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Mon avis : Ásta - Jón Kalman Stefánsson

Publié le par Fanfan Do

Quatrième de couverture :

 

"Pour tromper le monde, je m’habille avec élégance chaque fois que je sors. J’allume mon sourire. Je maquille un peu ma tristesse puis je mets mes lunettes de soleil pour que personne ne remarque ton absence au fond de mes yeux."

Reykjavík, début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur fille Ásta, d’après une grande héroïne de littérature islandaise. Un prénom signifiant - à une lettre près - amour et qui, croient-ils, ne peut que porter chance à leur fille…
Ce roman lyrique et charnel raconte l'urgence autant que la difficulté d'aimer, malgré notre quête inlassable du bonheur.

 

« Un roman aussi superbe qu'envoûtant. La vie s'engouffre dans ces pages, avec tout ce qu 'elle charrie d'incompréhensible, de torrentiel et de dévastateur. »

Florence Noiville, Le Monde des livres

 

 

Mon avis :

 

C'est beau, poétique et sans doute à cause de ça j'ai eu du mal au départ à ne pas m'échapper involontairement du roman. Mon esprit, sans cesse, voulait vagabonder.

Cependant j'ai beaucoup aimé, et certains passages parlaient directement à mon enfance, et finalement aussi à l'adolescente puis à la jeune adulte que j'ai été.

C'était tellement beau que par moments j'ai failli croire que la mort est belle.
Il y a tant de profondeur dans ce texte !..
En fait, ça parle de la vie, du temps qui passe, de la famille et de l'amour aussi, et ça m'a ramenée sans cesse à ma propre histoire, d'où mon vagabondage quasi-permanent dans mes souvenirs. C'est LE sujet universel, la vie en somme, et finalement il faut croire que nous ne sommes pas si différents les uns des autres.

Au fond je pense que c'est un livre qui doit parler à tout un chacun, pour peu qu'on soit taraudé par des questions existentielles !

J'y ai pourtant trouvé des longueurs, un moment où je me suis traînée comme une âme en peine et où j'ai eu du mal à trouver de l'intérêt. Heureusement ça n'a pas duré longtemps.
Les allers-retours fréquents dans le passé m'ont un peu perdue par moments sans que ça ne gêne vraiment l'histoire.

 

J'ai envie de conclure par une phrase de Jean d'Ormesson qui selon moi résume bien ce roman : ''La vie est une vallée de larmes. Elle est aussi une vallée de roses.''

 

 

Citations :

 

Page 25 : Il regarde la jeune femme, elle lui sourit. Qu'il est merveilleux de pouvoir sourire, si nous n'en étions pas capables, cette planète serait inhabitable.

 

Page 31 : Est-ce vrai ? Est-ce la raison pour laquelle les enfants rechignent tant à s'endormir : parce qu'ils comprennent malgré leur jeune âge que le sommeil est le frère de la mort ?

 

Page 42 : Ceux qui sont aimés des dieux meurent prématurément. Nous, les autres, les médiocres, nous nous suicidons.

 

Page 77 : En revanche, personne ici n'est devenu célèbre ni millionnaire. La lutte pour la vie était si exigeante qu'il n'y avait pas de place pour autre chose, chacun y consacrait toute son énergie.

 

Page 92 : Le temps efface tout. C'est une loi implacable. Il t'effacera aussi. Tes soixante, soixante-dix, quatre-vingts années passées sur terre seront effacées, dissipées comme un malentendu. Avons-nous un autre but dans la vie que celui de naître, de tousser deux ou trois fois, puis de mourir ?

 

Page 256 : Mon gros ourson, qu'est-ce que l'amour – et comment l'évaluer autrement que par la douleur de l'absence ?

 

Page 262 : Il est plus facile de vivre en baissant les yeux. L'ignorance vous rend libre alors que la connaissance vous emprisonne dans la toile de la responsabilité.

 

Page 286 : La règle fondamentale est la suivante : moins nous sommes satisfaits, plus nous allons mal et plus nous sommes susceptibles de dépenser de l'argent. Notre mal-être dope la consommation. Voilà pourquoi le but de la publicité est de nous rendre insatisfaits du moment présent, de nous donner l'impression que nous passons à côté de quelque chose, que nous n'avons pas la vie que nous méritons.

 

Page 460 : Tes yeux qui jadis m'éclairaient se sont changés en trou noir – l'espace qui sépare l'amour de la haine est à peu près le même que celui entre vie et trépas.

À la fois infini et infime.

 

 

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