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Mon avis : Furie – John Farris

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’américain par Gilles Goullet

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

Gillian Bellaver, 14 ans, grandit dans l’une des plus riches familles au monde. Robin Sandza est le fils d’un tueur professionnel à la solde du gouvernement.
Ces adolescents semblent n’avoir rien en commun. D’ailleurs, ils ne se connaissent m
ême pas. Pourtant, tous deux partagent d’effrayants dons psychiques, capables de mettre en danger l’humanité tout entière. Alors que les membres d’une organisation gouvernementale se lancent sur la piste de Gillian et Robin pour découvrir l’origine de leurs mystérieux pouvoirs, Peter Sandza doit utiliser tous ses talents pour protéger son fils. Et la furie n’épargnera personne.


 

 

Mon avis :
Le début du roman nous énumère une liste d'adolescents longue comme le bras, tous plus névrosés les uns que les autres. La grande question est : sont-ils stressés par la vie à New-York ou par la société moderne ? Ou par le fait qu'ils sont des gosses d'hyper riches ? Plus assez de repères, aucun rites de passage à quelque âge que ce soit, et les voilà tous complètement flippés.

Énormément de personnages défilent et on se doute que tôt ou tard ils vont tous avoir des liens, voire des interactions. Il faut juste rester concentré pour ne pas perdre le fil.
Un Nouveau Peuple est en train d'apparaître partout sur Terre. J'adore l'idée que quand nous rêvons ce ne sont pas des rêves mais autre chose et que nous l'ignorons.
Incubes, succubes, démons de l'éther, dimensions parallèles, télépathie, télékinésie, don de prescience et réincarnation, tout ce que j'aime, tout ce que j'ai aimé lire pendant longtemps. Je me suis laissé emporter dans l'histoire avec nostalgie, bonheur et fascination.

Robin et Gillian, tous deux âgés de quatorze ans, ont des pouvoirs. Robin le sait, Gillian l'ignore. Robin connaît Gillian, mais Gillian ignore qu'elle connaît Robin. Évidemment ils vont devenir des proies, mais ceux qui veulent leur mettre la main dessus savent-ils à quoi ils ont réellement affaire ? Les risques qu'ils encourent ?

Ce roman m'a tout de suite rappelé ceux que je lisais à l'adolescence, et pour cause, ça se passe dans les années 70. D'ailleurs il m'a fait penser aux vieux 
Stephen King ou Dean Koontz et d'autres dont j'ai oublié les noms. Est-ce un moment de nostalgie ? En tout cas j'ai aimé bien que la chronologie m'ait laissée un peu perplexe au début... l'histoire commence en 1976, puis au chapitre 5 on est en 1972 et au chapitre 12 en 1975 alors qu'entre les deux j'avais cru revenir en 1976. Cela dit, ça ne m'a pas plus dérangée que ça car j'ai vraiment aimé cette histoire dont le rythme et l'intérêt ne faiblissent jamais. J'ai aimé l'aspect paranormal, les complots et le côté espionnage avec des grands méchants d'organisations secrètes toutes puissantes et tentaculaires, prêtes à tout pour mettre la main sur des êtres d'exception. le petit côté vintage de l'histoire m'a beaucoup plu !
Il y a deux autres tomes qui hélas ne semblent pas avoir été publiés chez Gallmeister.

 

Citations :

Page 22 : Avant, il fallait marcher deux cents mètres pour rejoindre le bord de l’eau. Vrai de vrai ! Quand j’étais gamine, la plage resplendissait, et maintenant elle est toute salopée par le goudron des pétroliers. Et quand les océans auront disparus, elle va devenir quoi, l’humanité ?

 

 

 

 

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Mon avis : Les chiens – Allan Stratton

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’américain par Jacqueline Odin

 

Éditions Milan

 

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Quatrième de couverture :

Cameron devait être à l’abri pour de bon, dans cette vieille ferme paumée au milieu de nulle part. Son père ne les dénicherait jamais dans un coin pareil, avait dit sa mère, N’empêche, dès le premier jour, Cameron sent bien que quelqu’un est déjà là. Invisible, mais il le sent. Il l’entend même. Quels secrets va-t-il découvrir dans cette baraque ?


