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Mon avis : Les mille talents d'Euridice Gusmão – Martha Batalha

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

L'histoire d'Euridice Gusmao, ça pourrait être la vôtre, ou la mienne. Celle de toutes les femmes à qui on explique qu'elles ne doivent pas trop penser. Et qui choisissent de faire autrement.
"Responsable de l'augmentation de 100 % du noyau familial en moins de deux ans, Euridice décida de se désinvestir de l'aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu'elle accumula. C'est vrai, les kilos parlent, les kilos crient, et exigent - Ne me touche plus jamais. Euridice faisait durer le café du matin jusqu'au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu'au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu'au souper de neuf heures. Euridice gagna trois mentons. Constatant qu'elle avait atteint la ligne, cette ligne à partir de laquelle son mari ne s'approcherait plus d'elle, elle adopta à nouveau un rythme alimentaire sain".

 

Martha Batalha est née au Brésil. Diplômée en littérature et journalisme, elle fonde sa propre maison d'édition avant de partir pour les États-Unis où elle vit désormais avec son mari et ses enfants.

Best-seller au Brésil, Les mille talents d'Euridice Gusmão est son premier roman.

 

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Tout d'abord c'est la couverture qui m'a fait craquer, Je les adore belles, originales, qui tapent dans l’œil !

Ensuite la quatrième de couv' m'a plu aussi, mais j'aurais acheté ce roman quand-même je crois si elle ne m'avait pas plus intéressée que ça... parce qu'une belle couverture c'est magique, je ne peux pas résister !

Et pourquoi je vais le lire ? Parce que je poursuis mon tour du monde littéraire et que je n'ai jamais lu de roman brésilien je crois. En tout cas je ne m'en rappelle pas !

 

 

 

 

Mon avis :

 

Ça commence fort ! Euridice ne saigne pas lors de sa nuit de noce qui du coup se transforme en cauchemar puisqu'elle est copieusement insultée par son ''bip '' de mari qui la considère soudain comme une trainée.
Éternelle domination des mâles qui perdure dans beaucoup de pays .

C'est bien écrit. J'ai trouvé qu'il y avait sans cesse une espèce d'humour sous-jacent, quelque chose d'amusant, qui éclate de temps en temps...
Et pourtant, que de sentiments négatifs par moments ! Un vrai plaidoyer contre le mariage et le statut de femme au foyer, ce que je comprends aisément, doublé d'une quasi-apologie qui nous dit "la mort est belle, elle nous libère !" du moins en ce qui concerne Zélia, la voisine, qui n'est que fiel et aigreur.

Ce roman raconte l'histoire d'Euridice avec toutes les petites choses de la vie qui font la vie. Tous ces petits détails qui peuvent paraître insignifiants, et pourtant... ce sont eux qui nous construisent.
J'ai trouvé tellement triste que jamais elle ne tienne tête à son mari, cet imbécile qui ne se soucie pas du besoin de sa femme d'être autre chose qu'une ménagère.
C'est la triste condition féminine d'une époque.

Au début j'ai eu peur de m'ennuyer et d'avoir envie d'abandonner. C'est une forme de narration à laquelle je suis peu habituée. Ça m'a fait penser à une voix off dans un film, qui raconte les différentes étapes de la vie d'un personnage.
Mais finalement je me suis laissée emporter par cette histoire douce-amère de femmes, teintée d'ironie, et j'ai beaucoup aimé ! J'entendais même la voix off, une voix masculine douce et chaude.
J'y ai vu aussi un petit pamphlet contre les machos, ces hommes imbus d'eux-mêmes et de leur statut de mâle dominant, qui dénient à leurs épouses le droit d'avoir des envies d'autre chose que le ménage, la popote et les gosses à torcher.

Tout ça est une histoire de femmes, ou plutôt des histoires de femmes, Euridice, Zélia, Guida, Eulália... avec accessoirement, des hommes en arrière-plan qui n'ont pas vraiment le beau rôle.
Quoi que, certaines femmes font vraiment penser à des mantes religieuses.
Ça raconte aussi une certaine histoire du Brésil, plus précisément de Rio et des cariocas, plusieurs décennies en arrière.
J'ai adoré l'écriture, le déroulement de l'histoire, l'état d'esprit. J'ai tout aimé dans ce roman !

Une belle découverte pour moi qui avais craqué sur cette superbe couverture au départ.

 


 

 

Citations :

 

Page 15 : Parce que figurez-vous qu'Euridice était une femme brillante. Si on lui avait donné des calculs compliqués, elle aurait conçu des ponts. Si on lui avait donné un laboratoire, elle aurait créé des vaccins. Si on lui avait donné des pages blanches, elle aurait écrit des classiques. Mais on lui donnait des culottes sales, qu'elle lavait aussi vite que bien, avant de s'asseoir sur le sofa, de regarder ses ongles et de se demander à quoi elle aurait bien pu penser.

 

Page 27 : La jeune femme s'abandonna tout entière à cette passion. Alvaro n'y prêta que son pénis.

 

Page 35 : Il devait vieillir avec Zélia de cette façon si répandue de vieillir, qui consiste à s'éloigner chaque jour un peu plus de l'autre.

 

Page 61 : Margarida était une veuve très heureuse, car Dieu lui avait pris son mari mais lui avait laissé sa pension, et quelle chance que cela n'ait pas été le contraire.

 

Page 67 : Cette fois-ci, Euridice avait eu recours à une autre technique de guérilla féminine : le combat par omission (qui empêche tout bonnement les hommes de dire non).

 

Page 80 : Aux yeux des parents d'Euridice, la flûte n'était pas une fin en soi. La flûte n'était qu'un simple moyen. Un moyen d'augmenter la valeur de leur fille en vue d'un bon mariage.

 

Page 93 : Fuguer c'était comme de mourir, mais en pire, parce que dans la mort on part sans le savoir, et sans dire au revoir. Mais dans la fugue, on sait qu'on part, et on ne prend même pas la peine de prendre congé.

 

Page 108 : Si Euridice voulait se marier ? Sans doute. Pour elle, le mariage était quelque chose d'endémique, quelque chose qui arrivait aux hommes et aux femmes entre dix-huit et vingt-cinq ans. Comme une grippe, en un peu mieux.

 

Page 125 : Plus elle s'éloignait de l'hôtel particulier, plus Guida sentait la colère enfler dans sa poitrine. La colère d'avoir été traitée comme une moins-que-rien par ces aberrations d'humanoïdes.

 

Page 158 : Le cancer passait d'organe en organe comme une goutte de mercure qu'aucun docteur ne parvenait à attraper.

 

Page 187 : Malgré toutes ces années de vie modeste, Hortência avait de quoi plaire à la haute société : un peu d'imagination et beaucoup de mauvais goût.

 

Page 216 : Antenor avait son travail, Das Dores avait son nettoyage, ses enfants avaient toute leur vie devant eux. Et Euridice, qu'avait-elle ?

 

Page 218 : Se mettre à fumer à son âge, ça lui paraissait tout bonnement génial. Chaque cigarette était un cri de liberté qui se consumait lui-même, sans laisser de trace.

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