Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mon avis : Abattre la bête – David Goudreault

Publié le par Fanfan Do

Éditions Philippe Rey

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Après avoir passé plusieurs années dans un institut psychiatrique, un jeune adulte met à exécution, pour s’évader, un plan des plus ambitieux. Car c’est long, cinq ans attaché à une table avec pour seule compagnie l’écho de sa propre voix. Son isolement l’en a convaincu : sa mère, qu’il n’a presque pas connue, a dû être horrifiée en apprenant ses méfaits, lui qui a pourtant été reconnu criminellement non responsable. C’est pour la retrouver enfin qu’il s’enfuit.

Commence alors la délirante cavale de cet écorché de la vie qui, pour échapper aux forces de police et intimider les badauds, va se faire tatouer une cible rouge au milieu du front, adopter un chihuahua, et trouver refuge dans la rue aux côtés des marginalisés. Jusqu’au jour où ses errances le mènent à Maple, une prostituée qui lui chavire le cœur. À scruter son visage, n’y verrait-il pas un peu de lui-même ?

Dans une langue truculente, inventive et audacieuse, David Goudreault met en scène un enfant perdu, en lutte avec lui-même et contre une société qui isole au lieu de soigner et d’accompagner.

 

« Le système de justice fonctionne, oui, il fonctionne particulièrement bien pour les policiers, les avocats et les juges.

La présumée impunité des criminels est une illusion, même les mafieux aux bras longs finissent par rencontrer un juge au bras lourds. De toute façon, l’unique enjeu se limitait à déterminer dans quelle cage on m’enfermerait. Soit je retournais au pénitencier avec les coucous dangereux, soit je rentrais à Pinel avec les dangereux coucous. »

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Plus j’avançais dans la saga plus j’aimais. Donc le troisième tome semblait être parti pour une apothéose !

 

 

Mon avis :


Dernier tome de la trilogie

Dernier tour de piste avec le désaxé flamboyant, interné cette fois-ci en psychiatrie à Montréal, dans un endroit dont on ne s'évade pas. En principe...
Dans sa tête c'est un feu d'artifice permanent d'inepties, un festival de jobardise, pour mon plus grand plaisir car c'est toujours aussi cruellement drôle, voire plus à chaque nouveau tome. Au détour d'un événement affreux, un fou rire peut surgit sans crier gare. Car les circonstances et les conséquences de ses actes ainsi que la traduction qu'il en fait sont toujours vues par le prisme de son cerveau malade.
L'auteur met des horreurs dans la tête et dans la bouche de son personnage et pourtant on en rit.
Et le nom du chien, ça aussi c'est tellement bien vu ‼

En quête permanente d'attaches, d'un clan à lui, il veut s'évader, car il espère toujours retrouver sa mère, mais veut aussi se venger de tous ceux qui sont sur sa liste, et ladite liste est prodigieusement longue.
Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a de la suite dans les idées et ne manque pas de ressources.

Ah, et l'écriture !.. Elle est ciselée, acérée, sublime ! Un vrai bonheur pour les neurones. Tout comme son personnage qui se perfectionne dans la démence au fil des différents opus, David Goudreault nous offre une maîtrise de la langue et de l'esprit, un peu plus à chaque tranche de vie. Mais sans doute est-ce pour coller à l'évolution de la bête qui, bien que très immature et complètement en orbite, a un regard et une analyse très pointue sur cette société et cette humanité qui n'ont pas voulu de lui.

Je me suis passionnée pour les pérégrinations de cet allumé dangereux, vivant dans une réalité parallèle, hilarant malgré lui, féru de littérature et de poésie, à la culture un peu foutraque qu'il restitue toujours de façon approximative et désordonnée.
L'humour de David Goudreault est à l'abomination ce que l'autodérision est à l'esprit : salutaire et bienfaisant.
Énorme coup de cœur pour moi que cette trilogie. Je l'attendais impatiemment,  j'ai été conquise et je crois que je n'ai pas fini d'y penser

 

 

Citations :

Page 13 : La folie n’est pas une maladie mentale, c’est une marque d’intelligence. Moi, je suis fou raide.

 

Page 31 : Avec ses grandes études, elle devrait savoir qu’il est plus difficile de guérir un cœur brisé que de soigner un infarctus.

 

Page 36 : Paraît qu’on ne peut avoir tous les talents. Par contre, on peut n’en avoir aucun. C’était le cas de Simon. Pour dépasser cette absence de compétences, il a développé d’incroyables croyances religieuses.

 

Page 44 : Les centres d’accueil, la prison, la psychiatrie, j’ai fait le tour. Toujours la même poutine. Des humains plus ou moins fuckés qui surveillent d’autres humains plus ou moins fuckés.

 

Page 98 : Peu de gens peuvent se vanter d’avoir survécu aux services sociaux, à la prison et à la psychiatrie.

 

Page 171 : Il est recommandé de voler les pauvres : ils ont moins d’armes, d’alarmes et de ressources. Dans la vie comme au tribunal, s’attaquer aux pauvres garantit une certaine impunité.

 

Page 210 : C’est un livre plein d’amour, de meurtres, de viols, de guerres, de torture, de terrorisme et de cataclysmes, la Bible.

 

 

Commenter cet article