 

 

Mon avis :
Cameron, adolescent qui a un père dangereux voire psychopathe, passe son temps à fuir avec sa mère le danger que cet homme représente dès qu'il se rapproche. C'est ainsi qu'ils vont aller vivre dans un coin perdu, dans une ferme un peu délabrée, et surtout inquiétante. Pour Cameron c'est surtout l'angoisse des changements de collèges qui le taraude avec, au mieux la solitude, au pire le harcèlement. Dans son nouveau collège, Cody et sa bande de suiveurs minables aboient sur son passage.

Tout inquiète Cameron dans ce nouvel environnement, que ce soit Sinclair le sinistre propriétaire ou les ombres qu'il croit distinguer dehors la nuit, jusqu'à ce petit garçon à bonnet de 
Davy Crockett qui semble roder dans la grange, ou encore la trappe du grenier condamnée au plafond d'une des chambres. Avec toujours l'angoisse du père qui pourrait les retrouver.

Étrangement, des bribes du passé semblent errer dans le présent, tel cet étrange petit garçon ou encore ce qui certains soirs ressemble à des aboiements dans le lointain. Cameron décide d'en apprendre plus sur cette maison dans laquelle il se sent constamment observé mais va aussi tenter d'éclaircir la mort étrange autant qu'horrible de l'ancien propriétaire de nombreuses années auparavant, après le soi-disant départ de sa femme et de son fils que personne n'a jamais revus.

On oscille entre paranormal et folie dans cette histoire en se demandant où est la vérité, où est la raison. C'est passionnant, le suspense est distillé savamment, les moments d'angoisse au rendez-vous, c'est une histoire qui se dévore avec une fin ébouriffante. J'ai énormément aimé ce roman jeunesse ! Comme quoi, il ne faut pas s'arrêter à ça. Nombre de romans estampillés jeunesse sont passionnants quel que soit l'âge qu'on a.

 

Citations :

Page 48 : Je commence mes devoirs. Mais je ne tarde pas à lever le nez pour regarder les étoiles et tâcher d’oublier ma vie. Je me demande qui d’autre contemple la lune en ce moment. Est-ce que des gens se posent la même question ?

 

Page 127 : Je n’ai aucune idée des visages ou des voix de mes arrière-grands-parents, ou de mes ancêtres avant eux, dans des temps anciens. C’est étrange de penser qu’ils étaient comme moi, qu’ils plaisantaient avec des amis, qu’ils fulminaient contre leurs parents, qu’ils ressentaient du courage, de la peur, une foule d’émotions. Mais ils ont disparu maintenant, tous les gens et toutes les choses qui comptaient pour eux ont disparu aussi, et personne ne le sait ni ne s’en préoccupe.

 

 

 

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Mon avis : Dernier bateau pour l’Amérique – Karine Lambert

Publié le par Fanfan Do

Éditions La Belle Étoile

 

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Quatrième de couverture :

« On a bien failli le rater, ce bateau de la dernière chance. On nous a prévenues à 6 heures du matin que le Serpa Pinto avait enfin accosté au vieux port. Nous avons rassemblé nos affaires à la hâte et nous sommes parties avec les valises et les paquets à travers les rues sinueuses de Marseille, soufflant, trébuchant, courant comme des poules sans tête. Les passants nous regardaient ébahis. Moi je craignais qu’on se trompe de direction. J’ai découvert le navire en deux temps. D’abord l’odeur de la fumée. Puis en arrivant sur le quai, l’immense coque noire et les trois cheminées rouges alignées. Il était sur le point de larguer les amarres. Valia a crié : « Attendez-nous ! »

Anvers, 10 mai 1940. Pianiste prodige, Germaine Schamisso s’apprête à fêter ses dix ans au moment où les Allemands envahissent la Belgique. Benjamine d’une famille d’émigrés juifs russes, elle fuit avec les siens.

Bruxelles, aujourd’hui. Karine Lambert apprend la mort de Germaine, sa mère, qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans. Surgit alors chez la romancière le désir de comprendre qui était cette femme qui ne lui a jamais dit qu’elle l’aimait. Ni avec ses mains, ni avec ses yeux, ni avec ses mots. Encore moins avec ses baisers. Au fil des mois, son enquête la conduit d'Odessa à Anvers, de Marseille à Ellis Island, de New York à Bruxelles. Elle découvre le tumultueux destin de ses ancêtres, leurs déchirures, leurs secrets enfouis. La vie que sa mère ne lui a pas racontée, elle décide de l’imaginer.

