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fantasy

Mon avis : Les voleurs de curiosités – Jess Kidd

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Laurent Philibert-Caillat

 

Éditions Les Presses de la Cité

 

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Quatrième de couverture :

Londres, 1863. Bridie Devine, détective spécialisée dans les affaires délicates, s’attaque au cas le plus insolite de toute sa carrière. Christabel Berwick, l’héritière d’un baronnet, a été kidnappée. Mais la fillette n’est pas une enfant ordinaire. Son existence a été cachée aux yeux de tous et ses étranges talents semblent autant effrayer son entourage qu’ils attirent l’attention des collectionneurs de curiosités. Aidée dans sa quête par le fantôme tatoué d’un boxeur mélancolique, Bridie suit pas à pas les traces laissées par les ravisseurs, replongeant malgré elle dans un passé qu’elle a tenté d’oublier.
Résurrectionnistes, saltimbanques mercenaires, créature aquatique légendaire : autant de personnages qui hantent les pages de ce roman où le spectacle est roi, et qui fait la part belle à une enquête digne des plus grandes énigmes policières.

 

 

Mon avis :
Une étrange créature kidnappée de nuit dans un château…
Londres 1863. La nuit, la brume, un corbeau, des gargouilles, le porche d'une chapelle abandonnée, un cimetière, une femme détective qui marche, un homme quasiment nu et transparent étendu sur une tombe... Il s'avère que Ruby Doyle, l'homme transparent, est un fantôme recouvert de tatouages mouvants, et qu'il est prêt à aider Bridie Devine dans son enquête si elle a besoin…

Je me suis tout de suite sentie bien dans cette atmosphère étrange… J'adore l'idée d'un monde où tout est possible, où errent des êtres fabuleux, sirènes et amphibiens en tout genre, tout droit sortis du folklore irlandais. On se promène dans le Londres de Dickens, avec une ambiance à la Harry Potter, où une femme détective investigue, autopsie, et fume des substances qui font planer. Et elle aime aussi boire un coup, voire deux ou trois et même plus, et à l'occasion se grimer en homme pour être totalement libre d'aller où elle veut et surtout dans les lieux interdits aux femmes. Et elle est veuve, mais de qui ?

Bridie, irlandaise de naissance mais londonienne par la force des choses, est chargée de retrouver Christabel qui a été enlevée et que les domestiques considèrent comme une abomination que sir Edmund Berwick dissimulait dans l'aile ouest du château.

Trafics d'étrangetés de la nature, tout un monde de voleurs et d'assassins, de collectionneurs de créatures, d'odeurs, d'humidité, de moisissures, les clapotis de l'eau qu'on entend sans la voir, de smog d'où on perçoit des sons étouffés en s'attendant à voir des chimères passer furtivement, amitié amoureuse avec un fantôme. Tout était là pour me faire rêver et susciter ma curiosité. Hélas, j'ai trouvé la narration plutôt décousue et j'ai eu du mal à accrocher. Enfin… mon intérêt a suivi une courbe sinusoïdale.

Néanmoins j'ai aimé l'aspect féministe, car Bridie fait ce qu'elle veut, entre pratique de la chirurgie, alcool et fumette, et le propos m'a convenu "[…] que les femmes devraient avoir le droit plein et entier d'exercer la médecine, étant en règle générale, notablement moins stupides que les hommes." C'est ce qu'affirme haut et fort Rumold Fortitude Prudhoe.
Car Bridie a eu des mentors qui croyaient en elle, qui lui ont tout appris des sciences généralement réservées aux hommes, et qui la portent en haute estime.

On fait des allers-retours entre le présent et le passé de Bridie, découvrant peu à peu ce qu'a été sa vie. Il y a des choses en suspens, des terreurs d'enfance jamais guéries, des doutes qui nous sont distillés et qui laissent présager des événements glaçants via une menace diffuse, une ombre qui rode.

Pour moi, cette histoire a été "Je t'aime moi non plus." Ça aurait pu me plaire énormément, mais je me suis traînée comme une âme en peine jusqu'à l'épilogue. Il a manqué quelque chose d'indéfinissable pour que je l'aime et que j'y trouve un réel intérêt. Peut-être que trop de digressions m'ont perdue, entre le présent de Bridie et ses souvenirs d'enfance. Par moments je ne savais plus à quelle époque on se trouvait. Dommage. Pourtant c'est bien écrit, mais les tournures de phrases sont étranges… et des détails un peu beurk ne m'ont pas aidée. L'autrice nous laisse sur une fin ouverte à priori.

