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Mon avis : The fisherman – John Langan

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’américain par Thibaud Eliroff

 

Éditions J’ai Lu

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Au nord de l’État de New York, dans les bois de Woodstock, Dutchman’s Creek coule paisiblement. Une rivière poissonneuse mais quasi inaccessible, et bien plus profonde qu’il n’y paraît…
Ce matin-là, Abe et Dan – deux veufs liés par la solitude et l’amour de la pêche – décident de tenter l’aventure. Surpris par une pluie torrentielle, ils se réfugient au Herman’s Diner, dont le patron va leur raconter l’incroyable histoire de Dutchman’s Creek. « Folklore », pensent-ils.
Pourtant, ils appartiendront bientôt corps et âme à cette légende aussi ancienne que ténébreuse…

 


 

Mon avis :
Abraham, il préfère Abe, moins biblique, moins patriarcal, nous raconte une histoire qui tient du domaine de l'étrange mais qui en réalité va nous faire dresser les cheveux sur la tête. Ça commence dans les Catskills et je me suis retrouvée instantanément au cœur de l'Amérique. Donc Abe commence par nous mettre l'eau à la bouche avec une histoire terrifiante qu'il va nous raconter, puis il décide de commencer par le début, le tout début. J'étais ferrée !... dans ce genre d'ambiance que j'aime tant dans la littérature américaine.

Il nous raconte sa rencontre avec Marie, son mariage très bref, son incommensurable douleur, et puis un matin son envie soudaine d'aller à la pêche alors qu'il n'y connaît rien. À travers ses descriptions il nous transmet cette émanation de bien-être avec "ce bruit qui n'en était pas un, celui du calme." Car il nous emmène au bord des cours d'eau, en pleine nature, loin de tout. Chacune des descriptions nous plonge un peu plus dans ces coins d'Amérique où on se dit que tout peut arriver. Car les cours d'eau au milieu des bois sont beaux et terrifiants pour peu qu'on ait trop d'imagination.

Abe s'est lié d'amitié avec Dan, un jeune veuf inconsolable, et ils vont faire ensemble le tour des différents lieux de pêche de leur région. Lorsqu'un jour, Dan propose d'aller pêcher à Dutchman's Creek, dont Abe n'a jamais entendu parler. Mais Howard, le propriétaire du Herman's Diner où ils aiment prendre le petit-déjeuner avant leur journée de pêche, va leur parler de ce lieu mortifère entouré d'une aura de mystère. Il va leur raconter et Abe va nous le raconter. Et là, j'ai eu hâte de connaître enfin le doux frisson de la peur.
L'histoire, ou la légende, trouve sa source vers les années 1840, époque de Cornelius Dort, homme austère et sans coeur, et de son étrange invité. On va plonger tout doucement au cœur des ténèbres dans quelque chose qui ressemble à de la magie noire. C'est délicieusement terrifiant, répugnant et gluant.
C'est à cette époque que Rainer Schmidt, universitaire allemand polyglotte est obligé de quitter l'Allemagne avec sa femme et ses enfants pour des raisons qu'on ne connaîtra que bien plus tard. Il trouve une place de maçon à la construction d'un barrage aux abords de Dutchman's Creek. Ils vivent dans le village des ouvriers au cœur de la forêt et lui saura quoi faire quand des événements surnaturels et terrifiants se produiront. Mais le prix à payer risque d'être très élevé.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de 
John Langan, sa façon de nous raconter l'histoire, de nous embarquer dedans, et surtout la manière dont il parle du deuil, tellement subtile, tellement ressentie, tellement belle que c'est un peu comme s'il me disait "Je sais". Et cependant ce n'est jamais larmoyant. Néanmoins, alors que j'aimais beaucoup l'histoire passée qui nous était racontée, j'ai fini par trouver ça interminable avec un passage d'une cinquantaine de pages, trop long à mon goût dans l'incursion de ce qui ressemble aux ténèbres les plus maléfiques qui soient, scènes extrêmement bien décrites cependant, et totalement apocalyptiques.

Derrière ce récit aux accents lovecraftiens, se pose une question sur l'enfer du deuil, la capacité de chacun à le supporter et le chemin à parcourir quand le manque se fait trop pesant, lorsque les défunts sont tellement omniprésents que leur absence est la pire des tortures. Et si passé et présent pouvaient se percuter ???
C'est un livre qui m'a fait m'interroger. Je me suis demandé "Et si moi je pouvais... est-ce que je le ferais ?"

Je remercie Lecteurs.com grâce à qui j'ai gagné ce livre, mélange de nature writting et d'horreur aux effluves gothiques.

 

Citations :

Page 19 : On pourrait croire que cette conversation est restée gravée dans ma mémoire, mais je suis bien incapable de me rappeler autre chose que le plaisir d’apprendre qu’elle aussi était fan de Hank Williams Sr. En vérité, j’étais bien occupé à essayer de ne pas lorgner trop ostensiblement le haut de bikini, le short moulant et les tennis qu’elle portait ce jour là. Le mufle typique, je sais.

 

Page 179 : Et, outre le plaisir que lui procurait cette activité, Lottie prenait plaisir au simple fait de travailler. Souvenez-vous qu’à cette époque, les filles, surtout les filles de bonne famille, sont censées rester à la maison et apprendre le piano. Si les Schmidt étaient restés en Allemagne, c’est plus ou moins ce qui serait arrivé à Lottie : elle aurait décoré le salon de ses parents, jusqu’au jour où elle serait devenue prête à décorer le bras d’un jeune homme.

 

 

 

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