. Au-dehors, bien que les habitants de Rankstadt le sussent à peine, les monarchies s’écroulaient, les économies tombaient en ruine, les gouvernements s’installaient et étaient renversés, les guerres arrivaient, la terre était dépouillée et empoisonnée.

 

Page 171 : Et c’est quelque chose qui me manque dans votre culture, à propos, — me dit-il. Tout est si aseptisé. C’est à peine s’il y a des boucheries. Et pourtant, les abattoirs qui vous fournissent en viande, je les ai vus à la télévision, ils sont vraiment épouvantables, c’est l’enfer. Ce n’est pas naturel du tout. Vous n’avez pas la chasse ou le combat ou les odeurs qui donnent son prix à tout cela, et pourtant la souffrance la plus abominable est créée.

 

Page 197 : Il nous reste si peu de souvenirs des chiens, de toute façon. Je sais que malgré le livret, malgré tout ce que Ludwig a écrit et tout ce que j’ai écrit moi-même sur eux, ils finiront par être oubliés, comme le reste. Et cependant je ne peux pas m’empêcher d’^élever une petite digue chaque fois que je le peux contre le flot du temps, pour le retenir un peu plus longtemps.

 

Page 240 : J’essayais de deviner pourquoi Ludwig avait choisi de vivre là. Je me disais que cette partie de la ville, comme nulle autre, avait des recoins et de vieux espaces verts où les fantômes pouvaient s’abriter, des endroits où les reliquats du passé n’avaient pas été balayés par les milliers de corps en mouvement et d’immeubles qui montaient et descendaient.

 

Page 287 : Dans le pays au-delà du tamis il n’y a que de la lumière, et nos corps nous manqueront. Nous les chercherons désespérément.

 

 

 

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Mon avis : Interruption – L’avortement par celles qui l’ont vécu – Sandra Vizzavona

Publié le par Fanfan Do

Éditions Stock

 

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Quatrième de couverture :

« J’ai avorté deux fois et je suis la preuve qu’un avortement peut provoquer l’indifférence ou une déflagration. Je suis la preuve qu’il peut occuper vingt ans ou les seules semaines nécessaires à son accomplissement. Qu’il peut être l’unique issue envisageable ou simplement permettre d’attendre un meilleur moment. Alors, j’ai été lasse des discours péremptoires sur les raisons pour lesquelles les femmes devraient y avoir recours et sur ce qu’elles devraient, ou non, ressentir à son occasion. J’ai eu envie d’écouter certaines d’entre elles raconter ce qu’elles avaient vécu, en refusant que d’autres parlent pour elles. Ma préoccupation n’était pas le droit à l’avortement mais le droit à la parole de celles qui l’ont expérimenté. Le droit à l’avortement est inscrit dans la loi depuis 45 ans mais son exercice doit toujours être discret, si ce n’est secret. La loi nous autorise à avorter, la société nous empêche d’en parler. Nous sommes nombreuses à nous plier à cette loi du silence, parce que la gêne et la culpabilité sont toujours là. Je suis cependant convaincue que ce droit sera toujours fragile si nous n’assumons pas pleinement d’y avoir recours comme bon nous semble et si nous pensons le protéger en faisant profil bas, laissant alors au passage certains professionnels de la santé nous malmener.
Voici donc ce livre, mélange de témoignages et d’une quête personnelle qui m’a transformée.
Ce sont quelques histoires d’interruption. Douloureuses ou anodines. Singulières. Une interruption aussi je l’espère, quand bien même furtive, du silence, de la honte et de la colère. »