 

Citations :

Page 20 : Ses bottes noires, de bonne facture, sont soigneusement cirées. La crinoline n’est pas sa tasse de thé : ses jupes ne sont pas gonflées et son corset est aussi négligemment serré que le permet la bienséance. Sa cape, grise à bordure violette, est courte. C’est une femme dotée de sens pratique, ou du moins une femme qui estime pratique de pouvoir franchir une porte, monter un escalier ou simplement respirer sans encombre.

 

Page 36 : L’odeur de la merde est la principale émission olfactive des divers habitants du secteur où vit Bridie Devine. Tout le monde y contribue : les Russes, les Polonais, les Allemands, les Écossais, et particulièrement les Irlandais. Chacun y apporte sa touche personnelle. Depuis le nourrisson de Mme Neary, qui défèque dans des chiffons, jusqu’au père Duncan, soigneusement accroupi sur son pot de chambre. Leur produit est jeté dans les fosses d’aisance, les remises et les cours, où il participe à l’arôme périlleux de Londres.

 

Page 74 : Cette femme est faite de cirage, de fumée de pipe, de vêtements propres et de vent du nord. Quant au mort qui marche derrière elle, eh bien, il est inoffensif. Il n’a qu’un vague parfum d’au-delà, froid et minéral, comme de la neige fraîche.

 

Page 178 : Prudhoe fournit aussi des preuves lors des enquêtes, quand il n’expédie pas des brûlots et des lettres au vitriol aux revues médicales ; il adore du reste que ces mêmes revues médicales lui consacrent des articles trempés dans la même encre. Car certaines vérités lui tiennent à cœur. À savoir que la plupart des membres de la profession médicale sont des ânes bâtés ; que les femmes devraient avoir le droit plein et entier d’exercer la médecine, étant, en règle générale, notablement moins stupides que les hommes. Qu’en outre un médecin de campagne met en moyenne trois mois pour diagnostiquer que son patient a été empoisonné, tandis qu’un médecin de ville sera plus probablement l’empoisonneur en question.

 

Page 201 : Si elle avait été un garçon, son avenir dans la médecine aurait été assuré, mais le docteur Eames se félicitait de pouvoir faire d’elle une assistante de laboratoire douée. Elle ferait l’épouse idéale pour un jeune médecin. Lorsque le moment viendrait, il superviserait son mariage (un époux adéquat, issu d’une bonne famille, qui pourrait être persuadé de fermer l’œil sur les débuts peu glorieux de sa promise).

 

 

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 4 – La tempête des échos – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants: Babel, le Pôle, Anima... aucune arche n'est épargnée. Pour éviter l'anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l'Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s'engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes.


 

 

Mon avis :
Voilà le Tome 4, la dernière ligne droite… enfin, droite non ! Car tout est mouvementé dans cette saga et rien ne va en ligne droite !

Les arches perdent des pans entiers dans le vide et une évacuation des non-natifs de Babel est organisée, ou plutôt une expulsion qui tourne à l'émeute. Ophélie doit absolument trouver "l'autre" car sans doute est-il responsable de ce qui est en train d'arriver. Ou bien est-ce Eulalie ? Et pour ce faire, elle pense devoir intégrer l'observatoire des Déviations, cet endroit terrible où il semble se passer des choses affreuses.

Je me suis beaucoup demandé qui était en réalité Ophélie. À mesure qu'elle avance dans sa quête de la vérité, tout devient de plus en plus étrange, voire métaphysique, autant pour elle que pour le lecteur. Je dois dire que par moments j'ai été perdue. On découvre peu à peu sur elle des choses qu'elle-même ne sait pas. Elle navigue à vue dans de constantes distorsions de temps et de lieux.

Ophélie qui pensait juste être une petite conservatrice de musée insignifiante s'avère au fil des pages une personne forte, volontaire, pugnace, résistante, intuitive, généreuse, altruiste, un très beau personnage féminin.

Le final de cette saga est totalement ébouriffant. Cependant, quelques pages de moins ne m'auraient pas déplu. J'ai parfois trouvé trop long les nombreuses descriptions de cette espèce d'apocalypse contre laquelle Ophélie lutte avec l'énergie du désespoir mais surtout une force incroyable.
J'avoue que cette fin ouverte n'est pas celle que j'espérais. Elle donne la possibilité d'une suite que j'aimerais tellement mais qui n'a pas été écrite…
En tout cas, une saga totalement addictive dont le tome 2 a été mon préféré.

