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Mon avis : Shiloh – Shelby Foote

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Olivier Deparis

 

Éditions Rivages

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

"Le ciel s'était éclairci, les nuages s'effilochaient, et à quatre heures le soleil perça ; le vert vif de l'herbe et des feuilles vira à l'argent, les flaques de la route se remplirent d'or." Dans la nature luxuriante du Tennessee, la violence règne en maître. Nous sommes en 1862 : depuis un an, la guerre de Sécession meurtrit le pays. Shiloh raconte cette blessure profonde à travers les voix de six soldats des deux camps.
Shelby Foote approche au plus près l'âme humaine, l'absurdité des combats, la détresse et la peur. Dans ce roman déchirant, le bien et le mal se confondent, les certitudes vacillent. Publié en 1952, ce trésor retrouvé de la littérature américaine est traduit pour la première fois en français.

 

Shelby Foote (1916-2005) était romancier et historien. Son œuvre, qui compte une dizaine d’ouvrages, a été comparée à celle de William Faulkner ou de James Lee Burke.


 

 

Mon avis :
Mais qu'est-ce qui pousse les hommes à faire la guerre.?. toute cette souffrance sur les champs de bataille, dans les tranchées !? Ah mais oui ! Ceux qui déclarent les guerres les font avec le corps des autres, avec la vie des autres. Beaucoup plus facile et surtout beaucoup moins douloureux !

Pendant ce temps-là, ceux qu'on a envoyés se battre souffrent… et pensent, à ce qu'ils espèrent retrouver après la bataille, après la guerre.

Sept récits, six soldats, du nord et du sud, en sept chapitres qui montrent l'absurdité de la guerre en même temps que la condition humaine face à ce qui nous dépasse.


Shiloh est le lieu d'une sanglante bataille de deux jours en 1862 au États-Unis entre le nord et le sud pendant la guerre de sécession.
Il semble que 
Shiloh ait un sens, selon le deuxième livre de Samuel : "Il est dit que c'est ce à quoi aspiraient les enfants d'Israël, les élus de Dieu. […] ça voudrait dire "lieu de paix"." Pourtant, en 1862 il y eut à cet endroit un très grand nombre de morts, de blessés et de disparus dans les deux camps.
J'ai cherché les chiffres sur internet, tous les sites que j'ai vus en donnent des différents.

Je ne connais rien à la guerre de sécession et à chaque chapitre je ne savais pas s'il s'agissait d'un soldat du nord ou du sud. Mais ça importe peu puisque l'essentiel de ce récit c'est l'humain dans ce combat fratricide qui nous rappelle si besoin était, que l'Amérique s'est bâtie dans la douleur.

Ces soldats qui attendent le combat avec impatience pour soudain découvrir la terreur de la mort, comme si elle était penchée au dessus d'eux prête à les emporter.
Ça raconte des tranches de vie de ces hommes, qui vont se battre la fleur au fusil, sans avoir la moindre idée de l'horreur qui les attend : "J'étais perturbé, on peut le dire, car on a beau être averti que la bataille va être sanglante, on ne le croit qu'en voyant le sang."

Ils se découvrent tantôt près à l'héroïsme, tantôt honteux de se sentir lâches.
C'est toute l'absurdité de la guerre qui offense la vie.

C'est très documenté, ça montre l'aberration qu'est la guerre, quand chacun des camps pense que c'est lui qui se bat pour la juste cause, quand on est capable de tirer sur son ami d'enfance parce qu'il est dans le camps d'en face.

 

Citations :

Page 10 : Lorsqu’on observait ainsi, en arrivant au sommet d’une côte et en regardant devant et derrière soi, cette masse paraissait impersonnelle : une armée en mouvement, des tonnes et des tonnes de chair, d’os, de sang et de matériel amalgamés les uns aux autres.

 

Page 71 : En m’arrêtant, j’entendis toutes sortes de détails que je n’avais pas remarqués quand je courais. C’était comme renaître dans un monde nouveau. Malgré le bruit des coups de feu, je les entendais, autour de moi, qui hurlaient comme à la chasse au renard mais avec de la folie en plus, comme des chevaux piégés dans une grange en feu.

 

Page 104 : De temps en temps, on en voyait un soutenu par un camarade bien portant, mais la plupart marchaient seuls, sans regarder les autres. Plus qu’échapper aux combats, ils voulaient carrément s’extraire de la race humaine, du moins c’était mon impression.

 

Page 128 : Il faisait peine à voir : il avait ce regard hébété, comme s’il avait vu des choses qu’on ne doit pas voir à son âge, et chancelait en marchant.

 

Page 167 : Les fossoyeurs durent faire rentrer les plus déformés à coup de pied.

Ils disposèrent la rangée suivante dans l’autre sens, toujours sur le dos mais la tête orientée de l’autre côté. Ils les superposèrent ainsi, jusqu’à ce que ceux du haut soient au niveau de l’herbe. Ils les recouvrirent alors de terre. Ce fut un soulagement : les Rebelles pourrissaient généralement plus vite que les nôtres.

 

Page 181 : Mon général, ne croyez-vous pas que nos troupes sont à peu près dans le même état qu’un morceau de sucre gorgé d’eau – qui garde sa forme originale, bien que prêt à se dissoudre ?

 

Page 192 : « De plus, vous vous méprenez sur les gens du Nord. Ce sont des gens ppaisibles mais volontaires, et ils se battront eux aussi. Ils ne laisseront pas détruire ce pays sans faire tous leurs efforts pour le sauver. Et où sont vos soldats et votre matériel pour vous opposer à eux ? Le Nord sait fabriquer une machine à vapeur, une locomotive, un wagon ; vous, vous êtes tout juste capable de produire un mètre de tissu ou une paire de chaussures. Vous vous lancez dans une guerre contre l’un des peuples les plus puissants, les plus technologiquement avancés et les plus déterminés au monde – un peuple qui se trouve à vos portes. »

 

 

 

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