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Mon avis : Du bout des doigts - Sarah Waters

Publié le par Fanfan Do

Quatrième de couverture :

 

1862. Lant Street, Londres. Le rendez-vous des voleurs et des receleurs. Sue Trinder, orpheline, est confiée dès le berceau aux bons soins d'une trafiquante de nourrissons. À la veille de ses dix-huit ans, un élégant, surnommé Gentleman, lui propose d'escroquer une héritière, Maud Lilly. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d'un genre tout particulier. Sue, en entrant au service de la riche jeune fille, tombe avec ingénuité dans un piège. Enveloppée par une atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, elle devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique.

Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l'Angleterre, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l'attendrait. Un roman décadent, virtuose, où les ressorts les plus noirs de l'univers romanesque du XIXe se mêlent au réalisme incisif et décomplexé du XXIe siècle.

 

 

Mon avis :

 

Sue 17 ans, petite voleuse des bas-fonds londonien, est sollicitée par "Gentleman", aristocrate déchu, pour escroquer et spolier une jeune héritière.
Au départ, le langage un peu particulier m'a laissée perplexe ; des mots et des expressions que je ne connaissais pas : grinchir, fourline...
Mais rapidement j'ai aimé l'ambiance à la Dickens.
Un histoire qui se déroule dans l'Angleterre victorienne, je ne pouvais que me laisser envoûter.
Ça commence chez les laissés pour compte, les miséreux, les voleurs... voleurs et receleurs de tout d'ailleurs, de biens, de chiens, d'enfants, tout ce qui peut rapporter.
Il y a quelque chose de terrifiant dans cette histoire, un jeu de dupes où quelqu'un verra sa vie détruite.
La condition des femmes des milieux aisés à cette époque me fait froid dans le dos. Sous tutelle du début à la fin de leur existence, tout d'abord le père ou le tuteur, puis le mari, les hommes tout-puissants, les femmes sans jamais aucun droit...
J'ai commencé cette lecture sans avoir réellement lu la 4ème de couv, et c'est tant mieux parce que je trouve qu'elle dévoile trop de choses. Et donc j'ai été dans la découverte la plus totale et ça en valait vraiment la peine !
L'intrigue est d'un machiavélisme à faire dresser les cheveux sur la tête, sur fond de misère et de filouterie.

Pour moi il s'agit là d'un véritable coup de cœur.
C'est une histoire de femmes, superbe et douloureuse.
Un voyage incroyable dans l'Angleterre du XIXe siècle, avec ses excès, ses injustices et où la compassion n'avait pas sa place.
J'ai adoré ce roman, pour moi grandiose de bout en bout !

 

 

Citations :

 

Page 48 : Comment est-ce que ce serait de vivre avec une demeurée ? Pas comme Dainty, qui n'était qu'un peu touchée et presque jamais violente.

 

Page 49 : Enfin Gentleman répondit dans un éclat de rire :

​​​​​​​- Méchant ? Mon Dieu ! Bien sûr que c'est méchant, Dainty ! Mais c'est une méchanceté qui va rapporter quinze mille livres, et ça, c'est un air qui flatte les oreilles, qu'on le fredonne comme on veut. Ne va pas croire d'ailleurs que les premiers à mettre la main sur cet argent là l'ont gagné par des voies honnêtes ! Nenni ! L'argent et les honnêtes gens, ça fait deux.Les familles comme celles de cette fille l'engrangent sur le dos des pauvres – vingt échines rompues pour chaque shilling encaissé.

 

Page 62 : Mme Sucksby se frotta les mains et dit : - Trois mille livres, Sue. Mazette ! Passe-moi un môme, Dainty, y m'faut quéqu'chose à tripoter.

 

Page 187 : Mais il y avait des années que son sort avait été décidé. Elle était comme une brindille dans le courant d'une rivière. Elle était comme le lait – trop pâle, trop pure, trop simple. Sa vie était faite pour être gachée.

 

Page 294 : - Vous êtes une dame bien née, jeune et belle. Je ne dis pas cela par galanterie, vous le savez du reste. Je constate simplement ce qui est. Vous pouvez faire tout ce que voulez.

- Vous parlez en homme. Les vérités des hommes ne sont pas celles des femmes. Je ne peux rien faire, croyez-moi.

 

 

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I
Il m'en reste un à lire de l'auteure, mais celui-ci est effectivement génial.
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