 

Citations :

Page 233 : Ophélie eut soudain l’impression de mieux respirer. Thorn avait parfois des manières de coupe-papier, mais son absence de doutes balayait les siens.

 

Page 294 : À sa vive surprise, Thorn acquiesça sans seulement essayer de la décourager. Elle ressentit à cet instant pour lui une infinie gratitude. Elle lui était reconnaissante d’être si stable devant elle, si présent parmi les absents, si vivant surtout.

 

Page 346 : Chaque choix comportait la promesse d’une récompense et le risque d’une condamnation.

 

Page 538 : Il la couvrait de baisers, elle le couvrait d’insultes. Une bulle de bonheur dans un océan de chaos.

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 3 – La mémoire de Babel – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Deux ans et sept mois qu’Ophélie se morfond sur son arche d’Anima. Aujourd’hui il lui faut agir, exploiter ce qu’elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d’informations divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d’adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?


 


 

Mon avis :
À peine le tome 2 refermé que je me jetais avec avidité sur le 3 avec comme seul rêve de pouvoir m'extraire du monde le temps de le lire d'une traite. Hélas, ça c'est pas possible.

Ophélie est retournée sur Anima et elle se morfond depuis plus de deux ans tant l'ennui, le doute et l'incertitude sont profonds. Par chance, elle réussit à échapper à la vigilance de la Rapporteuse et sa girouette et décide d'aller à Babel.
Et là, force est de constater que l'autrice n'est jamais à court d'imagination, une imagination débordante, délirante, où chaque nouveau monde nous réserve de nouvelles fantasmagories toutes plus folles les unes que les autres. C'est chaque fois un plaisir incommensurable de découvrir ces lieux féeriques qui nous éloignent de notre quotidien pour nous ramener à notre âme de gosse qui croyait que tout était possible.

À Babel, Ophélie, qui s'y trouve incognito, se lance un défi énorme qui devrait lui permettre d'atteindre son but, qui consisterait presque à décrocher la lune.
"Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer" semble être le mantra d'Ophélie.

Babel, sous ses airs bien propre, pacifique et disciplinée est en réalité une société totalitaire. Tous ces interdits, c'est vraiment glaçant. Tout le monde est surveillé, tout le monde doit dénoncer le moindre écart au règlement qui est régi par des codes très stricts, qui vont de la tenue vestimentaire jusqu'au langage. La violence est prohibée, il est interdit d'utiliser le mot guerre, de crier, de dire des grossièretés, de mentir. Les sanctions sont sans violences physiques et pourtant terribles. Dans cette arche où le mensonge est un crime très grave, Ophélie vit sous une fausse identité.

On rencontre de nouveaux personnages, Ambroise qui est étrangement inversé, Blasius le maladroit, Octavio si magnétique, Mediana la peste ambitieuse, Pollux et Hélène les esprits de famille jumeaux, et un univers d'une richesse incroyable. Parallèlement on suit les pérégrinations d'Archibald accompagné de Renard et Gaëlle à travers les roses des sables. Il y a aussi une petite Victoire qui a un pouvoir étonnant dont on se demande à quoi il va être utile. Et bien sûr, une fin qui donne furieusement envie de poursuivre cette saga.
Et donc, EN ROUTE POUR LE TOME 4 !!!

 

Citations :

Page 133 : Alors qu’Ophélie cherchait le verre de ses lunettes, qui avait lâchement profité de l’occasion pour reprendre la fuite, la colère explosa dans son ventre. Une mioche ! Même loin de chez elle, même après toutes ces années, on la traitait encore et toujours comme une mioche.

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 2 – Les disparus du Clairedelune – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Sont-elles liées aux secrets qui entourent l’esprit de famille Farouk et son Livre ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au cœur d’une redoutable vérité.

 

 

Mon avis :
Voilà que j'ai enchaîné le deuxième tome, car l'essayer c'est l'adopter. En effet, on a envie de savoir où tout ça va mener Ophélie mais aussi Thorn, son futur époux, dans ce monde cruel et menteur. Car si lui y a toujours vécu, Ophélie vient d'une arche où il n'y a pas de jeux de pouvoir ni de duplicité. C'est comme si elle avait été plongée dans un bain d'acide et qu'elle devait apprendre à y survivre et même à y vivre pleinement.

