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Mon avis : Délivrance – James Dickey

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Pour tromper l'ennui de leur vie citadine, quatre trentenaires décident de s'offrir une virée en canoë sur une rivière vouée à disparaître sous un lac artificiel. Peu expérimentés mais enthousiasmés par le charismatique Lewis, ils se laissent emporter au coeur des paysages somptueux de Géorgie. Mais la nature sauvage est un cadre où la bestialité des hommes se réveille. Une mauvaise rencontre et l'expédition se transforme en cauchemar : le monde qu'ils ont pénétré n'est régi par aucune loi. Dès lors, une seule règle subsiste : survivre. Best-seller international, prix Médicis étranger immortalisé au cinéma, Délivrance est de ces découvertes littéraires brutales et inoubliables dont nul ne sort indemne.

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Il y a quelques mois, lors d’une lecture commune d’un roman de Pat Conroy, Le Prince des marées, un détail était commun à ce roman-ci.

 

 

Mon avis :

 

J'ai eu un petit peu de mal au départ, à me plonger dans cette histoire dont j'avais vu des années plus tôt l'adaptation. J'avais trop en mémoire Burt Reynolds, un des quatre héros du film. Je n'aime pas avoir des images déjà existantes en tête. J'ai l'impression que ça me prive de mon propre imaginaire.

Finalement assez rapidement Lewis ne ressemblait plus à Burt Reynolds et j'ai oublié le film pour me laisser submerger par l'ambiance sylvestre, magnifique et pourtant dérangeante, vaguement angoissante, avec ces trentenaires en crise existentielle, partis dans les forêts sauvages, et qui vont faire une très mauvaise rencontre qui changera irrémédiablement le cours de leurs vies.
J'ai commencé à être captivée et oppressée, notamment quand Lewis raconte à Ed une expérience passée de survie dans les bois, avec une fracture à la jambe, seul et loin de tout. Et puis l'aura du sud profond, la nature grandiose et des habitants très frustes et inquiétants disséminés çà et là, tout ça peaufine l'atmosphère pesante, et a achevé de me plonger dans l'histoire.

Étrangement, alors que je préfère les dialogues et l'action aux narrations, ici ça a été le contraire. On suit les pensées de Ed, qui nous entraîne avec lui dans sa vie, ses réflexions, ses sensations. Il décrit leur périple, observe ses compagnons, nous fait entendre ses peurs et ses doutes au milieu de cette nature impitoyable et généreuse et on s'y croirait. On est à fond dans la survie, le point de non-retour, le marche ou crève, ces moments où on se rend compte à quel point la vie est précieuse et fragile, l'instinct de conservation tellement chevillé au corps.

J'ai adoré cette écriture qui m'a emportée et fait ressentir toutes ces émotions magnifiques et terribles. On se trouve pris en étau entre la majesté de la nature et la perversion de l'âme humaine.
La rivière et la forêt sont l'écrin de cette virée mi-paradisiaque mi-cauchemardesque qui marquera les quatre amis à tout jamais.
Et j'ai de loin préféré le roman au film car je l'ai trouvé bien plus sobre, sans voyeurisme complaisant, avec juste ce qu'il faut d'angoisse pour nous mener jusqu'à la fin par le bout du nez grâce à une écriture très descriptive et poétique qui nous fait vivre dans la tête d'un des personnages.

 

 

Citations :

 

Page 18 : Il possédait tout ce que la vie pouvait offrir mais il n’arrivait pas à faire en sorte que cela lui suffise.

 

Page 51 : Parfois, j’ai l’impression d’avoir vraiment hâte. La vie qu’on a est si merdique et si compliquée que ça ne me dérangerait pas qu’elle se réduise très vite à la simple survie de ceux qui sont prêts à survivre.

 

Page 62 : Je me demandais où l’excitation qui intriguait tant Lewis pouvait bien se cacher. Ici, tout était ensommeillé, anémié, laid et, surtout, vide de tout intérêt. Personne d’un tant soi peu intéressant ne pouvait sortir d’un tel endroit.

 

Page 63 : Les relativement rares fois où j’étais allé dans le Sud profond, j’avais toujours été frappé par le nombre de doigts manquants. À la louche, j’en avais compté une vingtaine.

 

Page 98 : Ma pensée principale était que je me trouvais en un lieu où aucune – presque aucune – de mes manières ordinaires de vivre ma vie ne fonctionnerait. Je n’avais aucune habitude en laquelle puiser. Était-ce cela, la liberté ? Me demandais-je.

 

 

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