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Mon avis : Le Prince des marées – Pat Conroy

Publié le par Fanfan Do

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Dans le sillage des grands noms de la littérature du Sud des États-Unis, Pat Conroy s'est imposé en 1986 avec un chef-d’œuvre, Le Prince des marées, aujourd'hui réédité dans une traduction révisée.

Au cœur des somptueux paysages maritimes de la Caroline du Sud, cette « histoire d'eau salée, de bateaux et de crevettes, de larmes et de tempêtes » fouille la mémoire d'une famille troublée, dans un Deep South encore marqué par la ségrégation raciale.
Tom, Luke et Savannah Wingo ont été élevés à la dure, entre joies et tragédies, par un père pêcheur de crevettes, alcoolique et violent, et une mère fantasque et mythomane. C'est cette vie-là que va raconter Tom à la psychiatre Susan Lowenstein après la énième tentative de suicide de sa sœur, désormais installée à New York. Pour aider la thérapeute à sauver Savannah, Tom accepte de se replonger dans les souvenirs d'une enfance marquée par un terrible secret.
Ses confessions, empreintes d'humour et d'émotion, vont faire revivre la bouleversante saga du clan Wingo. Et peut-être leur offrir à tous une chance de rédemption.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai lu tellement souvent dans des groupes de lecteurs sur Facebook que ce livre était sublime, que j'ai fini par l'acheter.

 

 

 

Mon avis :

 

C'est la première fois que je lis Pat Conroy, et alors mais quelle écriture ! C'est beau, mais beau !! Tellement que au bout de douze pages à peine je rêvais de partir voir les paysages de Caroline du sud qu'il décrit si bien.

Je viens de vivre des heures sublimes et douloureuses avec cette lecture.

 

Il y a tout le long un humour assez caustique que j'adore.

Et il y a l'amour entre les trois membres de cette fratrie, qui semble plus fort que tout.

Mais rapidement on a le sentiment d'une tragédie à venir, c'est terrifiant. Il y a un effroi sous-jacent, le sentiment du passé saccagé qui va saccager l'avenir. Comme si tout partait de tellement loin que ça en devenait inéluctable.

 

Dès le début j'ai eu le sentiment que Tom, le narrateur, se servait de l'ironie comme d'une carapace. C'est très étrange de se faire ainsi passer pour un je-m'en-foutiste afin de lutter contre les vicissitudes de la vie. C'est une façon de dire à ses douleurs "vous ne m'aurez pas", hélas c'est souvent mal accepté, perçu comme du cynisme.

En fait Tom est un être bourré de contradictions. Ce qu'il décrit nous laisse penser le contraire de ce qu'il ressent, quand il parle de sa mère par exemple. Il a l'air de la mépriser, pourtant il m'a fait ressentir une certaine empathie envers elle, ou peut-être était-ce de la pitié.

 

Luke, Savannah et Tom sont les enfants meurtris d'un couple toxique, mais n'est-ce pas hélas trop souvent la terrible condition quand deux personnes se rencontrent sur un malentendu et fondent une famille ?

Leurs parents leur mènent une vie dure bien qu'à l'époque, la règle était une éducation très stricte voire très dure. Mais là, c'est au-delà de ça.

Entre un père rustre et imprévisible, et une mère qui rêvait d'élévation sociale et imprévisible aussi, ils grandissent tant bien que mal, faisant toujours corps tous les trois.

 

Pat Conroy fait avec talent des allers-retours entre passé et présent. Il distille savamment au goutte à goutte tout ce qu'on doit savoir sur la destinée de la famille Wingo.

Je suis passée par toutes sortes d'émotions durant ces quelques décennies passées auprès d'eux, de l'incompréhension à la surprise, du rire à l'effroi. Qu'est-ce que je les ai aimés Luke, Savannah et Tom ! Ce roman est une ode, la plus belle qui soit, à la fratrie.

C'est en même temps tout un pan de l'histoire américaine qui nous est offert là.

 

Ce roman n'est que montagnes russes d'émotions et de révoltes, nous faisant parfois aller du rire aux larmes.

C'est un énorme coup de cœur que je viens d'avoir pour cette histoire, ces personnages, et je suis littéralement tombée en amour pour l'écriture de Pat Conroy



 

 

Citations :

 

Page 10 : Mon père n'autorisait pas les crimes contre la terre.

 

Page 24 : - Je vous ai mises en garde à propos des garçons, les filles. Tous des petits vicieux à l'esprit mal tourné, des êtres répugnants et brutaux qui font des choses sales, comme pisser sur les plates-bandes et se fourrer les doigts dans le nez.

 

Page 44 : Si j'arrivais à meurtrir mon corps, je ne verrais pas mon âme se briser en mille morceaux.

 

Page 175 : Elle était de ces femmes qui savent d'instinct qu'un extrême bonheur ne se répète pas ; elle sut fermer la porte comme il convenait sur le passé.

 

Page 222 : Le rire est la seule stratégie qui ait jamais marché pour moi quand mon univers se brise en mille morceaux.

 

Page 235 : - Oubliez les kilos que vous risquez de prendre, Lowenstein. Une fois l'addition réglée, on se débrouille pour dégoter un voyou qui vous course jusqu'à Central Park. C'est une excellente méthode pour brûler ses calories après un bon repas.

 

Page 296 : Les Français je les hais. Tu as déjà entendu leur façon de parler ? Doux Jésus, Lila, on croirait qu'ils ont dix kilos de fromage coincés dans le trou de balle.

 

Page 320 : Ces livres me faisaient honneur ; ils me transformaient. J'étais seul, et pourtant les plus grands écrivains me tenaient compagnie ; de leur voix à eux, ils me racontaient tout ce qu'il y avait à connaître du monde.

 

Page 331 : Enfants de pêcheur, nous n'étions finalement qu'une forme de plus de la vie marine des basses terres.

 

Page 549 : Le viol est un crime contre le sommeil et contre la mémoire ; l'image qui en reste s'imprime en négatif irréversible dans la chambre noire de nos rêves.

 

Page 592 : J'étais un petit gars de la cambrousse et je n'étais pas encore passé maître dans l'art de flairer les connards à des kilomètres.

 

Page 643 : Ce n'était pas le spectacle du chagrin que j'avais sous les yeux, mais le supplice d'un homme sachant qu'il allait devoir payer au prix fort les arriérés d'une tyrannie sans faille.

 

Page 646 : Ma mère alluma dix bougies sur chaque gâteau, et Savannah se mit à applaudir de bonheur en disant : «  On est dans les nombres à deux chiffres, maintenant, Tom. Et on va le rester pour toujours jusqu'à nos cent ans.

 

Page 728 : Le même Dieu qui m'avait affligé de parents bizarres et meurtris m'avait également fait cadeau du frère et de la sœur les plus merveilleux qui soient pour équilibrer la balance. Sans eux, je n'aurais pas fait le voyage. Pas plus que je n'aurais choisi de le faire.

 

 

 

 

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