Ophélie est amenée à rencontrer Farouk, l'esprit de famille de cette arche et donc l'être le plus vieux et le plus puissant de ce lieu ainsi que l'ancêtre de tous. Il est décrit comme étant d'une beauté fascinante, pourtant il paraît totalement évaporé, a une mémoire défaillante et semble s'ennuyer au delà de tout. En fait il a l'air carrément gâteux. Ce personnage si puissant qui a l'air de ne rien comprendre ni retenir m'a beaucoup amusée.

Ce deuxième tome et ses descriptions des personnages et des décors extrêmement baroques ainsi que les situations extravagantes m'ont parfois fait penser à un film des années 80 tiré d'un livre, Les aventures du Baron de Munchausen. Une espèce de folie qui donne l'impression d'être dans un univers onirique règne en permanence. Des paysages fous, des événements abracadabrants et des individus tous plus fantasques les uns que les autres donnent la sensation de voyager dans un rêve totalement délirant et féerique.

Il y a dans cette histoire une infinité de personnages passionnants, je crois même qu'ils le sont tous. Certains restent insondables dans ce mélange d'(in)humanité en tous genres, du moins pour l'instant… tel l'ambassadeur, l'anticonformiste de service, qui est un vrai tombeur et qui dépasse sans doute parfois les limites. Pourtant j'ai du mal à croire qu'il ne soit que cela. Et le chevalier, cet enfant infect au pouvoir trop grand pour lui et qui en use à mauvais escient. Thorn, le fiancé d'Ophélie, grand dadais maussade et dur, en apparence en tout cas… mais il faut dire que tout bébé on a tenté de le zigouiller ! Je l'aime énormément et assez rapidement on sent des failles, comme si sa personnalité était surtout une carapace.
Et puis des intrigues, des mystères, des menaces, des disparitions… on ne s'ennuie pas un seul instant dans cette histoire totalement prenante.

J'ai tout aimé et j'ai adoré la fin, qui apporte des réponses mais aussi des nouvelles questions. Surtout, chaque révélation semble apporter de nouveaux mystères…

Et bien entendu, À L'ASSAUT DU TOME 3 !!!

 

Citations :

Page 34 : Ophélie était consciente qu’ils jouaient ensemble sur les planches d’un théâtre, devant un public qui n’attendait qu’une fausse note pour les huer. Chaque mot, chaque intonation, chaque expression corporelle avait son importance. Mais sur cette scène, Thorn restait son plus grand adversaire. À cause de lui, on ne retiendrait d’elle que l’image d’une femme tapie dans l’ombre de son mari.

 

Page 119 : La vieillarde semblait dans l’expectative, comme si elle attendait de voir la jeunette faire ses preuves. Ophélie s’aperçut qu’elle avait elle-même envie de gagner l’estime de cette femme brillante, de cette personnalité insoumise, de cette étrangère qui s’était accomplie à travers sa profession.

 

Page 326 : Je suis la maman d’Ophélie. J’admets être sensible à l’intérêt évident que vous portez à ma fille, mais j’aurais quelques observations à vous faire. Pour commencer, je ne suis pas certaine d’apprécier la façon dont les femmes sont considérées dans votre petite réunion, dit-elle avec un geste significatif pour l’assemblée exclusivement masculine qui la jaugeait du regard. Ensuite, je vous trouve excessivement sévère avec vos plus jeunes descendants. Et enfin, conclut-elle, à l’intention cette fois des favorites, vous devriez apprendre à vous habiller convenablement, mesdames. À votre âge, on ne cache pas ses parties intimes derrière des diamants. Quel exemple déplorable vous donnez à ma fille !

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 1 – Les fiancés de l’hiver – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs.
Elle vit paisiblement sur l'arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons.
La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle.
À quelle fin a-t-elle été choisie ?
Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ?
Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel.

 

Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable. Découvrez le premier livre d’une grande saga fantastique et le talent d’un nouvel auteur à l’imaginaire saisissant.

 

Lauréat du Concours du premier roman

organisé par Gallimard Jeunesse, RTL, et Télérama.

Grand prix de l’imaginaire 2016

 


 

Mon avis :
Comme promis à ma fille qui y tenait énormément, j'attaque 2023 avec La passe-miroir. Et c'est Gallimard jeunesse ! Ce qui veut dire que, soit je suis complètement immature, soit j'ai gardé ma capacité de rêver et je n'ai pas tué l'enfant qui sommeille en moi. Je vais opter pour la deuxième solution !