Dans une narration virtuose entre les lieux et les époques,
Karine Lambert livre son roman le plus personnel.


 

 

Mon avis :
L'autrice commence l'histoire par la mort de sa mère, Germaine, qu'elle n'avait pas vue depuis vingt ans, nous dit qu'elle n'ira pas à son enterrement car cette femme ne l'a jamais aimée, câlinée, embrassée, encore moins dit "je t'aime". Pourtant, il semble que la mort d'une mère, aimante ou pas, amène des questions existentielles. Et donc une quête. La quête de sa famille, de ses origines, de son histoire.

10 mai 1930, Germaine voit le jour à Anvers. Elle est la première de la famille à n'être pas née en Russie, ce qui crée des disputes avec sa sœur Lydia qui elle a connu les privations, les persécutions et la fin d'un monde puis l'exil à Anvers. Mais le 10 mai 1940 il faut partir sur les routes, fuir les allemands et c'est de nouveau l'exode pour la famille Schamisso, juifs originaires d'Odessa. Germaine, Georges et Rissia ses parents, Mathilda sa grand-mère, Lydia et Valia ses soeurs. Joseph son frère est parti bien avant en Amérique.

L'angoisse de l'exode est tellement prégnante que je me suis sentie terriblement mal pour ces gens. Tout abandonner, se mêler à une file interminable de gens qui fuient les allemands, dormir dans des lits de fortune au coeur de maisons désertées, la peur permanente de l'inconnu, n'avoir gardé que l'essentiel et se sentir au milieu de nulle part après avoir dû abandonner son quotidien, tout ce qui faisait ses repères.

Les chapitres alternent entre passé et présent, entre Germaine petite prodige du piano en exil, et sa fille, autrice de romans qui déterre le passé, se documente et remplit les vides. Car comprendre et savoir peut aider à guérir même quand on ignore qu'on va mal.

C'est absolument passionnant, tellement bien écrit, douloureux et effrayant, car fuir les nazis c'est tenter de fuir le mal absolu. C'est une page d'histoire ténébreuse qui me glace en permanence. Après avoir fui devant l'avancée des allemands et avoir trouvé refuge dans une ferme, c'est l'embarquement à Marseille à bord d'un bateau pour l'Amérique.

Passée l'épreuve d'Ellis Island, l'arrivée sur le sol américain a des parfums d'eldorado, comme le début d'une nouvelle vie où tout devient possible. Pourtant...
C'est une histoire d'arrachements et de recommencements perpétuels. C'est déchirant. J'ai été émue et révoltée, mais aussi agacée parfois par le poids des traditions qui ne respectaient pas les aspirations des enfants.

Ce roman raconte tellement de choses !!! Il est tellement plein de tout ! Toute une vie de toute une famille, maltraitée par l'histoire. Et puis c'est pour l'autrice une façon de tenter de comprendre sa mère mais aussi de se comprendre elle-même.
J'ai adoré la dualité entre les chapitres, ceux autobiographiques où 
Karine Lambert parle de sa vie un peu comme on rédige son journal, et ceux concernant sa famille, écrits comme un roman, car il faut bien imaginer les détails de ce qu'on ne sait pas précisément, ce qu'ils se sont dit, ce qu'ils ont éprouvé, pensé. Il y a derrière cette reconstitution de la vie de la famille Schamisso une incroyable quantité de recherches, que ce soit généalogiques, ou aux archives ainsi que le visionnage de nombreux documentaires.
Cette histoire nous parle de l'errance forcée de la famille Schamisso et de la transformation profonde qui en a résulté, et au fond de nombre de familles juives pendant la deuxième guerre qui n'ont plus jamais été les mêmes. C'est comme une piqûre de rappel de l'Histoire. On ne devrait jamais pouvoir oublier ce qui s'est passé. On se rend compte à travers ce récit à quel point, même ceux qui ont échappé à la Shoah, ont été marqués à vie, traumatisés par le nazisme.

Une histoire où l'émotion affleure souvent et qui nous montre le chemin de la réconciliation, avec soi-même mais pas que.

 

Citations :

Page 12 : C’est difficile de dire « ma mère est morte et je n’assisterai pas à son enterrement ». Les non-initiés aurait vite fait de penser que je suis indifférente. Il m’aurait été insupportable d’entendre « bien sûr que tu dois y aller » ou «  si tu n’y vas pas, tu vas le regretter ».

