Mon avis : Les femmes du North End – Katherena Vermette
Traduit par Hélène Fournier
Éditions Albin Michel – Terres d’Amérique
Mon avis sur Insta c'est ici
Quatrième de couverture :
Réveillée en pleine nuit par son nouveau-né, Stella assiste depuis sa fenêtre à une violente agression. Elle appelle la police, mais les assaillants et leur victime s'enfuient avant l’arrivée des agents. Ce drame et l’énigme qu’il fait planer vont ébranler toute la communauté amérindienne du North End, un quartier défavorisé de Winnipeg.
Donnant voix à neuf femmes et un homme, ce roman retrace les événements qui ont conduit à cette nuit tragique. De Cheryl, qui pleure la mort de sa sœur à Paulina, mère célibataire; de Phoenix, adolescente sans repères, à la vieille et malicieuse Kookom, sans oublier Tommy, le jeune policier métis qui ne trouve pas sa place parmi les Blancs : tous racontent leurs espoirs et leurs échecs, jusqu’au dénouement, déchirant et lumineux.
Fresque intergénérationnelle sur l’identité et la résilience des femmes autochtones au Canada, ce premier roman impose Katherena Vermette comme une nouvelle voix puissante et engagée de la littérature nord-américaine contemporaine.
« Un roman réaliste et sans concession. Une jeune autrice qui ira loin. »
Margaret Atwood
/image%2F4176010%2F20220619%2Fob_3dbda1_les-femmes-du-north-end.jpg)
Mon avis :
Roman aux personnages principaux multiples, neuf femmes et un homme, qui nous offre des tranches de vies, mais des vies difficiles, celles des Autochtones, indiens et sang-mêlé.
Qu'elle m'a semblé douloureuse la vie de ces Amérindiens dans ce monde de blancs qui leur ont tout volé, sur la terre de leurs ancêtres mais amputé de leurs racines et de leurs coutumes, moqués et subissant le racisme au quotidien.
À chaque chapitre un personnage, et ils sont nombreux avec ceux qui gravitent autour. On découvre peu à peu les connexions familiales et quatre générations, majoritairement des femmes. J'ai eu un peu de mal à me repérer à cause des prénoms, souvent doublés de diminutifs, Reet pour Rita, Cher pour Cheryl, Paul pour Paulina… J'ai néanmoins été happée par l'histoire immédiatement.
Ce roman dépeint toute une ambiance quand les personnages, tous citadins, reviennent sur leurs souvenirs, avec des grands-parents ou parfois parents, hommes et femmes des bois, vivants en harmonie avec la nature comme leurs aïeux. Car la famille semble être un microcosme indispensable à l'équilibre de chaque individu. Puis on revient dans la dure réalité du North End à Winnipeg, cette espèce de ghetto pour Amérindiens où règne la dure loi des gangs, la violence et la drogue.
À travers ces femmes et cet homme, l'autrice nous invite dans leurs vies, leurs histoires, leurs blessures, leurs secrets, leurs douleurs enfouies, leurs démons et nous fait voyager sans cesse d'avant en arrière pour mieux nous faire comprendre ce qui se joue. Il y a ce terrible sentiment que ce qui arrive aux mères, les filles le paieront parfois.
Une agression sauvage est le fil conducteur du roman, sans victime au départ mais juste une énorme flaque de sang dans la neige.
J'ai été happée par cette histoire de femmes, par l'envie de savoir comment ça allait se passer, car le choc des violences faites aux femmes est omniprésent et provoque un grand sentiment d'injustice, d'autant que c'est l'histoire sans fin à travers le temps. Ce sentiment que les femmes sont en danger, toujours, partout, est totalement révoltant. Pourtant elles arrivent à garder le cap, à mener leurs vies tant bien que mal, car les femmes sont tellement résistantes.
J'ai énormément aimé ce roman et ces femmes qui vivent entre deux mondes, deux civilisations.
Cette histoire est sans doute aussi un peu celle de Katherena Vermette d'une certaine façon puisqu'elle à grandi dans le North End et qu'elle est née d'une mère mennonite et d'un père métis.
Merci beaucoup au Picabo River Book Club et aux Éditions Albin Michel pour ce partenariat qui m'a permis de recevoir ce beau roman.
Citations :
Page 57 : Elle est aussi impitoyable que je suis hésitante. Elle a des couilles alors que je n’éprouve que des sentiments de fille, gris et compliqués, pour tout.
Page 81 : Les deux amies attrapent leurs manteaux et prennent la direction du bar. Bras dessus, bras dessous, elles glissent sur la neige et rient trop fort, la bouche ouverte, car personne ne s’intéresse à ce que font les femmes de leur âge.
Page 304 : Quand je t’ai entendue, encore pénétrée de tant de souffrance et de tristesse, je n’ai voulu qu’une chose, être à tes côtés. J’avais encore besoin que tu aies besoin de moi. Je suis le souffle léger et le vent autour de toi. Je suis la certitude que tu n’es jamais vraiment seule. Tu es tout ce qui fait ma force et rien de ce qui fait ma faiblesse. Tu es le rêve de ma vie. Voilà ce que j’ai à t’offrir.
Page 342 : Le fait est que lorsque ma sœur est apparue, vêtue d’une vieille chemise et d’un pantalon de jogging, avec un énorme saladier à la main, Pete l’a regardée comme s’il n’avait jamais rien vu d’aussi beau. Son visage s’est littéralement illuminé.
Page 371 : Je suis différent, je suis un sang-mêlé. Je le serai toujours, la moitié du sang de l’un et la moitié de l’autre. Différent des deux.