Mon avis :
J'ai eu connaissance de ce livre et par la même occasion envie de le lire en écoutant une émission sur 
France Inter, La bande originale de Nagui et Leila Kaddour Boudadi, à laquelle était invitée Pascale Arbillot pour parler de la pièce tirée de cet ouvrage.
L'avortement !? Un mot qui recouvre tant de choses !! de la souffrance, physique, et morale beaucoup mais pas toujours, du jugement, énormément. Une chose que DES HOMMES souvent veulent rendre illégale. Un problème essentiellement de FEMME, car le jour où elles avortent, il n'y a pas souvent d'homme concerné pour leur tenir la main dans ce moment difficile. C'est toujours à elles qu'on jette la pierre. Comme si elles s'étaient auto-fécondées…

Nous sont offerts ici des témoignages de femmes, des jeunes et des moins jeunes, qui ont vécu le recours à l'avortement. Ça nous raconte aussi les femmes face à la société et tous ces donneurs de leçons qui ont un avis sur tout, et surtout sur ce qu'ils ne comprennent pas. Qui vous plantent des petits couteaux dans le cœur avec des petites phrases assassines et débiles : avortement de confort ; fallait faire attention ; horloge biologique ; égoïste de ne pas faire d'enfant ; pas une femme accomplie sans enfant ; et patati et patata… TAISEZ-VOUS ! Vous faites du bruit pour rien !! Vous brassez du vent et vous êtes blessants !

De nombreux témoignages de femmes, qui regrettent parfois mais pas souvent et toujours assument, ponctués du récit de l'autrice de ses deux avortements passés et de son désir d'enfant quand la quarantaine se pointe en même temps que l'homme de sa vie.

Ce livre bat en brèche tous les clichés. Il y a autant d'histoires d'avortement que de femmes qui avortent.
Mais ce livre aurait été incomplet sans témoignages de femmes qui ont avorté clandestinement à une époque où la loi l'interdisait. L'autrice leur donne la parole pour clore cet ouvrage.
Finalement avec le recul et à travers ce livre je me rend compte que c'est terrifiant d'être femme, jeune, féconde, moins jeune. Que de risques et de responsabilités ! Et que de silences !! Quand je pense qu'on a osé nous appeler "le sexe faible". On porte tellement de choses sur nos épaules.

 

Citations :

Page 13 : Premier test de grossesse. S’ensuivra une longue série au cours des vingt-cinq prochaines années : l’inquiétude variera, le verdict imploré également.

Pour l’heure, il est positif. Vertige, angoisse, solitude. Je prends conscience de ma fertilité comme d’une porte en pleine gueule.

 

Page 15 : Solitude, solitude, solitude. Je comprends immédiatement à mon réveil que je viens de vivre ma première épreuve fondamentale intime et personnelle, de celles qui n’appellent aucune consolation. Je perçois qu’elle aura des retentissements qu’il m’appartiendra seule de digérer et d’apprivoiser. C’est dans mon corps que tout cela s’est passé.

 

Page 22 : Il y avait aussi la mémoire de toutes les femmes de ma famille qui s’étaient battues pour avoir ce droit-là ; je me devais d’en user, comme du droit de vote.

 

Page 39 : J’avais beau savoir que tout cela le concernait autant que moi, je ne voulais pas vivre cette IVG autrement que de façon purement personnelle.

Je ne lui en voulais pas mais je trouvais la situation injuste : cette connerie, nous l’avions faite à deux et j’étais la seule à la subir. C’était bien moi qui étais enceinte et qui allais me faire avorter, il n’y avait qu’en moi que cela risquait de résonner.

 

Page 49 : Ils ne savent pas que mon cœur se serre dès que je rencontre un nouveau-né et que je suis hantée par l’éventualité de ne jamais sentir le mien contre moi, mais que toutes les décisions que j’ai prises, tous les choix que j’ai faits depuis que je m’imagine diriger ma vie l’ont été au nom d’une indépendance à laquelle je suis viscéralement attachée et que je ne suis pas prête à abandonner. Elle est si confortable.

 

Page 64 : Je ne sais pas combien de fois j’ai dû me le répéter ce matin-là : j’ai quarante ans. Comme si le marteler pouvait rendre vraisemblable cette information encore inconcevable la veille, bien que tant redoutée. Comment est-il possible d’avoir vingt ans puis tout d’un coup quarante ? Il me semble que me réveiller homme ne m’aurait pas plus choquée.

