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Mon avis : Betty - Tiffany McDaniel

Publié le par Fanfan Do

Editions Gallmeister - Traduit par François Happe

Mon avis sur Insta c'est ici

 

 

Quatrième de couverture :

 

"Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne."

La Petite Indienne, c’est Betty Carpenter, née dans une baignoire, sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et sœurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler.

Betty raconte les mystères de l’enfance et la perte de l’innocence. À travers la voix de sa jeune narratrice, Tiffany McDaniel chante le pouvoir réparateur des mots et donne naissance à une héroïne universelle.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Depuis sa sortie ce livre me faisait envie. Les thèmes tels que le racisme, le statut des femmes, le statut des indiens d'Amérique, tout dans ce livre me disait que j'avais une furieuse envie de le lire. Par chance, je l'ai reçu dans mon colis lors du swap organisé par le groupe facebook À l'assaut des pavés.

 

 

 

Mon avis :

 

Dès les prémices de cette histoire, Landon, le cherokee, paraît rayonner d'un feu intérieur, son indianité transpire de tous les pores de sa peau. Il semble former un grand tout avec l'univers. D'ailleurs il n'est pas simplement bon, il est la bonté même et a su préserver l'enfant en lui. Alka est dans l'ombre, insignifiante.

Il est rayonnant, elle est maussade.

Lui est un papa plein de poésie et de sagesse, un papa-poule, un guide.

Elle est une mère aigrie, blessante et bipolaire, qui vit avec ses démons.

 

Je suis passée par des moments d'intensité extrême en lisant l'histoire de la petite indienne comme l'appelle son père, des moments de colère mais aussi d'émotions très fortes.

Il y a de la laideur et de la beauté dans cette histoire.

La laideur du racisme et de ces américains qui traitent de voleurs ces natifs à qui ils ont volé la terre.

La laideur de certains hommes aussi et de cette société.

La beauté des sentiments, de ce père cherokee qui vit en harmonie avec la nature et l'apprend à ses enfants.

La beauté de l'amour qui uni Betty et son père.

 

Betty, née comme sa nombreuse fratrie de ce couple mixte, est pourtant la seule qui ressemble à une indienne, donc la seule qui souffrira du racisme.

Malgré les difficultés de la vie souvent, Betty a plein de poésie nichée dans son cœur, une imagination sans limites, des pensées tellement romanesques et des envolées lyriques.

J'ai été subjuguée par sa façon d'appréhender toute chose.

 

À travers l'histoire et les personnages on subodore les tragédies passées et présentes.

 

Ce roman raconte beaucoup de la société, notamment sur les rapports homme-femme et des abus de pouvoir ancestraux où la masculinité toxique était la règle, du regard collectif intrusif, du jugement général inadmissible, de la bêtise humaine et de sa méchanceté, de toutes ces choses qui perdurent malheureusement.

Ça dépeint la fureur des hommes et de la société en général envers les femmes, celle aussi des blancs envers tous ceux qui sont moins blancs.

Et au milieu de tout ça, Landon, touché par la grâce de n'être pas ce type d'homme à la virilité dominatrice parce qu'issu d'un peuple matriarcal, qui offre beaucoup de sa générosité et de sa grandeur d'âme à ses enfants pour les amener à l'âge adulte.

 

Du début à la fin j'ai été embarquée dans cette épopée familiale qui va de 1909 à 1973, ode à la fratrie et tellement à l'amour sororal, et qui par certains aspects m'a rappelé Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, bien que ça se passe à une époque plus proche de nous, et qui traite de sujets intemporels comme le racisme, l'homosexualité, l'inceste, le viol, le patriarcat abusif... mais aussi l'imaginaire et l'insouciance de l'enfance.

Ce livre que je voulais tant depuis sa sortie a été un coup de cœur absolu.

Il est de ces romans dont les personnages continuent de vous accompagner longtemps après l'avoir refermé.