 

Page 34 : Germaine a l’impression que toute la Belgique est sur la route. Un défilé interminable de voitures d’enfants, de charrettes à bras, de bicyclettes. Des grands-parents transportés dans des brouettes, des automobiles coiffées de matelas et bourrées d’objets hétéroclites, de vieux tacots branlants, soufflants, haletants, à peine plus rapides que les lourdes carrioles traînées par des chevaux.

 

Page 37 : Ils suivent les longues files d’exilés qui se dirigent vers le sud. Personne ne sait exactement où l’ennemi les attend. Leur itinéraire obéit à l’instinct de survie plus qu’à un quelconque plan précis. Qu’importe la destination, ils doivent avancer plus vite que les Allemands.

 

Page 109 : Rester à Marseille, c’est dangereux. Elles ont appris que les Allemands se déploient plus largement sur le territoire français. Traverser l’océan parsemé de mines pendant trois semaines, c’est dangereux. Elles n’auront bientôt plus d’argent ni de tickets alimentaires. Le pain s’achète au marché noir et coûte cher. Même s’il est parfois teinté d’inquiétude, le visage de sa mère exprime la détermination. Elles prendront ce bateau coûte que coûte.

Ce matin, l’hôtelier a menacé de les expulser si elles ne payaient pas plusieurs semaines d’avance. La guerre génère ses héros et ses salauds.

 

Page 158 : Qu’est-ce que le féminin ? D’après ma mère, être belle pour plaire à son mari. L’attendre et n’exister que par lui. Sa vision réductrice m’a été présentée comme l’unique réalité.

 

Page 194 : Ses mains tremblent, le journal tombe par terre. Elle pense au dictateur qui a fondé le régime nazi, mobilisé des armées, envahi des pays, persécuté et exterminé les juifs. Il a anéanti des familles, bouleversé la sienne.

 

Page 279 : Enfant, j’ai dévoré des milliers de livres. Un par jour depuis que je déchiffre les mots. Ils m’ont tenu lieu de famille. J’y ai trouvé la constance, l’évasion, un formidable antidépresseur.

 

Page 296 : — « Si votre mari suggère l’accouplement, acceptez avec humilité, tout en gardant à l’esprit que le plaisir d’un homme est plus important que celui d’une femme. Lorsqu’il atteint l’orgasme, un petit gémissement de votre part l’encouragera et sera tout à fait suffisant pour indiquer toute forme de plaisir que vous ayez pu ressentir. »

Je ne l’écoute plus.

Laisse-moi finir.

Avant de poursuivre, Rissia s’assure qu’aucune oreille indiscrète ne traîne.

« Si votre mari suggère une quelconque pratique moins courante, montrez-vous obéissante et résignée, mais marquez votre éventuel manque d’enthousiasme en gardant le silence. Il est probable qu’il s’endormira rapidement. »

 

 

 

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Mon avis : Le Magicien d’Oz – Lyman Frank Baum

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’américain par Didier Sénécal

 

Éditions Pocket

 

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Quatrième de couverture :

Dorothée et son jeune chien Toto sont emportés par un cyclone et transportés dans un pays merveilleux. Seul le grand et puissant magicien d'Oz peut aider la jeune fille à rentrer chez elle, dans le Kansas.
Mais le chemin est long et semé d'embûches : accompagnée d'un épouvantail qui se plaint de ne pas avoir de cerveau, d'un bûcheron en fer-blanc qui dit ne pas avoir de cœur, et d'un lion qui a peur de manquer de courage, Dorothée se rend dans la Cité d'Émeraude...

 


Mon avis :
J'ai vu le film quand j'étais adolescente et je n'avais hélas pas aimé car ça chantait tout le temps et aucun sous-titre pour comprendre les chansons. Cependant j'avais trouvé les images très belles. Et des années plus tard, même rejet de la part de mes enfants. Mais !... quand j'ai trouvé ce court roman dans un vide greniers, je me suis dit que le lire me plairait peut-être.

Ça commence comme les contes de mon enfance. Dorothy vit avec sa tante et son oncle, tous les deux sans joie et gris comme la minuscule maison qu'ils occupent, au milieu des champs gris et sans arbres. Heureusement, elle a Toto, son petit chien facétieux qui la fait beaucoup rire. Mais la maison est emportée par un cyclone, avec Dorothy et Toto à l'intérieur. Ils vont se retrouver dans un pays enchanteur, coloré, magnifique.