Dès le début il est question de mariage arrangé, d'une impossibilité de dire non pour Ophélie qui doit se résigner à épouser Thorn, un homme dont elle ne sait rien. le moins qu'on puisse dire c'est que dès le premier regard, l'aversion est réciproque. Aucun des deux ne souhaite ce mariage, mais le choix ne leur appartient pas.

Ce roman est un univers de magie où, en touchant les objets Ophélie peut connaître l'histoire des propriétaires successifs, où les choses ont une vie propre et ça m'a beaucoup plu. Elle sait aussi traverser les miroirs. Ça m'a un peu évoqué Harry Potter mâtiné du Merlin l'enchanteur de Disney. Eh oui, mon âme d'enfant s'est réveillée à cette lecture. Mais La passe-miroir n'est pas une copie des deux que je viens de citer. C'est juste quelques petites choses comme ça en rapport avec mes propres références, la magie tout simplement telle l'écharpe d'Ophélie qui a sa vie propre…

Les descriptions des différentes arches, les pays, m'ont plongée dans ces mondes tant c'est visuel et immersif, ainsi que les personnages tous étonnants, parfois exubérants. Ça fourmille d'idées, d'imagination, de féerie mais aussi de suspense car le monde dans lequel Ophélie doit aller vivre avec son mari est le Pôle, glacial, extrêmement dangereux, plein de faux-semblants, de perfidie, aux antipodes du sien à tous points de vue, auxquels elle va devoir se frotter et se faire malmener. Cette société est beaucoup trop compliquée pour elle, vanités, ambitions, manipulations, complots, hypocrisies, jalousies, tout n'est que danger pour Ophélie.

En fait, je ne veux pas rentrer dans les détails de l'histoire de peur de spoiler… Il faut lire cette saga si on n'a pas tué l'enfant tapi en nous, car il n'y a pas d'âge pour se laisser aller à rêver d'un univers magique, et celui-ci est tout simplement foisonnant !
J'y ai toutefois trouvé un côté patriarcal désuet un peu pesant, mais peut-être n'est-ce qu'une impression intentionnelle de la part de l'autrice et possiblement Ophélie réussira-t-elle à s'en affranchir. Je l'espère !!!

Et, bien évidemment, SUS AU TOME 2 !!!

 

Citations :

Page 61 : Clouée sur place, Ophélie était incapable de bouger. Il était là. L’homme qui était sur le point de déstructurer sa vie était là.

 

Page 161 : Sa mère avait une personnalité envahissante qui ne laissait de place à rien d’autre qu’elle-même ; elle parlait, elle exigeait, elle gesticulait, elle n’écoutait pas. Quant à son père, il n’était que l’écho faiblard de sa femme, toujours à l’approuver du bout des lèvres sans lever le nez de ses souliers.

 

Page 312 : Dans ce monde, les domestiques avaient bien peu de valeur. Ils n’appartenaient pas à la descendance de Farouk et venaient du peuple des sans-pouvoirs, ils devaient donc compenser avec leurs mains ce qu’ils ne pouvaient apporter avec leurs dons. Il y avait effectivement de quoi rester pensif. Un Mirage qui tricote des illusions vaut donc mieux que ceux qui nettoient son linge et préparent ses repas ?

 

 

 

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Mon avis : Gagner la guerre – Jean-Philippe Jaworski

Publié le par Fanfan Do

Éditions Folio SF

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Quatrième de couverture :

"Gagner une guerre, c'est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d'orgueil et d'ambition, le coup de grâce infligé à l'ennemi n'est qu'un amuse-gueule. C'est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l'art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c'est au sein de la famille qu'on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c'est plutôt mon rayon..."

Gagner la guerre est le premier roman de Jean-Philippe Jaworski. On y retrouve avec plaisir l'écriture inimitable de l'auteur des nouvelles de Janua vera et don Benvenuto, personnage aussi truculent que détestable. Le livre a obtenu en 2009 le prix du premier roman de la région Rhône-Alpes et le prix Imaginales du meilleur roman français de fantasy.

Jean-Philippe Jaworski, né en 1969, est l’auteur de deux jeux de rôle : Tiers Âge et Te Deum pour un massacre. Il conjugue une gouaille et un esprit de contes de fées à la Peter S. Beagle avec l’astuce et le sens de l’aventure d’un Alexandre Dumas.

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Ça faisait longtemps que ce livre me tentait, puis il a été proposé en lecture commune sur Instagram, c’est ce qui m’a décidée.

