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Mon avis : Gadis Pantai La fille du rivage - Pramoedya Ananta Toer

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

La jeune fille d'un pêcheur de la côte nord-est de Java (Gadis Pantai signifie " la fille du rivage " en indonésien) a été demandée en mariage par un aristocrate local, fasciné par sa grande beauté.
Elle a quatorze ans et, dans cette Java féodale du début du vingtième siècle, elle n'a guère le choix.
Ce mariage arrangé la fait passer sans transition d'une vie certes pauvre et rude, mais libre et naturelle, à une existence cloîtrée, dans la vaste demeure ceinte de murs de son époux, le Bendoro.
La jeune fille est intimidée et malheureuse, mais doit très vite s'adapter au langage et aux usages de sa nouvelle vie.
Grâce à une vieille servante, elle apprend à se comporter en maîtresse de maison, à se maquiller, à se purifier et à prier.
Puis, incrédule, elle découvre qu'elle n'est qu'une épouse à l'essai après bien d'autres.
Toutefois, elle ne se doute pas encore que son destin basculera cruellement lorsqu'elle donnera naissance à une petite fille quelque temps plus tard...
Gadis Pantai est le récit d'une vie volée.
D'une grande simplicité et d'une grande force, l'évocation de cette jeune fille abusée, de ce personnage de femme inoubliable, luttant pour rester libre jusqu'au bout, mais sans parvenir à maîtriser son destin, confirme la puissance narrative du romancier indonésien.

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Depuis toujours je lis pour m'évader, pour partir à l'aventure, pour voyager, dans le temps et l'espace... La lecture permet tout ça !

Récemment je regardais une carte du monde, vers l'Asie du Sud-Est plus précisément et mon regard s'est arrêté sur l'Indonésie, ce pays aux milliers d’îles, multi-ethnique, musulman dans sa grande majorité.

J'ai eu envie d'y aller via un livre, je suis donc partie à la recherche d'auteurs indonésiens et j'ai trouvé Praomedya Ananta Toer et sa fille du rivage. Je ne pouvais pas passer à côté, moi la féministe, meurtrie par la condition des femmes depuis la nuit de temps et à travers le monde.

J'ai donc décidé d'aller souffrir pour le destin de Gadis Pantai, enfant de quatorze ans à qui on a volé sa vie, dont la nuit de noce a été un viol.

C'est ma furieuse envie de voyages qui m'a fait opter pour un tour du monde littéraire, le seul à ma portée.

Donc, première étape : l'Indonésie  dont je n'ai jamais lu aucun auteur. L'Asie que je ne connais pas, différente de celle que j'ai visitée.

 

 

 

Mon avis :

 

Je me doutais qu'en choisissant ce roman je risquais d'être bouleversée.
C'est une histoire de femmes, sur la condition des femmes à Java au début du XXème siècle.
Une enfant de quatorze ans qu'on donne en mariage à un homme, qui aura le droit de la répudier, si elle ne lui convient pas, après "usage", sans qu'elle le sache au départ et bien qu'elle redoute ce mariage dont elle ne veut pas.

Terrible société patriarcale où les femmes n'ont pas leur mot à dire, où leur degré de souffrance et de peur est proportionnel à leur degré d'insignifiance qui lui-même est régi par leur niveau de pauvreté et leur aspect physique.

J'ai trouvé cette histoire très dure. Les femmes n'existent que pour servir leurs maris et leur donner des fils. C'est le culte du MÂLE dans toute son horreur. C'est l'histoire de l'écœurante suprématie des hommes, où les nobles n'ont de noble que le rang mais certainement pas l'âme.

C'est un bel hommage que Pramoedya Ananta Toer rend à sa grand-mère. Il a voulu imaginer sa vie dont il ne savait rien, il ignorait jusqu'à son nom, et par là il honore les femmes, toutes celles dont on fait peu de cas, les invisibles, les silencieuses, celles qui n'ont pas voix au chapitre.

 


 

Citations :

 

Page 49 : Gadis Pantai s'arrêta de manger. Elle se leva. Sans se retourner, elle entra dans sa chambre, alla droit à son matelas chéri et laissa couler ses larmes. Elle se sentait comme un poussin séparé du reste de la couvée. Il lui fallait vivre seule au milieu d'une telle foule de gens. Sans le droit d'avoir une amie, avec seulement celui de recevoir ou de donner des ordres.

 

Page 70 : - Une femme doit suivre son mari. J'ai fait pareil moi-même, dit-elle pour la réconforter. Même si c'est dans une cabane, même si elle n'est pas heureuse, une femme doit apprendre à faire plaisir à son mari.

 

Page 71 : « Comme si je n'avais pas assez souffert ces deux ou trois semaines, s'écria-t-elle dans son cœur. Mais ici je n'ai aucun droit, je ne peux pas crier quand je suis malheureuse. » tout ce temps là, on l'avait peu à peu amenée à comprendre que l'unique chose qu'elle pouvait et devait faire était de servir le Bendoro, le Bendoro qui n'était autre que son mari.

 

Page 93 : - Ah, Maîtresse, à la ville, dans toutes les villes sans doute... le monde appartient aux hommes. C'est peut-être seulement dans les villages de pêcheurs qu'il en va autrement. À la ville, les femmes vivent dans un monde d'hommes.

 

Page 101 : - En vérité Maîtresse, sur cette terre, peut-être que la femme a été créée pour être battue par l'homme. C'est pourquoi ça ne se discute pas.

 

Page 142 : - Tu es à moi. C'est à moi de déterminer ce que tu as le droit, la nécessité ou le devoir de faire ou de ne pas faire.

 

Page 277 : - C'est notre destin, assurément, ma chérie. Le destin des petites gens comme nous. Mais la mer, si cruelle soit-elle, est plus généreuse que le cœur des nobles.

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