Tout est plus beau que chez elle et les gens sont souriants, pourtant Dorothy veut rentrer chez elle au Kansas. Pour cela elle doit trouver 
le Magicien d'Oz à la Cité d'Émeraude, le seul qui peut peut-être l'aider à trouver le chemin du retour.
Dorothy et Toto vont rencontrer des gentilles sorcières mais aussi des méchantes. En suivant la route pavée de jaune elle sauve un Épouvantail sans cervelle, un Bûcheron en Fer-Blanc à qui il manque un coeur, puis vient un Lion Froussard, qui l'accompagneront car chacun a une quête, un désir d'obtenir ce qui lui manque.

Ce quatuor étonnant va traverser des épreuves, des champs de fleurs dangereuses, un pays de porcelaine, des forêts terrifiantes, rencontrer des êtres fantastiques, des singes très spéciaux, et 
le Magicien d'Oz.

C'est beau et plein de poésie, c'est frais, comme la naïveté de l'enfance. J'ai adoré ce voyage au pays d'Oz où la petite fille que j'ai été s'est laissé émerveiller, les neurones de l'imagination en pleine action pour tout visualiser.

 

Citations :

Page 32 : — Je ne comprends pas pourquoi tu veux quitter ce beau pays et retourner dans cette contrée toute sèche et grisâtre que tu appelles le Kansas.

C’est parce que tu n’as pas de cervelle, répliqua la fillette. Même quand notre patrie est morne et grise, nous autres les êtres de chair et de sang nous préférons y vivre plutôt que dans le plus beau des pays étrangers. Rien ne vaut son chez-soi.

 

 

 

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Mon avis : Prime time – Jay Martel

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’américain par Paul Simon Bouffartigue

 

Éditions 10-18

 

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Quatrième de couverture :

Souriez, vous êtes filmés !

 

Scénariste raté et enseignant usé, Perru Bunt rêve d’Amanda. Mais Amanda a un secret : Galaxy Entertainement. Les Terriens sont les stars idiotes de l’émission de téléréalité la plus populaire du cosmos ! Sauf que l’audience est en berne, la production arrête le show, mais en beauté, sur un dernier épisode fou : la fin du monde. Un homme peut encore sauver la planète : Perry Bunt. Cocktail explosif entre SF et humour acide, The Truman Show et Le guide du voyageur galactique de Douglas Adams, voici un roman imprévisible et déjanté : é-p-a-t-a-n-t.

 


Mon avis :
Dès le prologue je me suis marrée ! C'était bon signe.
Ce roman part d'une idée intéressante à mon goût : et si nous, les humains, n'étions pas du tout ce que nous croyons être, c'est à dire des êtres pensants ayant un libre arbitre... mais en réalité une émission de télé-réalité, regardée dans l'univers. Nous nous comportons en maîtres et possesseurs mais des individus plus évolués, vivant sur d'autres planètes, nous regardent et se marrent devant ces êtres (nous) qui vivent dans ce flot ininterrompu de violence et de bêtise.

On est dans de la science fiction bourrée d'humour, qui se paie la tête des terriens, traite des programmes de télé-réalité et de notre propension à l'autodestruction et tout un tas de choses débiles qui font de nous des êtres humains. C'est très bien vu, très drôle, et même carrément jubilatoire. 
Jay Martel a un humour qui fait mouche, des vannes qui m'ont cueillie quand je ne m'y attendais pas et m'ont fait beaucoup rire.

Perry Bunt, obscure petit prof à la fac et scénariste, est persuadé d'avoir un avenir radieux et qu'un jour la roue va tourner. Mais alors qu'il végète dans sa petite vie insipide, voilà qu'il arrive par hasard dans un endroit où il n'aurait jamais dû mettre les pieds et qu'il voit des choses qu'il n'aurait jamais dû voir. Et sans que rien ne l'y ait préparé il va devoir endosser le costard de sauveur de l'humanité. S'ensuivent de nombreuses péripéties désopilantes, car sauver une espèce qui excelle dans le sabordage n'est vraiment pas une sinécure.