 

Mon avis :

Dès le premier chapitre je me suis demandé ce que j'étais venue faire dans cette galère !
C'est quasi-exclusivement narratif, du moins au début, et pour moi ce type de récit c'est l'enfer car j'aime quand il y a des dialogues. En gros je m'y suis ennuyée à mourir, surtout quand il n'est question que de combats sur mer (au début toujours). Et comme de surcroît il s'agissait là d'une Lecture Commune, et que je n'abandonne jamais une LC, et que le livre comporte 979 pages, je me suis dit que j'étais certainement complètement maso et née pour souffrir .
Ah oui, parce que le narratif a sur moi un effet soporifique qui m'empêche de retenir ce que je lis.

En fait, ma lecture a suivi une courbe sinusoïdale : des moments de grand intérêt alternés par des passages d'un ennui profond car très politiques, jusque la moitié du livre.

Don Benvenuto Gesufal est le narrateur et il s'adresse directement à moi, lectrice. C'est un sale type, un odieux salopard, espion et tueur à gage du Podestat Leonide Ducatore, et bien sur totalement sans cœur. Mais... il est parfois tellement drôle.
À sa décharge il faut reconnaître qu'il gravite dans un furieux panier de crabe, et lui au moins assume ce qu'il est, contrairement à d'autres qui avancent à visage couvert et n'en sont pas moins ignobles.

C'est une lecture instructive et d'un point de vue politique on se rend compte de toutes les magouilles dans ce domaine et ça nous fait comprendre, si besoin était, à quel point il faut être retors pour être une bête politique. Hélas de ce point de vue là j'y ai trouvé des longueurs infernales car la politique me rebute au plus haut point. Pourtant c'est un roman prenant qu'on n'a pas envie de lâcher.

L'histoire est incroyablement fouillée, hyper construite avec une multitude de personnages, d'événements, de lieux, et de descriptions de tous ordres.
L'écriture est magnifique, érudite, poétique parfois, même l'argot est savamment utilisé, et le tout est d'une fluidité absolue.

 

Citations :

Page 49 : La plupart avaient complètement abasourdis, écrasés par la défaite ; des pauvres types tellement sonnés par le malheur qu’ils ne pouvaient pas l’encaisser réellement, juste se demander ce qui était le plus dur, entre se tortiller sous de savants supplices pendant d’interminables heures ou ramer pendant d’interminables années sur un banc de nage, en patinant dans sa propre crotte.

 

Page 116 : Un ciel immense déployait ses champs d’étoiles au-dessus de ma tête branlante, et un quartier de lune blonde se mussait avec indolence dans une écharpe nuageuse. Parce que j’avais failli mourir, je percevais le monde avec une acuité fabuleuse. Comme si l’esprit désertait déjà l’intelligence et le sentiment, pour se réfugier dans la sensation pure.

 

Page 239 : C’était une imposture. Ce n’était pas moi qu’on honorait, mais l’argent et l’influence du Podestat.

 

Page 286 : Tuer et inhumer, c’est deux activités très différentes. Buter un quidam, pour un affranchi, c’est gratifiant. Ça demande un minimum de cœur au ventre, nécessite un vrai sens du contact, c’est un peu sale, c’est rapide, c’est payant : bref, c’est une réelle expérience humaine, directe et sans complications. Enterrer le même quidam, par contre, quelle corvée ! C’est codifié, grégaire, faux cul, interminable. Ça sublime toutes les vicissitudes du banquet de mariage, en noir et et sans le pince-fesse. La douleur sincère de quelques naïfs copule d’obscène manière avec les larmes obligées du plus grand nombre.

 

Page 549 : La nuit à la cambrousse, c’est toujours plein d’un raffut animalier à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Ça jappe, ça glapit, ça hulule, ça miaule des cris d’écorché. Même le brame d’une chevrette ressemble au râle d’un poitrinaire égorgé.

 

Page 751 : L’intuition d’une catastrophe imminente. Tout le monde a vécu ça, chacun à sa manière. Certains, quand ils ont marché vers la femme qui les aimait à la folie pour lui dire que c’était fini ; d’autres, quand ils étaient traînés devant la cour de justice où les attendait une sentence ; et tous, tôt où tard, quand il a fallu affronter la chapelle ardente où reposait le corps d’un ami ou d’un parent. C’est la certitude de l’irréparable. C’est l’instant de suspens où tout tient encore en place, alors que tout doit crouler.

 

 

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