Puisque je n’en perçois aucun symptôme mental, je n’arrive pas à m’y résoudre : aurais-je un jour le sentiment d’être une adulte ?

 

Page 77 : On a été nourries de récits de vies perturbées ou brisées par des maternités imposées et je ne pouvais pas m’infliger cela ; il était hors de question de jouer avec l’idée qu’une femme peut sacrifier son avenir pour un enfant ; je ne pouvais pas me laisser réduire à ma condition biologique.

 

 

 

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Mon avis : Le petit chat est mort – Xavier de Moulins

Publié le par Fanfan Do

Éditions Flammarion

 

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Quatrième de couverture :

« Le petit chat est mort. Les mots sont une détonation. Les choisir pour l’annoncer aux enfants n’a pas été chose facile, alors je me suis résigné à faire simple, cinq mots et un point final. Court, cruel, monstrueux. »

Des petites choses et des plus grandes pour mieux vivre sous les orages à la saison des hécatombes.

 

 

Mon avis :
Dans ce court livre de 123 pages, 
Xavier de Moulins raconte la vie et la mort du petit chat. Son petit chat. Mais pas que. Il y a la famille, les amis, les souvenirs. Ce n'est pas un roman, c'est du vécu.
Alors autant prévenir tout de suite, c'est beau, c'est très bien écrit et dès la première page mon nez a piqué et je me suis dit que j'allais pleurer à cette lecture. Car j'ai tant de deuils de petits poilus dans ma vie et là, c'était bien parti pour remuer tous ces chagrins. Mais je suis maso alors j'ai poursuivi… Non, en réalité c'est qu'à chaque fois que ma douleur est réactivée pour eux, ça les fait revenir plus près…
Xavier de Moulins le dit tellement bien le néant dans lequel on tombe quand notre amour de chat meurt.

Pourtant il n'aimait pas les chats, ou il croyait ne pas les aimer. le petit chat est entré dans sa vie pour lui prouver qu'il se trompait.
Tête de prince et démarche de gangster, ces mots d'amour de Xavier de Moulins pour son petit tigre, il nous les partage, avec son petit chasseur de spleen, attrape-coeur délicieux, masseur de l'âme, bête à chagrin. Au contact de son chat il a tout compris, notamment qu'un chat n'est pas qu'un chat, contrairement à ce que pense les boiteux, les lacuneux, ceux qui n'ont pas la chance de savoir, ceux qui ne savent pas ce qu'ils ratent, ceux qui ignorent qu'un animal n'est pas qu'un animal et qui osent dire "Ça va, c'est qu'un chat". Ces idiots du cœur qui font que souvent on n'ose pas dire qu'on pleure son petit poilus qui vient de mourir.

Aimer un animal, lui faire une place dans la famille, ça n'enlève rien à personne. C'est un plus. Plus d'amour, de sagesse, de tendresse, de joie, de rires, de partage. Alors définitivement non, un animal n'est pas qu'un animal.
Et ce pauvre petit chat là est mort à un an et demi à cause d'un cœur trop gros. Trop tôt, trop jeune, toute une vie tronquée, d'autant plus insupportable.

C'est émouvant, jamais gnangnan, c'est un bel hommage que 
Xavier de Moulins rend à son chat mais aussi à tous les chats et au fond à tous les quadrupèdes qui partagent notre quotidien et le rendent plus beau.
"Un animal qui s'en va, ça parle à l'âme des hommes autant que la mort des hommes."
"Mieux vaut ne pas parler de la mort d'un chat avec tout le monde. On risque une autre blessure et la septicémie du chagrin."

Merci.