Cette histoire et son humour déjanté m'a rappelé une trilogie que j'ai lu à 20 ans, que j'avais adorée, qui aux Éditions Denoël collection Présence du Futur s'appelait le guide du routard galactique. Depuis le mot routard à été remplacé par voyageur dans les rééditions. C'était drôle et loufoque, comme ici sauf que la fin du monde avait eu lieu.

L'idée générale m'a plu aussi parce que, quand j'étais petite, je m'étais demandé si nous étions réels ou bien un film que des tas de gens regardaient. Et puis, sommes-nous seuls dans l'univers ??

Jay Martel se moque de nos travers, de nos sociétés, de nos croyances et de nos envies de quart d'heure de célébrité. Tout le monde en prend pour son grade, tout passe à la moulinette comme l'eugénisme, la religion, le terrorisme, le côté Big Brother qui règne un peu partout. Et alors que ce roman est paru il y a neuf ans, il est d'une actualité folle au regard de tous les conflits qui éclatent un peu partout, des inégalités de plus en plus aberrantes, de la destruction du vivant qui n'a jamais été aussi intense. C'est comme si cette histoire venait juste d'être écrite, basée sur les infos quotidiennes.
L'humour caustique est libérateur. Il fait rire avec des choses d'une infinie tristesse... comme la bêtise, la haine et les lois stupides. Perry Bunt est inénarrable en loser magnifique. J'ai vraiment beaucoup ri !

 

Citations :

Page 15 : Pendant un moment, Perry avait continué à travailler dans le secteur du divertissement. Dans Salut les fiancés !, une émission qui envoyait des couples récemment fiancés sur une île des tropiques, il devait imaginer des moyens de les faire rompre. Écœuré par cette expérience, il démissionna au bout de deux épisodes en se jurant de ne plus jamais travailler pour de la prétendue télé-réalité.

 

Page 30 : Perry rentrait chez lui : un immeuble stuqué, bâti à la hâte, en haut de Ventura Boulevard, et baptisé, avec un humour totalement involontaire, les Jardins de Wellington. Perchés pour quelques temps encore, sur le flanc abrupt d’une colline qui surplombait une faille sismique majeure, ces « Jardins » en décrépitude faisaient partie des nombreux lotissements du coin où habitaient ceux dont la chance avait tourné ou encore trop jeunes pour faire autrement.

 

Page 79 : En fait, elle aimait ces Terricules qui se tuaient littéralement à escalader de hautes montagnes, à plonger au fond des océans ou à marcher sur des fils tendus à des hauteurs impossibles. Et pourquoi faisaient-ils tout ça ? Étaient-ils traqués par des prédateurs ? Y avait-il quelque chose d’indispensable à leur survie au sommet de ces montagnes ou au tréfonds de ces océans ? Non — ils le faisaient sans raison. S’ils accomplissaient tous ces exploits, c’était uniquement parce qu’ils voulaient se prouver qu’ils étaient capables de le faire.

Comment ne pas aimer des gens pareils ?

 

Page 89 : — Au début du programme, les gens voulaient toujours plus de Terre. Ils vous adoraient parce que vous étiez naïfs, stupides et égoïstes, parce que vous vous entretuiez, parce que vous mangiez vos congénères mammifères, parce que vous faisiez la guerre pour des cailloux que vous trouviez dans le sol.

 

Page 256 : C’était toujours aussi désagréable que dans ses souvenirs : cette bizarre sensation d’une bouche contre une bouche, cet inévitable échange de salive, ce problème de souffle, cette soupe primordiale de langues qui dardaient comme des créatures aquatiques unicellulaires s’entrechoquant dans les ténèbres. Elle remarqua néanmoins que c’était tout à fait différent d’être celle qui embrasse et non l’embrassée. C’était tout aussi grotesque, assurément, voire davantage, mais également plus obscène et — elle ne trouvait pas d’autre mot pour décrire la chose — plus fascinant.

 

 

 

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Mon avis : Une journée d’automne – Wallace Stegner

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’américain par Françoise Torchiana

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

Suspendue au bras de son mari Alec, Margaret guette avec impatience l’arrivée du train de sa sœur Elspeth, venue d’Écosse pour vivre avec eux dans l’Iowa. Vive et malicieuse, s’émerveillant d’un rien, Elspeth respire la joie de vivre et ne tarde pas à illuminer leur vie de riches fermiers bien installés. Mais alors que l’automne s’annonce, un triangle amoureux se forme peu à peu entre Alec et les deux sœurs. Lorsque survient l’irréparable, celui-ci ne tarde pas à se transformer en piège dramatique. Il faudra alors sauver ce qui peut l’être...
Dans ce court roman demeuré inédit en France, Wallace Stegner révèle avec la virtuosité qu’on lui connaît les drames qui se jouent derrière les apparences d’une existence paisible.

