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Mon avis : Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi – Mathias Malzieu

Publié le par Fanfan Do

Éditions Flammarion

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Mathias, un jeune homme d'une trentaine d'années, vient de perdre sa mère. Sur le parking de l'hôpital, il rencontre un géant qui l'aide à accepter de vivre malgré cette disparition et l'invite à un voyage fantastique dans le pays des morts. Cette évasion dans l'imaginaire lui permettra de passer d'un monde enfantin peuplé de super héros rassurants au monde plus cru et cruel des adultes. Dans la lignée d'un Tim Burton ou d'un Lewis Carroll, Mathias Malzieu signe ici un texte unique, à la fois conte d'initiation survolté et roman intimiste bouleversant. Un texte d'une force, d'une drôlerie et d'une poésie universelles, écrit parfois comme on peut crier sa douleur, ou l'envelopper dans le coton de ses rêves.

 

Mathias Malzieu est le chanteur du groupe Dionysos. Après un recueil de nouvelles très remarquées, 38 mini western (Pimientos. 2003), il signe ici son premier roman.

 

" Il écrit court, irréel, cinglant, doux-amer et souvent absurde, dans la grande tradition des livres pour grands enfants, de Roald Dahl au précieux Tim burton. " Les Inrockuptibles

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Depuis bientôt trente ans je m'accroche à l'instant de ma vie où mon coeur s'est effondré sur lui-même. Je cherche à travers les écrits des autres à retrouver cet instant de bascule, le moment précis où on apprend que Maman vient de devenir un mot du passé. Cette faille dans le temps où on entre dans la grande fraternité de celles et ceux qui n'ont plus de maman à câliner, qui n'ont plus de bras dans lesquels se réfugier quand ils se sentent tout petit.

 

Mon avis :
Et c'est vrai, c'est là, c'est écrit ! 
Mathias Malzieu sait ce que j'ai ressenti, il l'a écrit, là, dans son livre, cet instant où la terre s'arrête de tourner, il l'a senti, ça l'a foudroyé, quand sa maman est devenue un être d'avant. Elle était, et sans bruit, elle n'est plus. Et pourtant, quel fracas intérieur !

Il y a aussi des moments très drôles, sur l'absurdité de la vie, de la mort, des bondieuseries. J'aime la façon qu'a 
Mathias Malzieu de parler du trépas, le refus de la mort de ceux qu'on aime, sans cérémonie, voire avec une tendre irrévérence. Toutes les pensées, les réflexions et les divagations que lui inspire le chagrin provoqué par la mort de sa mère sont d'une beauté absolue. Il invente un géant qui va l'aider à lutter contre cette mort insupportable, quand d'autres, comme moi, rêvent de leur défunte maman qui revient de temps en temps de l'au-delà voir si ça va bien, afin d'éloigner la camarde et repousser les limites de l'absence définitive. J'ai vibré en lisant ces lignes et je me suis retrouvée auprès de ma mère, il y a presque trente ans, quand j'ai compris que j'allais devoir apprendre à vivre sans elle.

Ce cours roman est un long poème en prose. C'est magnifiquement écrit, j'ai eu la sensation d'entrer en communion avec le texte et les pensées de 
Mathias Malzieu, qui rendrait presque belle la mort. Il exprime parfaitement avec sa fantaisie et ses mots toute l'étendue de l'indicible douleur de cette perte là, de ce deuil impossible.
 

Citations :

Page 15 : 19h30, « c’est fini ». Dans l’horloge de ton cœur, la petite aiguille ne remontera plus jamais vers midi.

 

Page 18 : Tout le monde avait peur. Peur que tu partes. Et maintenant que tu es partie, on a encore plus peur.

 

Page 24 : Comment on va faire maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu’est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? Qu’est-ce qui se passe pour toi là ? du rien ? du vide ? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort ?

 

Page 51 : Papa, Lisa et moi commençons notre longue journée de logistique funéraire.

D’abord, la mairie : épeler ton nom, pour bien dire que tu n’existes plus. Puis le cimetière : choisir l’emplacement. Comme au camping, ombragé, pas ombragé, près de la sortie, loin de la route, à l’abri du vent…

 

Page 55 : Quand ça sera mon tour de mourir, je voudrais m’évaporer. Je ne veux pas que quelqu’un que j’aime ait à choisir où m’enterrer et dans quelle boite.

 

Page 112 : - Elle va revenir, je l’attends avec des étoiles et des gâteaux, elle en a marre des fleurs, elle en a marre d’être morte, c’est trop long...

 

 

 

 

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