Scipion, Brembo, Poopy, Cacao, Nirvana, Diabolo, Night, Tigresse, Roublard, Gavroche, Finger, Méphisto, Granite, Filou, Féline, pour toujours dans mon cœur ❤️

 

Citations :

Page 11 : En pyjama, pieds nus sur le carrelage de la cuisine, dans le matin qui s’étire, elles ont reçu la déflagration sans broncher.

Je le sais, elles se sont d’abord fendues à l’intérieur, là où la neige est la plus friable, sur les sommets invisibles de notre âme.

 

Page 12 : Le petit chat est mort.

Le matin fait brusquement place au soir.

Au fond de la crevasse, le drap noir du chagrin nous recouvre, il nous tient chaud et nous donne froid, tout devient gris.

 

Page 39 : Je ne veux pas connaître les détails de ton agonie.

Je ne pige pas.

Je tourne le dos à cette histoire.

Pourtant, ce matin tu allais bien.

Je t’ai quitté sans trop te prêter attention, j’avais des choses plus urgentes à régler que de m’inquiéter pour mon petit chat pépère.

C’est logique : la jeunesse, c’est le début, pas le point final. La jeunesse, c’est la vie plus fort que la mort, l’enfance est l’éternité.

 

Page 61 : Peut-être que les hommes naissent chats, puis pour mille et une raison deviennent des hommes après l’âge de sept ans avant de réactiver ou non leur dimension féline plus tard, et, pour une poignée, redevenir des « hommes-chats ».

 

Page 68 : Elle a beaucoup de qualités mais pas de chat à la maison, elle n’a jamais fait de place à cette expérience-là, à cette joie merveilleuse d’avoir contre ses jambes un chasseur de spleen, un attrape-cœur délicieux, un masseur de l’âme, une bête à chagrin.

 

Page 81 : Je ne suis pas devin, juste heureux de conjuguer ma mère au présent.

Lorsque je suis rentré, tu as avancé en ma direction, je me suis accroupi pour te saluer.

« Merci du tuyau, petit chat. »

C’est inutile d’anticiper nos chagrins, on a toute la vie pour la peine.

 

Page 100 : Un chat n’est pas une vitre de téléphone que l’on remplace en quelques minutes en tendant sa carte bancaire.

Un animal qui s’en va, ça parle à l’âme des hommes autant que la mort des hommes.

 

 

 

 

 

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Mon avis : Peut-on aimer les animaux et les manger ? - Guillaume Meurice

Publié le par Fanfan Do

Éditions de la Martinière – Collection Alt

 

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Quatrième de couverture :

Dans une société où l’exploitation animale est la norme, la question simple « Peut-on aimer les animaux et les manger ? » met en lumière les contradictions qui persistent entre habitudes, croyances et convictions.

 

Engagé pour la cause animale et végétarien, Guillaume Meurice compose, avec humour, un texte piquant qui envoie promener les clichés et interroge les rapports de domination de l’humain sur l’animal.

 

 

Mon avis :
Un tout petit livre, que dis-je un fascicule de 30 pages, imaginé par 
Guillaume Meurice, humoriste que j'adore ! Que j'écoute sur France Inter… Ah que dis-je, que j'écoutais sur France Inter tous les jours à 17h - Par Jupiter, puis C'est encore nous ! - pour mon plus grand bonheur avant que la direction décide connement de virer cette émission d'utilité publique, sûrement sur ordre du pouvoir.

Ici, 
Guillaume Meurice se positionne, en tant que narrateur, dans la peau du bouffe-tout. Oups pardon… du mangeur de viande 🙃 dans une conversation au restaurant avec une amie Végétarienne.

Nous voilà donc embarqués dans cet échange savoureux, un duel amical ou tous les poncifs sur la viande "aliment indispensable" au bon fonctionnement du corps sont amenés les uns après les autres : parce que le corps a besoin de protéines. OUI !.. mais il en existe des végétales, beaucoup… Les végétariens sont des bobos… Eh ben non ! La déforestation pour la culture du soja gnagnagna… C'est pas nous ! Et tant d'autres (poncifs) que je ne vais pas énumérer.
Et le cri de la carotte !!! oui ben les gars cette vanne on l'entend sans cesse, STOP !!! Elle est nulle.