 

 

Mon avis :
Il est ici question d'amour, plusieurs déclinaisons de l'amour : l'amour conjugal, l'amour sororal, le besoin d'amour, et la pudeur des sentiments. Quand le roman commence, Alec Stuart et Margaret son épouse attendent un train qui doit amener Elspeth, la petite sœur de Margaret. Cette dernière est en ébullition, tellement heureuse de retrouver sa sœur qui arrive d'Écosse pour venir vivre avec eux. Margaret est "encore fort jolie à vingt-neuf ans", oui, oui ! "Elle était grande, un peu moins que lui toutefois, fine, et n'avait rien perdu de l'éclat de sa jeunesse." Ça situe tout de suite une époque antérieure et la dureté de la vie.

Margaret et Alec sont de la bonne société rurale, celle qui doit tenir son rang, qui se soucie du qu'en-dira-t-on. Elspeth ne doit pas discuter avec des hommes mariés car ça ne se fait pas. Elle n'en croise pas de son âge ce qui ennuie Margaret qui aimerait lui trouver un beau parti. On sent que tout doucement Alec, si drôle et aimable, pourrait faire chavirer le petit cœur esseulé d'Elspeth.
Alec si facétieux, Margaret austère et pieuse si soucieuse des convenances, et Elspeth joyeuse et lumineuse, rayon de soleil dans cette vie sérieuse.

C'est une histoire belle et triste à la fois. Belle comme l'amour naissant qui fait chanter le coeur, triste comme la trahison envers quelqu'un qu'on aime. Et c'est tellement bien raconté, tellement bien décrit qu'on ne se sent pas la force d'avoir un avis, d'émettre un jugement. 
Wallace Stegner décortique à merveille les sentiments terribles des deux sœurs, antagonistes et pourtant aussi puissants, chacune dans sa position inextricable. Il nous convie à la lente déliquescence de ce noyau familial, le couple à la dérive et l'amour sororal en plein naufrage, le tout avivé par le poison des non-dits. Tout est empreint d'une infinie tristesse. Et pourtant c'est absolument sublime.

J'aime l'écriture de 
Wallace Stegner, les descriptions qu'il fait des lieux, de la nature, de la faune, des saisons, des rapports humains, des ambiances et des sentiments. C'est tellement immersif et tellement juste. Il sait si bien raconter les rêves et les douleurs qui collent à la peau dans cette difficile traversée de la vie.
Un court roman, 148 pages, mais qui dit tellement !

 

Citations :

Page 18 : — Mais pourquoi bois-tu donc, Alec ?

Dans la voix à présent plaintive de Margaret bruissait l’écho de nombreuses scènes similaires.

Pourquoi je ne bois pas, tu veux dire, corrigea-t-il, soudain sombre. À force de m’empêcher de me soûler de temps en temps, tu finiras bien par faire de moi une ivrogne.

 

Page 32 : Sur le chemin du retour, Elspeth garda le silence. Elle contemplait cet immense et pesant Norvégien, sa figure empreinte de gravité, ses yeux mélancoliques. Comment un tel Viking, une pareille force de la nature, pouvait-il renoncer à ce pays de cocagne et retourner vivre sur quelque côte rocheuse et désolée ? Était-ce typique ? Elle aussi, voudrait-elle rentrer un jour ?

 

Page 44 : Ils rirent tous deux, et Elspeth tourna le buste pour regarder le visage souriant et brûlé d’Alec, encadré de cheveux roux et bouclés, humides de sueur ; remarquant à peine consciemment son torse et ses épaules gonflés sous la chemise bleue trempée de transpiration, elle se dit qu’il était aussi beau et fort qu’amusant.

 

Page 103 : Elle attendait Alec, avec une sorte de besoin de savoir qu’il avait recommencé à boire, un désir irrépressible de le découvrir coupable de nouveaux forfaits envers elle et envers Dieu.

 

 

 

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