 

 

Citations :

 

Page 17 : Mon cœur est en verre et, tu vois, Betty, si jamais je devais te perdre, il se briserait et la douleur serait si forte que l'éternité ne suffirait pas pour l'apaiser.

 

Page 26 : Avant le christianisme, les Cherokees étaient fiers de leur société matriarcale et matrilinéaire. Les femmes étaient à la tête de la famille, mais le christianisme a donné aux hommes un rôle prédominant. À la suite de ce bouleversement, les femmes ont été écartées de la terre qu'elles avaient possédée et cultivée. On leur a donné un tablier et on leur a signifié que leur place était à la cuisine. Aux hommes, qui avaient toujours été des chasseurs, on a dit qu'ils devaient maintenant travailler dans les champs.

 

Page 83 : Avec le temps, j'allais apprendre que, quelque part entre le paradis et l'enfer, Breathed était une parcelle de terre nichée au cœur d'une douleur lancinante, où les lézards se faisaient écraser sous les roues et où, quand les gens parlaient, on croyait entendre le tonnerre racler le tonnerre.

 

Page 112 : Pour les Cherokees, nous racontait-il, la terre est personnifiée au féminin.

 

Page 146 : La poussière se glisse dans ses oreilles et elle fait du vacarme dans sa tête. C'est une vacarme qu'on ne peut pas comprendre parce qu'on n'a pas à le supporter comme lui.

 

Page 299 : - Dieu nous hait.

- Nous, les Carpenter ?

- Nous, les femmes.

Elle a appliqué du rouge sur mes lèvres, se servant de son petit doigt pour l'égaliser dans les coins en poursuivant : - Dieu nous a créées à partir de la côte d'un homme. C'est notre malédiction. C'est à cause de ça que les hommes ont la bêche et nous avons la terre. Juste là, entre nos jambes. C'est là qu'ils peuvent enfouir leurs péchés. Ils les enfouissent si profondément que personne n'est au courant, à part eux et nous.

 

Page 305 : Que fait-on lorsque les deux personnes qui sont censées nous protéger le plus sont justement les monstres qui nous déchirent et nous mettent en pièces ?

 

Page 319 : Quand je lisais les livres que j'empruntais à la bibliothèque, je pensais que mon père – comme les histoires que ces livres racontaient – étaient nés de l'esprit de ces écrivains. Je croyais que Grand Créateur avait expédié ces écrivains sur la lune, portés par les ailes d'oiseaux-tonnerre, et leur avaient dit de m'écrire un père.

 

Page 337 : Ce serait tellement plus facile si l'on pouvait entreposer toutes les laideurs de notre vie dans notre peau – une peau dont on pourrait ensuite se débarrasser comme le font les serpents.

 

Page 393 : - Pourquoi faut saigner pour gagner le droit d'être une femme ? (Elle a donné des coups de poing sur son matelas.) Et qu'est-ce qui se passe quand on vieillit et que ça s'arrête ? Alors quoi ? On n'est plus une femme à ce moment là ?

 

Page 433 : Ma sœur était tout simplement une de ces filles condamnées par une idéologie et des textes ancestraux selon lesquels le destin d'une femme est d'être bien comme il faut, obéissante et sagement séduisante, mais invisible au besoin.

 

Page 479 : - Il y a des hommes qui ne valent pas la peine qu'on en parle, a-t-il poursuivi en levant le pantalon pour jauger son travail. Ce sont les bouche-trous. Voilà ce que je suis. Un bouche-trou. Une marche sur laquelle d'autres grimpent pour arriver au sommet.

 

Page 558 : Les filles n'étaient pas autorisées à porter un pantalon ou un short en classe. En tant que filles, nous n'étions pas jugées capables de faire nos propres choix. Comme si nous n'étions pas assez intelligentes ou compétentes pour décider de la manière d'habiller notre corps.

 

 

 

 

 

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