Ce petit livre devrait être lu par tout le monde car il remet les pendules à l'heure, en toute objectivité, et pourrait bien apprendre quelques trucs très intéressants aux anti végétarisme et surtout à ceux qui détestent ceux qui ne mangent pas d'animaux. Mais pourquoi ce mépris au fait ??
Par contre, à la toute fin il est question de linguines au pesto… le pesto n'est pas végétarien. Il contient du parmesan, qui est fait avec de la présure qui vient de l'estomac des veaux (morts bien sûr). Et une boulette par ici ! À moins de consommer du pesto végan, qu'on trouve hélas difficilement.

 

Citations :

Page 6 : Tu sais, végétarien, ce n’est pas une religion. L’idée, c’est d’être en accord avec ce qu’on pense être un bon comportement.

 

Page 12 : Tu penses que les animaux que tu manges sont « naturels » au sens où tu l’entends ? Tu penses qu’un bœuf issu de siècles de croisements génétiques ou qu’une race de poulet de chair confectionné pour produire le maximum de viande, composée d’individus complètement dépendants des humains pour se nourrir, soignés aux antibiotiques, c’est naturel ?

 

Page 13 : La tenniswoman Serena Williams est végane, le basketteur de la NBA Kyrie Irving est végan, le boxeur David Haye est végan, le marathonien Scott Jurek, la...

 

 

 

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Mon avis : Les grandes marées – Jim Lynch

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Jean Esch

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

Une nuit, Miles O'Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n'est pas un affabulateur ou... peut-être même davantage ? En fait, Miles est surtout un gosse qui s'apprête à grandir, passionné par l'océan, amouraché de la fille d'à côté et inquiet à l'idée que ses parents divorcent. Alors que la mer continue à abandonner des présents issus de ses profondeurs mystérieuses, Miles se débat avec la difficulté d'entrer dans le monde des adultes.

 

 

Mon avis :
Ce livre est comme un doux retour à l'enfance, avec la mer comme personnage principal. Et pour moi, la mer, les crabes, les coquillages et les étoiles de mer, c'est le souvenir des vacances de mon enfance en famille. Sauf que là, on apprend beaucoup de choses un peu flippantes sur la faune aquatique. Un gastéropode carnassier, des crabes enragés… et là, ce n'était que le début. Des choses marrantes, comme par exemple que les bernacles ont des bites (sic) gigantesques et que le bernard-l'ermite à des petites ventouses au cul.
J'ai entendu le bruit du ressac, les bernacles qui claquent leurs portes, les cris des goélands, j'ai senti l'odeur de la mer. J'étais dans l'ambiance dès les premières lignes.

Miles O'Malley a treize ans, vit au bord du Pacifique Nord dans l'état de Washington et voue une immense passion à l'océan et la vie qui l'habite. Il est incollable sur les phylums, les hydroïdes, les mollusques, les crustacés, concombres de mer, dollars de sable, soleils de mer, toute la faune marine en fait. Il aime parcourir la grève, seul la nuit quand la marée est basse. Après chaque grande marée c'est un peu comme la découverte de nouveaux trésors laissés par la mer pour Miles. Une nuit il découvre une créature marine échouée et voilà qu'une journaliste télé vient s'intéresser à lui…

Miles, adolescent intello, est paradoxalement amis avec Phelps, fan de rock des années 60-70, à priori assez primaire et obsédé sexuel comme souvent à cet âge. C'est néanmoins une très belle amitié qui les lie. Évidemment, Miles est aussi ami avec des adultes un peu farfelus.

La mer avec environ quatre-vingt pour cent de la vie sur Terre qui s'y trouve, deux ados dissemblables, drôles et passionnés, des parents dépassés, un juge et sa fille rockeuse-toxico-bipolaire, une vieille excentrique, des naturistes, des journalistes, une secte, de l'humour, font de cette œuvre un vrai bonheur de lecture.

