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Mon avis : Ta mort à moi - David Goudreault

Publié le par Fanfan Do

Éditions Philippe Rey

Mon avis sur Insta c'est ici

 

 

Quatrième de couverture :

 

Poète culte, Marie-Maude Pranesh-Lopez est une énigme, tant pour ses adorateurs que pour ses détracteurs. Pourquoi n’a-t-elle laissé qu’un unique recueil devenu best-seller partout dans le monde ? Et pourquoi sa biographie contient-elle tant de zones d’ombre ?

Fille ingrate, mère indigne, amoureuse revêche, trafiquante d’armes, mais aussi altruiste qui accueille les marginaux du Québec, Marie-Maude semble avant tout être en sempiternelle fuite, rongée de l’intérieur par un « trou blanc ». Mue par des passions féroces et une soif d’aimer, elle mène « une vie de funambule unijambiste progressant sur un fil barbelé », selon son biographe.

Dans ce roman polyphonique aux multiples rebondissements, David Goudreault entraîne le lecteur au cœur du mystère d’une femme. De son écriture forte, drôle et d’une constante tendresse pour ses personnages, il sème des textes épars, brillante constellation qui prendra son sens dans les dernières pages, révélant alors une bouleversante vérité.

 

«Enfant déjà, Marie-Maude souffrait d'une inextinguible soif d'absolu, une urgence d'enluminer la routine pour rendre le quotidien supportable. Le monde étant ce qu'il est, elle ne pouvait trouver l'extraordinaire qu'en elle-même. De feu de paille en feu de paille, à chercher des incendies, elle a tout enflammé autour d'elle. »

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

En fait, ce livre est pour moi une sorte de baptême de David Goudreault. Dès que j'ai connu l'existence de sa Trilogie « La Bête », j'ai eu envie de la lire. Malheureusement le tome 3 n'étant pas encore sorti en France, il faut que je patiente, ce que j'ai fais en lisant ce roman.

 

 

 

Mon avis :

 

J'ai su dès les premières pages que j'avais affaire à un genre d'OVNI. En même temps c'est pour ça que je le voulais.

Marie-Maude vient au monde avec un frère jumeau, Victor-Hugo. Étrange de se prénommer Victor-Hugo !? Ah mais c'est que Dolores, leur mère, est totalement amoureuse de la langue française, elle s'y voue corps et âme.

On apprend rapidement que Marie-Maude est laide, égocentrique et fonctionne de façon totalement atypique. Elle est aussi extrêmement intelligente.

J'ai aimé cette drôle d'histoire durant laquelle j'avais l'impression d'entendre la voix du narrateur me conter l'étrange parcours de Marie-Maude, observée comme à travers un microscope, comme s'il s'agissait d'une étrange bestiole, presque étudiée sous le prisme d'une analyse scientifique.
La façon dont c'est raconté m'évoque le compte-rendu de l'étude d'un spécimen déconcertant, énigmatique et jamais vu.

On suit donc Marie-Maude et Victor-Hugo son frère jumeau, enfant souffreteux et sans intérêt selon elle. Les parents, Abhijat l'autosatisfait narcissique et Dolorès la douloureuse qui porte si bien son nom, couple en perdition, qui ont oublié de continuer à s'aimer.
Et elle grandit au sein de cette famille dysfonctionnelle avec une grande indifférence pour tout ce qui les concerne.

Marie-Maude n'a pas de sentiments, c'est l'impression qu'elle donne, d'être incapable d'aimer.

La chronologie décousue m'a beaucoup déroutée, l'histoire va d'avant en arrière sans vraiment que ça soit clair, je m'y suis un peu perdue.
Évidemment c'est voulu, mais pourquoi ?.. peut-être parce que la vie de Marie-Maude est elle-même décousue.
Néanmoins j'ai adoré l'état d'esprit ironique et séditieux qui règne tout le long de cette lecture.

À la toute fin, que j'ai trouvé bouleversante et déroutante, j'ai eu l'impression d'avoir fait une course de fond à travers la vie de Marie-Maude, du Québec au Laos. Je l'ai ressentie comme une étrange expérience.


 

 

Citations :

 

Page 15 : Le souffreteux de Nietzsche s'acharnait à répéter que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ; quelle connerie ! Ce qui ne nous tue pas nous estropie, nous traumatise ou nous humilie.

 

Page 19 : Dolorès envisageait leur avenir sans amour ni rupture ; statistiquement parlant, on recense davantage de gens en couple qu'on ne dénombre de personnes amoureuses.

 

Page 42 : Marie-Maude ne ressemblait à personne, et personne ne désirait s'y reconnaître.

 

Page 47 : Par définition, les génies sont rares, mais les maladies mentales sont communes, et les génies atteints de maladies mentales sont légion : Vincent Van Gogh, Rosalind Franklin et Edgar Allan Poe en sont des exemples éloquents.

 

Page 59 : Les yeux secs comme des marqueurs sans bouchons, les enfants goûtaient davantage le plaisir de la délation que celui de la justice. L'ordre du monde repose sur de petites choses, de toutes petites choses.

 

Page 77 : Le psychologue de l'école m'a encore fait passer des tests cette semaine. Il dit que je suis très intelligente. Moi je dis qu'il est très con. Si j'étais intelligente, je trouverais le moyen d'avoir ce que je veux. Je l'ai jamais ce que je veux !

 

Page 119 : Le risque d'avoir plusieurs enfants, c'est l'impossibilité de se suicider lorsqu'on en perd un. Faut ravaler, se relever, élever les autres.

 

Page 162 : Chaque soir, elle part faire des tours de voiture. Elle fait une Toyota-thérapie. Elle va encore à l'église, mais elle va surtout à l'autoroute.

 

Page 166 : Qu'est-ce qui se cache derrière la beauté, sinon un peu de viande sur un crâne ?

 

Page 187 : Ma mère dit que je devrais prier. Pour une atrophiée de la fantaisie, elle accorde beaucoup de crédit à l'incroyable mystère de la foi. De toute façon, on a davantage supprimé de vies au nom de Jésus qu'il a pu en sauver de son vivant.

 

Page 213 : On ignore le nombre d'assassins en état de stress post-traumatique au sein du crime organisé. Trop peu de données permettent d'étayer une réalité clinique incontestable. Kawaii avait tué une seule fois, une fois de trop.

 

 

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