Ce roman est à ce point magique qu'il vous instruit autant qu'il vous emmène dans la joyeuse danse de la vie, teinté d'humour et d'une ironie réjouissante envers les adultes et la société, qui m'a ravie au plus haut point. D'ailleurs, Jim Lynch donne parfaitement voix au narrateur, cet enfant de treize ans, comme s'il n'avait pas oublié lui-même ce que c'est qu'être un enfant. Car hélas, la plupart des adultes oublient ce qu'ils ont été, se croyant peut-être nés adultes et aigris, rigides et sans grand enthousiasme pour les choses simples, ni rêves ou fantaisie.
L'auteur met tant de phrases réjouissantes dans la bouche de Miles : "Les aigles donnent l'impression que les autres oiseaux sont mal habillés." Sans doute Jim Lynch est-il un peu Miles, ou inversement.

J'ai adoré Miles, enfant surdoué et altruiste, et son regard sur le monde mais aussi tous ceux qui gravitent autour. C'est un roman jubilatoire, un pur plaisir. Et j'ai mis beaucoup de temps à le lire à cause de toutes les créatures énumérées que j'ai voulu voir de mes yeux en allant les chercher sur internet. C'est ébouriffant toute cette vie qui pullule dans les océans, que l'auteur partage avec nous à travers ses personnages attachants. La mer fascine autant qu'elle effraie. Elle est immense et on ne connaît pas encore tout d'elle. Ce roman m'a mis des étoiles (de mer) dans la tête, m'a fait rêver, m'a éblouie.

 

Citations :

Page 15 : La plupart des gens savent que la mer couvre les deux tiers de la planète. Par contre, rares sont ceux qui prennent le temps d’apprendre à la connaître, ne serait-ce qu’un minimum. Regardez ce qui se passe quand vous essayez d’expliquer une chose aussi élémentaire que les marées, en disant que le phénomène d’aspiration de la Lune et du Soleil crée à la surface de l’océan un renflement qui se transforme en une vague sournoise mais puissante, laquelle recouvre nos plages salées deux fois par jour. Les gens vous dévisagent comme si vous inventiez tout ça au fur et à mesure. Pourtant, les marées, cela n’a rien d’exceptionnel. Elles ne surviennent pas à l’improviste comme les inondations, elles ne débordent pas comme les rivières. Elles se produisent sans qu’on y prête trop attention.

 

Page 26 : Je pouvais parler des phylums, des hydroïdes, des mollusques et des crustacés aussi facilement que la plupart des jeunes discutent des groupes de rock ou des films. Sauf que personne de mon âge n’avait envie de m’écouter. Mes parents y compris. Alors, ça bouillonnait en moi tel un langage secret, et quand ça sortait, les gens me regardaient en écarquillant les yeux. Comme si je m’exprimais en portugais tout à coup.

 

Page 50 : Vous avez devant vous le prochain Jacques Cousteau. Cette déclaration semblait aussi irréfutable qu’un arrêt de la cour, et tout le monde s’émerveilla. Les adultes sont toujours plus fascinés par ce que vous pouvez devenir que par ce que vous êtes.

 

Page 92 : Les aigles donnent l'impression que les autres oiseaux sont mal habillés.

 

Page 151 : Je leur montrai la vie qui se superpose à la vie, les bernacles et les berniques collées sur des huîtres, elles-mêmes accrochées les unes aux autres, et montées sur le dos de coquilles plus grosses, avec des bernacles par dessus tout ça, comme s’il y avait eu une soirée Super Glue la veille.

 

Page 174 : Pour les garçons, un avortement c’est comme se faire arracher une dent, reprit-elle soudain avec cette voix éraillée. Et ce n’est même pas leur dent à eux. Même s’ils sont présents, ce n’est toujours pas leur problème.

 

 

 

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